Mémoires historiques/28

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Les Huit Traités
Sixième Traité
Les sacrifices fong et chan

CHAPITRE XXVIII

Sixième Traité : Les sacrifices fong et chan (101)


p.413 Les empereurs et les rois qui, depuis l’antiquité, ont reçu le décret, comment se fait-il qu’ils n’aient pas p.414 accompli les sacrifices fong et chan (102) ? C’est que les uns n’avaient pas la vertu requise pour accomplir ces cérémonies (103) ; d’autres n’avaient point vu l’apparition des présages favorables et ne se rendirent pas sur le T’ai-chan (104) ; d’autres, quoiqu’ils eussent reçu le mandat, n’eurent pas un mérite parfait ; ou, si leur mérite fut parfait (105), leur vertu ne fut pas conforme (à ce qu’elle aurait dû être) ; ou, si leur vertu fut conforme (à ce qu’elle aurait dû être), les jours (de règne) qui leur furent départis ne furent pas assez longs. C’est pourquoi donc ces cérémonies furent pratiquées rarement. — Un livre dit (106) :

« Si, pendant trois ans, on n’accomplit pas un rite, ce rite se perd sûrement ; si pendant trois ans, on ne joue pas une musique, cette musique s’altère sûrement.

Toutes les fois que le monde fut florissant, p.415 (l’accomplissement des sacrifices) fong et chan répondit (à cette époque de prospérité) ; mais quand le monde se pervertit, ces sacrifices cessèrent. Ces cérémonies ont donc eu lieu à des intervalles de plus de mille ans pour celles qui sont les plus éloignées les unes les autres, de plusieurs siècles pour celles qui sont les plus rapprochées les unes des autres. C’est pourquoi l’étiquette en est perdue et a disparu ensevelie dans l’oubli ; on ne peut en connaître le détail de manière à noter ce qu’on a appris.

Le Chang chou dit (107) :

« Choen observa le mécanisme de l’évolution et la balance de jade pour vérifier l’accord entre les sept gouvernements. Aussitôt après, il fit le sacrifice lei à l’Empereur d’en haut, le sacrifice yn aux six Vénérables, le sacrifice wang aux montagnes et aux cours d’eau, et rendit hommage à tous les dieux. Il recueillit les cinq insignes ; il choisit un mois et un jour fastes pour donner audience aux (chefs des) quatre montagnes et aux pasteurs (des peuples) et leur rendit les insignes. Le deuxième mois de l’année, il parcourut les fiefs dans l’est ; arrivé au Tai-tsong, — le Tai-tsong n’est autre que le T’ai-chan (108), — il alluma un bûcher ; il fit le sacrifice wang aux montagnes et aux cours d’eau suivant l’ordre fixé. Puis il donna audience aux princes de l’est — les princes de l’est sont les seigneurs. — Il mit l’accord dans les saisons et dans les mois et rectifia les jours ; il rendit uniformes les tubes musicaux et les mesures de longueur, de capacité et de poids ; il restaura p.416 les cinq rites ; les cinq (insignes de) jade, les trois pièces de soie, les deux animaux vivants et l’animal mort lui furent apportés en offrande. Le cinquième mois, il parcourut les fiefs et parvint au Pic du sud — le Pic du sud n’est autre que le Heng-chan (109). — Le huitième mois, il parcourut les fiefs et arriva jusqu’au Pic de l’ouest — le Pic de l’ouest n’est autre que le Hoa-chan (110). — Le onzième mois, il parcourut les fiefs et arriva jusqu au Pic du nord — le Pic du nord n’est autre que le Heng-chan (111). — En tous ces lieux, il accomplit les mêmes rites que sur le Tai-tsong. — Le Pic du milieu n’est autre que le Song-kao (112). — En cinq ans il y avait une inspection des fiefs.

Yu se conforma à cet exemple.

Quatorze générations plus tard vécut l’empereur K’ong-kia ; il perdit sa vertu dans la débauche et se plut aux (choses qui concernent les) dieux ; les dieux le méprisèrent ; les deux dragons le quittèrent (113).

Trois générations plus tard, T’ang vainquit Kie ; il voulut changer le dieu de la terre des Hia ; mais ne le put pas ; on fit « Le dieu de la terre des Hia (114). »

p.417 Huit générations plus tard régna l’empereur T’ai-meou (115) ; il y eut deux mûriers qui poussèrent dans le palais et en une soirée devinrent si gros qu’on les embrassait à peine à deux mains. (L’empereur) fut effrayé. I Tche lui dit :

— Un prodige n’est pas plus fort que la vertu.

T’ai-meou réforma sa conduite et les mûriers périrent. I Tche informa Ou Hien (de cette affaire) et c’est ainsi que commença la fortune de Ou Hien. Quatorze générations plus tard, l’empereur Ou-ting eut Fou Yue pour conseiller (116). (La dynastie) Yn fut de nouveau prospère. (Ou-ting) reçut le nom de Kao-tsong (117). Il arriva qu’un faisan monta sur l’anse du trépied et cria (118). Ou-ting eut peur ; mais Tsou-ki lui dit :

— Soyez plus vertueux.

Ou-ting suivit cet avis et régna dans une paix constante.

Cinq générations plus tard, l’empereur Ou-i traita les dieux avec mépris et mourut foudroyé (119).

Trois générations plus tard, l’empereur Tcheou vécut dans la débauche et le désordre ; le roi Ou le vainquit.

Ces faits montrent bien que (toutes les dynasties) sans exception furent à leur début pleines de piété et de respect, mais qu’ensuite elles se relâchèrent peu à peu et furent négligentes.

Le livre intitulé « Les fonctionnaires des Tcheou (120) » dit :

« Au solstice d’hiver on sacrifie au Ciel dans la banlieue méridionale et on accueille ainsi la venue des jours p.418 qui vont grandir. Au solstice d’été, on sacrifie aux divinités de la terre. Dans ces deux occasions on exécute de la musique et des danses ; de cette manière on peut atteindre les dieux et leur rendre les honneurs rituels. 

Le Fils du Ciel sacrifie aux montagnes illustres et aux grands fleuves de l’empire ; les cinq pics (121) sont traités comme les trois ducs du palais ; les quatre cours d’eau sont traités comme les seigneurs. Les seigneurs sacrifient aux montagnes illustres et aux grands fleuves qui sont sur leurs propres territoires (122). — Les quatre cours d’eau sont le Kiang, le Ho, le Hoai (123) et le Tsi (124). — Pour le Fils du Ciel, (les édifices où il célébrait ces rites) étaient appelés le Ming-t’ang et le Pi-yong ; pour les seigneurs, (l’édifice) était appelé le P’an-kong (125).

p.419 Lorsque le duc de Tcheou eut été conseiller du roi Tch’eng, il fit le sacrifice kiao à Heou-tsi (126) pour l’associer au Ciel et le sacrifice ancestral au roi Wen dans le Ming-t’ang pour l’associer à l’Empereur d’en haut (127). C’est à partir du moment où Yu régna et institua le sacrifice an dieu de la terre, que le prince Tsi sema et moissonna, et c’est pourquoi il y eut le sacrifice au dieu des moissons ; l’origine des sacrifices dans la banlieue et au dieu de la terre est donc ancienne (128).

Quatorze générations après que les Tcheou eurent triomphé des Yn, le monde se pervertit de plus en plus ; les rites et la musique s’altérèrent ; les seigneurs agirent à leur guise. Puis le roi Yeou (781-771 av. J.-C.) fut vaincu par les K’iuen Jong ; les Tcheou se transportèrent à l’est, dans la ville de Lo (129). Le duc Siang (777-766 av. J.-C), de Ts’in, attaqua les Jong et secourut les Tcheou ; c’est alors que, pour la première fois, il fut mis au rang des seigneurs (771 av. J.-C.). Quand le duc Siang, de Ts’in, eut été fait seigneur, il résida dans la Marche d’occident (130). Comme il p.420 pensait qu’il devait présider (au culte rendu) à la divinité de Chao-hao (131), il institua le lieu saint de Si et y sacrifia à l’Empereur blanc (132). Les victimes qu’on y offrait étaient un poulain rouge à crinière noire, un taureau jaune et un bélier.

Seize ans plus tard (756 av. J.-C.) (133), le duc Wen, de Ts’in, alla chasser vers l’est entre les rivières K’ien et Wei (134) ; il consulta les sorts (pour savoir s’il devait) se fixer là et l’augure fut favorable. Le duc Wen vit en songe un serpent jaune qui descendait du ciel jusqu’à la terre ; sa gueule se posa sur le versant de la montagne Fou (135) ; le duc Wen interrogea l’astrologue Toen qui lui répondit :

— C’est là une manifestation de l’Empereur d’en haut ; prince, sacrifiez-lui.

Alors (le duc Wen) institua le lieu saint de Fou ; on s’y servait de trois victimes et on y faisait le sacrifice kiao à l’Empereur blanc.

p.421 Lorsque le lieu saint de Fou n’avait pas encore été institué, il y avait autrefois, non loin de Yong (136), à Ou-yang, le lieu saint de Ou, et, à l’est de Yong, le lieu saint de Hao ; ces lieux saints avaient été délaissés et on n’y sacrifiait plus. Un auteur dit :

« Dès l’antiquité, comme la région de Yong était fort élevée et que c’était un lieu de résidence pour les esprits divins (137), on y établit un lieu saint. On y fit le sacrifice kiao à l’Empereur d’en haut et les sacrifices à tous les dieux y furent rassemblés. Or, au temps de Hoang-ti, on y pratiquait (ces sacrifices) ; les Tcheou, quoique sur le tard, y célébrèrent aussi le sacrifice kiao.

Cette opinion n’est pas considérée comme orthodoxe et les lettrés officiels (138) ne la rapportent pas.

Neuf ans (747 av. J.-C.) après l’institution du lieu saint de Fou, le duc Wen trouva sur le versant nord de (la montagne) Tchen-ts’ang un être qui ressemblait à une pierre et lui sacrifia dans la ville (de Tch’en-ts’ang) (139). p.422 Ce dieu, tantôt ne vient pas de toute l’année, tantôt vient plusieurs fois en une seule année ; quand il vient, c’est toujours de nuit ; il brille et étincelle comme une étoile filante : il arrive du sud-est et s’abat sur la ville où on lui sacrifie ; il est alors semblable à un faisan mâle ; sa voix est puissante ; les poules faisanes (140) (lui répondent par leurs) cris pendant la nuit. On lui sacrifie une victime. Son nom est le Joyau de Tch’en.

Soixante-dix huit ans (141) (677 av. J.-C.) après l’institution du lieu saint de Fou, le duc , de Ts’in, prit le pouvoir ; les sorts lui apprirent qu’il devait résider à Yong et que, plus tard, ses descendants iraient abreuver leurs chevaux dans le Fleuve (142). Il fixa donc sa capitale à Yong ; c’est à partir de ce moment que les divers sacrifices célébrés à Yong furent mis en vigueur ; il immola trois cents victimes (143) dans le lieu saint de Fou. Il institua le sacrifice fou ; il dépeçait un chien aux quatre portes de p.423 la ville pour écarter le fléau des vers malfaisants (144). Le duc mourut après avoir régné deux ans.

Six ans plus tard (672 av. J.-C.), le duc Siuen, de Ts’in, institua le lieu saint de Mi à Wei-nan (145) ; il y sacrifia à l’Empereur vert.

Quatorze ans (146) plus tard (659 av. J.-C.), le duc Mou, de Ts’in, prit le pouvoir. Étant tombé malade, il resta couché pendant cinq jours sans se réveiller. Quand il se réveilla. il dit qu’il avait vu en songe l’Empereur d’en haut ; l’Empereur d’en haut avait ordonné au duc Mou de pacifier les troubles (du pays) de Tsin. Les historiens écrivirent cela et en prirent note, puis ils cachèrent leur mémoire dans la chambre des archives. Dans les générations suivantes, tout le monde raconta que Mou, duc de Ts’in, était monté au ciel.

Neuf ans (651 av. J-C.) après que le duc Mou, de Ts’in, eut pris le pouvoir, le duc Hoan, de Ts’i, devint hégémon et réunit les seigneurs à Koei-k’ieou (147). Alors il désira faire les sacrifices fong et chan. Koan Tchong (148) lui dit :

— Dans l’antiquité, ceux qui ont fait le sacrifice fong sur le T’ai-chan et le sacrifice chan sur le mont Leang-fou (149), ont été au nombre de soixante-douze personnes (150), mais ceux dont moi, I-ou, je me souviens, sont au nombre de douze ; Autrefois, Ou-hoai (151) fit le sacrifice fong p.424 sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun (152) ; Fou-hi fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Chen-nong fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Yen-ti (153) fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Hoang-ti fit le sacrifice fong sur le T’ai chan, et le sacrifice chan sur (le mont) T’ing-t’ing (154) ; Tchoan-hiu fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; l’empereur Kou fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Yao fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Choen fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; Yu fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Koei-ki (155) ; T’ang fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Yun-yun ; le roi Tch’eng, de la dynastie Tcheou, fit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, et le sacrifice chan sur (le mont) Cho-cheou (156). Tous ces personnages avaient reçu le décret et ce n’est qu’après l’avoir obtenu qu’ils purent faire les sacrifices fong et chan (157). Le duc p.425 Hoan répondit :

— Au nord, j’ai vaincu (158) les Jong des montagnes et j’ai traversé (le pays de) Kou-tchou (159) ; à l’ouest, j’ai vaincu le Ta-hia (160) et j’ai franchi les sables mouvants ; j’ai fortement sanglé mes chevaux, j’ai suspendu mes chars à des crochets (161) et je suis monté sur le mont Pei-eul (162) ; au sud, j’ai porté mes victoires jusqu’à Chao-ling (163) et je suis monté sur la montagne Hiong-eul (164) afin de faire le sacrifice wang au Kiang et au Han. J’ai réuni les vassaux trois fois avec les chars de guerre et six fois avec les chars ordinaires (165) ; en tout, j’ai donc p.426 rassemblé neuf fois les seigneurs ; j’ai rétabli une fois l’ordre dans l’empire (166). Parmi les seigneurs, il n’en est aucun qui se soit opposé à moi. Si les (souverains des) trois dynasties ont autrefois reçu le mandat, quelle différence y a-t-il cependant entre eux et moi ?

Alors Koan Tchong, voyant qu’il ne pouvait venir à bout du duc Hoan avec des raisonnements, lui cita des faits, disant :

« Ceux qui autrefois ont accompli les cérémonies fong et chan avaient le millet de Ho-chang (167) et le blé du Pei-li, et ils s’en servaient pour remplir (les vases) (168) ; ils avaient l’herbe dont chaque tige a trois côtes (169) et qui pousse entre le Kiang et le Hoai et ils en faisaient une litière ; la mer orientale leur envoyait les poissons qui n’ont qu’un seul œil et qui vont par paire ; la mer occidentale leur envoyait les oiseaux qui n’ont qu’une seule aile et qui vont par paire (170). Puis il y avait quinze (171) objets (172) qui arrivaient d’eux-mêmes sans qu’on p.427 eût à les requérir. Aujourd’hui cependant le phénix mâle et le phénix femelle, le k’i et le lin, ne sont point apparus ; la céréale de bon augure n’est point née, mais au contraire les plantes p’ong, hao, li, yeou ont poussé en grand nombre et on voit souvent des hiboux (173). Et vous voudriez célébrer les sacrifices fong et chan ! non, certes, ce n’est pas possible.

Alors le duc Houa renonça à ce projet.

Cette année-là (651 av. J.-C.), le duc Mou, de Ts’in, rétablit dans ses États I-ou prince de Tsin (174). Dans la suite, il établit trois fois (175) un prince dans le royaume de Tsin et pacifia les troubles de ce pays. Le duc Mou mourut après trente neuf ans de règne (621 av. J.-C.).

Plus de cent ans après cela, K’ong-tse recensa et transmit à la postérité les six ouvrages canoniques ; un récit traditionnel dit en abrégé que parmi ceux qui devinrent rois en fondant une dynastie de nom nouveau, ceux qui firent le sacrifice fong sur le T’ai-chan et le sacrifice chan sur le mont Leang-fou furent au nombre de plus de soixante-dix. Quant aux prescriptions rituelles touchant les étals et les vases, elles n’ont pas été exposées ; aussi est-il difficile d’en parler.

On demanda à K’ong-tse ce que signifiait le sacrifice ti ; il répondit :

— Je l’ignore. Celui qui connaîtrait la signification du sacrifice ti administrerait l’empire avec autant de facilité qu’il en aurait à regarder sa main (176).

Les poésies disent (177) : p.428 Lorsque Tcheou était au pouvoir, le roi Wen reçut le mandat ; son gouvernement ne s’étendit pas jusqu’au T’ai-chan ; le roi Ou mourut deux ans après avoir triomphé des Yn, et alors l’État n’était point encore en paix ; ainsi la vertu des Tcheou n’atteignit son apogée qu’avec le roi Tch’eng. Que le roi Tch’eng ait fait les sacrifices fong et chan, voilà ce qui paraît près (de la vérité). — Ensuite, ceux qui étaient doublement sujets (178) exercèrent l’autorité ; le chef de la famille Ki fit le sacrifice lu sur le T’ai-chan ; Tchong-ni l’en blâma (179).

Vers ce même temps, Tch’ang Hong mit son art magique au service du roi Ling (571-545) de la dynastie Tcheou. Les seigneurs ne venaient plus rendre hommage aux Tcheou et la puissance des Tcheou diminuait ; or Tch’ang Hong connaissait ce qui concerne les mânes et les dieux ; il fit tirer à l’arc sur une tête de renard ; la tête de renard représentait ceux des seigneurs qui ne venaient pas (180) ; comptant sur l’étrangeté de cet objet, il désirait faire accourir les seigneurs ; mais les seigneurs n’obéirent point. Puis des gens de Tsin se saisirent de Tch’ang Hong et le tuèrent (181). Les mystères magiques dont parlent les hommes du pays de Tcheou, viennent de Tch’ang Hong. p.429 Plus de cent ans après (422 av. J.-C.), le duc Ling, de Ts’in, institua à Ou-yang le lieu saint Supérieur pour y sacrifier à Hoang-ti et le lieu saint Inférieur pour y sacrifier à Yen-ti.

Quarante-huit ans plus tard (374 av. J.-C.), le grand astrologue des Tcheou, Tan, eut une entrevue avec le duc Hien, de Ts’in, et lui dit :

— Au début, les Ts’in ont été en bonne harmonie avec les Tcheou ; après avoir été en bonne harmonie avec eux, ils se sont séparés d’eux ; mais au bout de cinq cents ans ils se réuniront de nouveau ; après dix-sept ans de réunion, celui qui sera roi par la force apparaîtra (182).

Il plut du métal à Yo-yang (183). Le duc Hien, de Ts’in, en conclut qu’il avait obtenu l’heureux présage du métal ; c’est pourquoi il institua à Yo-yang le lieu saint appelé Hoei (184) et y sacrifia à l’Empereur blanc.

Cent vingt ans plus tard (255 av. J.-C.) (185), les Ts’in anéantirent les Tcheou ; les neuf trépieds des Tcheou vinrent en la possession des Ts’in (186). D’autres disent que, lorsque, à la grande tombe du pays de Song, le dieu de la terre disparut, alors les trépieds se perdirent dans la rivière Se, sous les murs de P’ong-tch’eng (187). Cent quinze ans plus tard (188), les Ts’in s’emparèrent de p.430 tout l’empire. Quand Ts’in Che hoang se fut emparé de tout l’empire et qu’il fut devenu empereur, quelqu’un lui dit :

Hoang-ti eut la vertu de la Terre ; un dragon jaune et un ver de terre (189) apparurent. Les Hia eurent la vertu du Bois ; un dragon vert s’arrêta dans le lieu où on faisait le sacrifice kiao ; les herbes et les arbres furent très florissants. Les Yn eurent la vertu du Métal ; de l’argent découla d’une montagne. Les Tcheou eurent la vertu du Feu ; il y eut l’heureux présage du corbeau rouge (190). Maintenant les Ts’in se sont substitués aux Tcheou ; c’est l’époque de la vertu de l’Eau. Autrefois le duc Wen, de Ts’in, sortit pourchasser ; il prit un dragon noir ; c’était pour lui le gage heureux de la vertu de l’Eau.

Alors Ts’in (Che-hoang) changea le nom du Ho qu’il appela « l’eau efficace » ; du dixième mois, en hiver, il fit le commencement de l’année ; parmi les couleurs, il mit en honneur le noir ; pour les mesures, il choisit le nombre six comme étalon ; en musique, il mit en honneur le tuyau ta-lu ; dans l’administration des affaires, il mit en honneur les lois (191).

? ? Trois ans après avoir pris la dignité d’empereur (219 av. J.-C), (Ts’in Che-hoang) parcourut dans l’est les commanderies et les préfectures ; il sacrifia sur la montagne I (de la préfecture) de Tseou (192) ; il y célébra la gloire et les actions des Ts’in. Puis il appela auprès de lui, en les faisant venir des pays de Ts’i et de Lou, des lettrés, des maîtres et des savants au nombre de soixante-dix ; lorsqu’on fut arrivé au pied du T’ai-chan, il y eut, parmi les lettrés et les maîtres, quelqu’un qui dit dans la p.431 délibération :

— ? Ceux qui ont fait autrefois les sacrifices fong et chan entouraient de jonc les roues de leur char, de peur de blesser la terre, les pierres, les herbes et les arbres de la montagne ; ils balayaient le sol, puis sacrifiaient ; pour faire les nattes, ils se servaient de tiges de chanvre décortiquées.

Ce langage donnait à entendre que (les rites de cette cérémonie) étaient faciles à observer. Che-hoang vit que, dans cette délibération, chacun avait un avis différent et qu’il était difficile de passer à l’application ; c’est pourquoi il renvoya les lettrés et les maîtres et fit ouvrir sur-le-champ un chemin à chars. Il monta par le versant sud du T’ai-chan ; parvenu au sommet, il dressa une inscription sur pierre où il célébrait la vertu de Ts’in Che-hoang-ti et publiait qu’il avait pu accomplir le sacrifice fong (193). Il descendit par le chemin du nord et fit le sacrifice chan sur le mont Leang-fou. Dans cette cérémonie, il adopta généralement les rites que suit le grand prieur lorsque, à Yong, il sacrifie aux Empereurs d’en haut. Mais tout ce qu’on cache dans le sacrifice fong resta mystérieux ; les contemporains ne purent savoir ce qui s’était passé et ne l’ont pas raconté. — Pendant que Che-hoang montait sur le T’ai-chan, et quand il était au milieu de la pente, il fut surpris par un orage de vent et de pluie. Il s’abrita sous un grand arbre (194). Les lettrés et les maîtres qui avaient été chassés et qui n’avaient pu faire suivre leurs avis pour les rites du sacrifice fong, se moquèrent de Che-hoang en apprenant qu’il avait essuyé l’orage.

Ensuite Che-hoang se rendit à l’est et se promena sur le bord de la mer. Il y accomplit les rites et sacrifia aux montagnes célèbres, aux grands fleuves et aux huit dieux. p.432 Il envoya chercher les hommes immortels qui sont Sienmen (195) et ses compagnons. Les huit dieux ont existé dès l’antiquité (196). D’autres disent que c’est à partir de l’Auguste duc (197) qu’on fit (les sacrifices aux huit dieux). Si le pays de Ts’i s’appelle Ts’i, c’est à cause du Nombril du ciel (198). Ces sacrifices sont interrompus ; on ne peut savoir à quelle époque ils ont pris naissance. Des huit dieux (199), p.433 le premier s’appelle le Maître du ciel ; on lui sacrifia au Nombril du ciel ; le Nombril du ciel est une eau profonde qui se trouve sur la plus basse des montagnes qui sont dans la banlieue au sud de Lin-tse (200). Le second (dieu) s’appelle le Maître de la terre ; on lui sacrifie sur le mont Leang-fou du T’ai-chan. En effet, le Ciel aime le principe yn ; quand on lui sacrifie, c’est donc au pied d’une haute montagne et au sommet d’une petite ; on désigne (l’emplacement où on lui sacrifie) par le mot tche ; la Terre honore le principe yang ; quand on lui sacrifie, c’est donc sur un tertre rond au milieu d’un étang (201). Le troisième (dieu) s’appelle le Maître de la p.434 Guerre ; on lui sacrifie (au tombeau de) Tch’e-yeou ; (le tombeau de) Tch’e-yeou se trouve dans le canton de K’an (202) de (la préfecture de) P’ing-lou oriental (203), sur la limite occidentale du pays de Ts’i. Le quatrième (dieu) s’appelle le Maître du (principe) yn ; on lui sacrifie aux Trois montagnes (204). Le cinquième (dieu) s’appelle le Maître du (principe) Yang ; on lui sacrifie sur (la montagne) Tche-feou (205). Le sixième (dieu) s’appelle le Maître de la lune ; on lui sacrifie sur la montagne Tche-lai (206). Ces lieux sont tous au nord dit pays de Ts’i et bordent le P’o-hai. Le septième (dieu) s’appelle le Maître du soleil ; on lui sacrifie sur la montagne Tch’eng (207) ; la p.435 montagne Tch’eng s’avance d’une manière très sinueuse dans la mer ; elle se trouve à l’extrémité la plus nord-est du pays de Ts’i, (comme) pour aller au devant du soleil à son lever. Le huitième (dieu) s’appelle le Maître des quatre saisons ; on lui sacrifie à Lang-ya (208) ; Lang-ya se trouve dans la partie orientale du pays de Ts’i ; en effet, c’est là que commence l’année (209). — Pour chacun de tous (ces huit dieux) on se sert d’une victime unique qu’on offre toujours en sacrifice ; mais les tablettes de jade et les pièces de soie varient suivant les suppressions ou les additions que font les devins et les prieurs.

C’est à partir de l’époque des rois Wei (378-343 av. J.-C.) et Siuen (342-324 av. J.-C.) du pays de Ts’i, que les disciples des Tseou-tse (210) discutèrent et exposèrent la théorie de l’évolution que parcourent les cinq vertus en se p.436 succédant (211). Puis quand (le prince de) Ts’in se fut proclamé empereur, les gens de Ts’i lui offrirent (ces explications) et c’est pourquoi Che-hoang en fit usage. Quant à Song Ou-ki (212), Tcheng Po-kiao, Tch’ong Chang, Sien-men Tse-kao (213) et Tsoei-heou (214), c’étaient tous des hommes du pays de Yen ; ils se livraient aux pratiques qui assurent l’immortalité magique ; leurs corps se désagrégeaient, se dissolvaient et se transformaient ; ils s’appuyaient sur le culte qu’ils rendaient aux mânes et aux dieux. Tseou Yen (215) fut célèbre chez les seigneurs par (son traité sur) « l’évolution maîtresse du Yn et du Yang. » Les magiciens qui habitaient le rivage de la mer dans les pays de Yen et de Ts’i se transmettaient ces enseignements, mais sans parvenir à les comprendre. A partir de ce moment cependant, les gens habiles aux extraordinaires prodiges, aux flatteries trompeuses et sachant se concilier les gens par de vils moyens (216) se produisirent en nombre plus grand qu’on ne saurait dire.

C’est à partir de (l’époque des rois) Wei (378-343) et Siuen (342-324) et (du roi) Tchao (311-279) de Yen qu’on p.437 envoya des hommes en mer à la recherche de P’ong-lai, Fang-tchang et Yng-Tcheou (217). Ces trois montagnes saintes, on rapporte qu’elles se trouvent au milieu du P’o-hai ; elles ne sont pas éloignées des hommes, mais, par malheur, lorsqu’on est sur le point d’y arriver, alors le bateau est ramené en arrière par le vent et s’en écarte. Autrefois, à vrai dire, des gens purent y parvenir : c’est là que se trouvent les hommes bienheureux et la drogue qui empêche de mourir ; là, tous les êtres, les oiseaux et les quadrupèdes sont blancs ; les palais et les portes y sont faits d’or jaune et d’argent ; lorsque (ces gens) n’y étaient point encore, ils les voyaient de loin comme un nuage ; quand ils y arrivèrent, les trois montagnes saintes se trouvèrent renversées sous l’eau ; quand ils en furent tout près, le vent ramena soudain leur bateau au large ; en définitive, il n’est personne qui ait pu y aborder. Il n’est aucun des souverains qui n’ait désiré (s’y rendre).

Puis, au temps de Ts’in Che-hoang, quand celui-ci eut réuni l’empire dans sa main, il vint au bord de la mer. Alors des magiciens en nombre plus grand qu’on ne saurait dire débitèrent des récits à ce sujet. Che-hoang considéra que, s’il allait lui-même en mer, il était à p.438 craindre qu’il ne réussît pas ; c’est pourquoi il ordonna à un homme de s’embarquer avec une bande de jeunes gens, garçons et filles, qu’il lui fournit, pour rechercher (ces îles). Leur bateau croisa en pleine mer ; ils s’excusèrent en alléguant le vent (contraire) et dirent qu’ils n’avaient pu atteindre (les îles), mais qu’ils les avaient vues de loin.

L’année suivante (218 av. J.-C.), Che-hoang revint se promener au bord de la mer et arriva à Lang-ya ; il passa par la montagne Heng et revint en traversant (la commanderie de) Chang-tang.

Trois ans plus tard (215 av. J.-C.), il se rendit à Kie-che (219) et fit subir un interrogatoire aux magiciens qui naviguaient sur la mer. Il revint en passant par la commanderie de Chang.

Cinq ans plus tard (210 av. J.-C.), Che-hoang alla au sud jusqu’à la montagne Siang (220) ; puis il monta sur le Koei ki (221). Il longea le bord de la mer dans l’espoir de trouver la drogue merveilleuse des trois montagnes saintes qui sont au milieu de la mer ; il ne l’obtint pas. A son retour, il mourut à Cha-k’ieou. La première année de son règne (209 av. J.-C.), Eul-che visita à l’est Kie-che ; il longea le bord de la mer, puis, se dirigeant vers le sud, passa par le T’ai-chan et arriva au Koei-ki. Dans tous ces lieux il fit les sacrifices rituels ; puis, pour célébrer les mérites de Che-hoang, il grava (quelques phrases) à côté des inscriptions sur pierre que Che-hoang avait érigées (222).

p.439 L’automne de cette même année, les seigneurs se révoltaient contre (la maison de) Ts’in. La troisième année de son règne (207 av. J.-C.), Eul-che mourait assassiné. Ainsi les Ts’in s’éteignirent douze ans après (223) que Che-hoang eût fait les sacrifices fong et chan (224).

Les lettrés et les maîtres avaient pris en haine (l’empereur) Ts’in parce qu’il avait brûlé le Che (King) et le Chou (King) et parce qu’il avait exterminé les hommes instruits ; le peuple haïssait la sévérité de ses lois ; l’empire s’était révolté contre lui. Tous le calomniaient, disant :

— Quand Che-hoang est monté sur le T’ai-chan, il a été assailli par un orage de vent et de pluie et il n’a pu accomplir les sacrifices fong et chan.

N’est-ce pas là ce qu’on entend quand on dit : N’avoir pas la vertu requise pour accomplir les cérémonies (225) ?

Autrefois les souverains des trois dynasties résidèrent tous dans la région comprise entre le (Hoang) Ho et (la rivière) Lo. C’est pourquoi le Song-kao (226) fut considéré comme le pic du centre et les quatre pics (227) étaient chacun dans la direction qu’on lui assignait ; les quatre cours d’eau (228) étaient tous à l’est des montagnes. Lorsque (le prince de) Ts’in se fut proclamé empereur et eut fixé sa capitale à Hien-yang, alors les cinq pics et les quatre cours d’eau se trouvèrent tous également du côté de p.440 l’est. Depuis les cinq empereurs jusqu’aux Ts’in, (ces sacrifices) furent tantôt florissants, tantôt négligés ; les montagnes illustres et les grands fleuves étaient les uns dans le domaine des seigneurs, les autres dans le domaine du Fils du Ciel ; les rites qu’on leur assignait furent, suivant les générations, diminués ou augmentés et on ne saurait en tenir le compte. Mais, lorsque (l’empereur) Ts’in se fut emparé de tout l’empire, il ordonna aux ministres des sacrifices de rechercher et de noter la manière dont on avait coutume de faire les offrandes au Ciel, à la Terre, aux montagnes illustres, aux grands fleuves, aux mânes et aux dieux.

(D’après le relevé qu’on fit) alors, on comptait, à l’est de Hiao (229) cinq montagnes illustres et deux sacrifices à de grands fleuves. (Les cinq montagnes) s’appellent le T’ai-che — qui n’est autre que le Song-kao —, la montagne Heng, le T’ai-chan, le Koei-ki et la montagne Siang (230). (Les deux) cours d’eau sont le Tsi et le Hoai. Au printemps, on leur faisait chaque année un sacrifice où l’on offrait de la viande sèche et du vin, afin de célébrer le dégel ; en automne (on faisait ce sacrifice), afin de célébrer le gel ; en hiver, on faisait un sacrifice avec prières pour rendre grâces (des bienfaits reçus). On se servait comme victimes d’un taureau et d’un veau ; ces victimes étaient toujours offertes, mais les tablettes de jade et les pièces de soie variaient suivant chaque cas.

A l’ouest de (la montagne) Hoa (231) on comptait sept montagnes illustres et quatre fleuves illustres. (Les sept montagnes) sont : la montagne Hoa, la montagne Po (232) — qui p.441 n’est autre que la montagne Siang —, la montagne Yo (233), la montagne K’i (234), le Ou-yo (235), le Hong-tchong (236), la montagne Tou — qui n’est autre que la montagne Min (237) du pays de Chou. Les (quatre) fleuves sont : le Ho, auquel on sacrifiait à Lin-tsin (238) ; le Mien (239), auquel on sacrifiait à Han-tchong ; le gouffre du Tsieou, auquel on sacrifiait à Tch’ao-no (240) ; le fleuve Kiang (241) auquel on sacrifiait dans le p.442 pays de Chou. Comme aux montagnes et aux fleuves illustres du côté oriental, on leur sacrifiait au printemps et en automne, pour la fonte des glaces et pour le gel, et on leur faisait des prières d’actions de grâces. Les victimes étaient un taureau et un veau ; les victimes étaient identiques pour tous ces sacrifices, mais les tablettes de jade et les pièces de soie différaient pour chacun d’eux. En outre, aux quatre grands sommets (242), le Hong, le Ki, le Ou et le Yo (243), on offrait les prémices des céréales ; dans les sacrifices qu’on faisait au Joyau de Tch’en (244) quand il venait, et dans ceux qu’on faisait au (Hoang)-ho, on ajoutait les prémices des boissons. Tous ces sacrifices s’accomplissaient sur le territoire de la province de Yong et dans le voisinage de la capitale du Fils du Ciel ; c’est pourquoi on ajoutait (aux offrandes) un char et quatre poulains rouges à crinière noire.

Les rivières Pa, Tch’an (245), Tch’ang-choei, Fong, Lao (246), King, Wei (247) ne sont pas de grands cours d’eau ; mais, parce qu’elles étaient proches de Hien-yang, toutes p.443 recevaient les sacrifices qu’on faisait aux montagnes et aux fleuves ; cependant on ne leur accordait aucune offrande supplémentaire (248).

Les rivières K’ien (249) et Lo (250), les deux Yuen (251), le Ming-tse (252), la montagne P’ou, la montagne Yo-siu et d’autres du même genre sont des montagnes ou rivières peu importantes ; à tous on leur faisait aussi des sacrifices annuels pour remercier de la moisson et pour célébrer la fonte des glaces ou le gel. Les rites n’étaient pas nécessairement identiques.

Or, à Yong, il y avait plus de cent temples qui étaient consacrés au Soleil, à la Lune, à Chen, à Tchen (253), à p.444 Nan-teou (254), à Pei-teou (255), à Yong-ho (Mars), à T’ai-pe (Vénus), à la planète de l’année (Jupiter), à la planète Tchen (Saturne), aux vingt-huit mansions, au Comte du vent, au Maître de la pluie (256), aux quatre mers, aux neuf ministres, p.445 aux quatorze ministres (257), aux divers lieux consacrés aux étoiles (258), à toute majesté, à toute union (259), etc. — A Si (260), il y avait aussi plusieurs dizaines de sacrifices. — A Hou (261), il y avait les sacrifices en l’honneur des Fils du Ciel (de la dynastie) Tcheou. — A Hia-koei (262), il y avait (le sacrifice au) dieu du ciel. — A Fong et à Hao (263), il y avait (le sacrifice à) Tchao-ming (264) et l’étang circulaire du Fils du Ciel (265). — A Cho et à Po, il y avait trois sacrifices au maître p.446 du génie du sol (266) et à la constellation de la longévité (267). — D’ailleurs, à Yong, dans le temple couvert de chaume, on sacrifiait aussi au Maître de Tou ; le maître de Tou est l’ancien général de droite des Tcheou (268) ; il est dans le pays de Ts’in le plus petit génie qui ait une influence surnaturelle. A chacun de ces dieux on offrait des sacrifices aux diverses saisons de l’année.

Or les Empereurs d’en haut des quatre lieux saints (269) de Yong étaient les plus honorés ; mais (le dieu dont l’éclat émouvait le plus le peuple, c’était le Joyau de Tch’en (270). Ainsi, dans les quatre lieux saints de Tong, on p.447 faisait au printemps des prières pour la moisson, à l’occasion de la fonte des glaces ; en automne, on sacrifiait pour le gel ; en hiver, on faisait un sacrifice d’actions de grâces. Au cinquième mois, on offrait les prémices des hardes de chevaux ; puis au second mois des quatre saisons, à chacun de ces mois on sacrifiait. Quant au Joyau de Tch’en, on lui offrait un sacrifice chaque fois qu’il venait ; au printemps et en été, on prenait comme victime un cheval roux ; en automne et en hiver, on prenait un cheval rouge à crinière noire. ? Sur les lieux saints on sacrifiait quatre poulains et les simulacres en bois d’un char à sonnettes attelé de quatre dragons et d’un char attelé de quatre chevaux ; chacune de ces offrandes était de la couleur de l’Empereur auquel elle était consacrée. (On offrait en outre sur les lieux saints) quatre veaux jaunes et quatre béliers, des tablettes de jade et des pièces de soie en nombre déterminé. Toutes les victimes étaient enterrées vivantes ; il n’y avait pas l’appareil des étals et des vases. — Tous les trois ans on célébrait une fois le sacrifice kiao. Les Ts’in considéraient le dixième mois, en hiver, comme le début de l’année ; aussi, au dixième mois, le souverain allait-il en personne accomplir le sacrifice kiao après s’être purifié (271) ; des feux suspendus en l’air éclairaient toute la scène. Le souverain se prosternait du côté de Hien-yang (272) ; dans ses vêtements, il mettait en honneur le p.448 blanc ; quant aux victimes dont il se servait, elles étaient les mêmes qu’aux sacrifices réguliers.

An lieu saint de Si et au lieu saint de Hoei, on sacrifiait comme par le passé ; mais le souverain n’y allait pas en personne ; tous ces sacrifices, c’est le grand prieur qui y présidait toujours et qui offrait les sacrifices aux saisons de l’année. — Quant aux autres montagnes et rivières renommées, aux divers esprits des morts et aux dieux tels que les huit dieux (273), lorsque le souverain passait par là, on leur sacrifiait ; quand il était parti, c’était fini. — Dans les parties reculées des commanderies et des préfectures, lorsqu’il y avait des sacrifices à des dieux, c’était le peuple de l’endroit qui s’en acquittait de lui-même et cela ne dépendait point des prieurs officiels du Fils du Ciel. — Parmi les prieurs officiels, il y avait le prieur secret ; s’il se produisait le présage d’une calamité, aussitôt le prieur sacrifiait pour détourner (le malheur) sur un inférieur (274).

Les Han arrivèrent au pouvoir. Lorsque Kao-tsou était encore dans une humble condition, il tua un grand serpent ; un être dit :

— Ce serpent était le fils de l’Empereur blanc ; celui qui l’a tué est le fils de l’Empereur rouge (275).

Quand Kao-tsou entra en campagne, il implora le dieu local de l’ormeau blanc à Fong (276). — Il envahit le pays de P’ei et prit le titre de gouverneur de P’ei ; alors il sacrifia à Tch’e-yeou et aspergea de sang p.449 ses tambours et ses étendards (277). — Puis, le dixième mois, il arriva sur le bord de la rivière Pa ; aidé par les seigneurs, il rétablit le calme à Hien-yang ; il fut nommé roi de Han ; alors il prit le dixième mois comme commencement de l’année, et la couleur qu’il mit en honneur fut le rouge.

? La deuxième année (205 av. J.-C.), (Kao-tsou) attaqua du côté de l’est Hiang Tsi, puis il revint ; rentré à l’intérieur des passes, il demanda quels étaient autrefois au temps des Ts’in les Empereurs auxquels on sacrifiait dans les sacrifices aux Empereurs d’en haut. On lui répondit :

« Les quatre Empereurs, ce sont l’Empereur blanc, l’Empereur vert, l’Empereur jaune et l’Empereur rouge auxquels on sacrifie.

Kao-tsou répliqua :

— J’avais entendu dire qu’il y avait au ciel cinq Empereurs ; or en voici seulement quatre ; comment cela se fait-il ?

Personne n’en sachant l’explication, Kao-tsou dit alors :

— Je la sais. C’est qu’ils m’attendaient pour être au nombre complet de cinq. 

Alors il institua le sacrifice à l’Empereur noir et donna au sanctuaire le nom de lieu saint du Nord. Un préposé y allait sacrifier ; l’empereur ne s’y rendit pas en personne.

(Kao-tsou) rappela tous les anciens prieurs officiels des Ts’in ; il rétablit le grand prieur et le grand sacrificateur et adopta leurs anciens rites et usages ; puis il ordonna aux chefs de préfectures d’instituer des dieux officiels du sol. Il rendit un décret en ces termes :

« J’attache une grande importance aux cérémonies sacrées et je révère les sacrifices ; maintenant, les sacrifices aux Empereurs d’en haut et les cérémonies qui sont dues aux montagnes, aux fleuves et aux divers p.450 dieux sont accomplis suivant les rites chacun en son temps ; c’est comme autrefois.

Quatre ans plus tard (201 av. J.-C.), l’empire étant pacifié, (Kao-tsou) remit un édit au yu-che pour ordonner qu’à Fong on s’occupât avec diligence du dieu local de l’ormeau blanc (278), qu’on lui sacrifiât régulièrement aux quatre saisons et qu’on lui immolât au printemps un mouton et un porc. — Il ordonna aux prieurs officiels d’instituer un sacrifice en l’honneur de Tch’e-yeou (279) à Tch’ang-ngan. — A Tch’ang-ngan, il établit des prieurs officiels préposés aux sacrifices et des prêtresses. Parmi celles-ci, les prêtresses de Leang (280) sacrifiaient au p.451 Ciel et à la Terre, et aux divinités telles que le dieu céleste du sol, l’eau céleste et (aux divinités auxquelles on sacrifie] à l’intérieur de la maison (281) et au haut bout de la salle. Les prêtresses de Tsin sacrifiaient aux cinq Empereurs, au Prince de l’est, au dieu des nuages, aux Se-ming (282), au dieu local des prêtresses, aux ancêtres des prêtresses, à celle qui la première fit cuire des aliments (283), etc. Les prêtresses de Ts’in sacrifiaient au mettre du dieu du sol (284), au Protecteur des prêtresses, à Tsou-Lei (285), etc. Les prêtresses de King sacrifiaient au bas de la salle, à la première des prêtresses, aux Se-ming, à celui qui fit des distributions de riz, etc. Les prêtresses p.452 des neuf cieux sacrifiaient aux neuf cieux (286). Toutes ces prêtresses sacrifient aux saisons de l’année dans l’intérieur du palais.

Quant aux prêtresses du (Hoang-)ho, elles sacrifient au (Hoang-)ho à Lin-tsin. Les prêtresses des montagnes du sud sacrifient aux montagnes du sud et à Ts’in-tchong. Ts’in-tchong n’est autre que Eul-che-hoang-ti (287).

p.453 Pour chacune (de ces divinités) il y a des saisons et des mois (où on doit leur sacrifier).

Deux ans plus tard (199 av. J.-C.), quelqu’un dit :

« Les Tcheou fleurirent et s’établirent à T’ai (288) ; on institua les sacrifices en l’honneur de Heou-tsi, et, jusqu’à aujourd’hui, (on offre à cette divinité) du sang (à boire et de la viande) à manger (289) dans tout l’empire.

Alors Kao-tsou remit au yu-che un décret pour qu’il ordonnât aux commanderies, aux royaumes et aux préfectures d’instituer des sacrifices en l’honneur de la constellation Ling (290) et de lui sacrifier régulièrement un bœuf aux saisons de l’année.

La dixième année (197 av. J.-C.) de Kao-tsou, au printemps, un officier proposa qu’on ordonnât aux préfets de sacrifier régulièrement un mouton et un porc aux dieux du sol (291) et des moissons, au printemps le p.454 troisième mois (292), et à l’époque du sacrifice la (293). Quant aux dieux du sol, le peuple leur sacrifierait dans chaque canton suivant ses ressources. L’empereur donna son approbation par un décret.

Dix-huit ans plus tard (179 av. J.-C.), l’empereur Hiao-wen prit le pouvoir. Treize ans après qu’il eut pris le pouvoir (167 av. J.-C.), il rendit un décret où il disait :

« Maintenant le prieur secret détourne les calamités sur des inférieurs ; c’est là ce que je ne saurais aucunement admettre ; à partir de maintenant je supprime (cette fonction) (294).

Au début, pour ce qui était des montagnes illustres et des grands cours d’eau qui se trouvaient chez les seigneurs, c’étaient les prieurs des seigneurs qui s’acquittaient eux-mêmes des sacrifices dus à leurs divinités respectives ; les officiers du Fils du Ciel ne s’en occupaient pas. Mais, lorsque les royaumes de Ts’i et de Hoai-nan (295) furent supprimés, le grand prieur reçut l’ordre d’y accomplir aux saisons de l’année tous les rites autrefois en usage.

Cette même année (167 av. J.-C.) (296), (l’empereur rendit) le décret suivant :

« Voici treize ans que je suis au pouvoir ; grâce à l’appui surnaturel que m’a prêté le temple ancestral et au bonheur que m’ont envoyé les dieux du p.455 sol et des moissons, l’empire est bien gouverné et paisible, le peuple est exempt de calamités ; pendant tout ce temps, d’année en année, la moisson est toujours venue à maturité. Vu mon manque de vertu, comment ferais-je des offrandes (proportionnées) à cela ? tout cela est une faveur des Empereurs d’en haut et de tous les dieux. Or j’ai entendu dire que les anciens, lorsqu’ils faisaient des offrandes pour (reconnaître) la bonté (des dieux), ne manquaient pas de récompenser leurs bienfaits. Je désire donc qu’on augmente les sacrifices faits aux dieux. Sur l’avis de mes officiers, je veux qu’on ajoute aux sacrifices célébrés à chacun des cinq lieux saints de Yong un char de cérémonie avec tout son attirail et le harnachement des chevaux ; au lieu saint de Si et à celui de Hoei, le simulacre (297) d’un char et de quatre chevaux avec tout l’attirail du char et le harnachement des chevaux ; à chacun des sacrifices faits en l’honneur du (Hoang-)ho, du Tsieou (298) et de la rivière Han, deux (anneaux en) jade ; que dans tous les sanctuaires on surélève les autels et on agrandisse les emplacements ; que le nombre des tablettes de jade, des pièces de soie, des étals et des vases soit augmenté en proportion de l’importance des sacrifices. En outre, les prieurs qui demandent le bonheur (299) font converger toutes les prospérités sur moi et les cent familles n’y ont aucune part. Que désormais les prieurs soient surtout pleins de respect et qu’ils ne demandent plus de faveurs (aux dieux).

p.456 Kong-suen Tch’en, qui était originaire du pays de Lou, adressa (166 av. J.-C.) une requête à l’empereur en ces termes :

« Autrefois les Ts’in ont eu la vertu de l’eau ; maintenant que les Han ont hérité (de l’empire), ils ont imprimé un mouvement au cycle des morts et des naissances ; les Han doivent donc avoir la vertu de la terre. Le gage de la vertu de la terre sera l’apparition d’un dragon jaune. Il faut qu’on change le premier jour de l’année et qu’on modifie la couleur des vêtements ; la couleur en honneur doit être le jaune.

En ce temps, le grand conseiller Tchang Ts’ang s’entendait aux tuyaux sonores et au calendrier ; or il estimait que les Han avaient pour principe la vertu de l’eau ; la preuve en était que le (Hoang-)ho avait franchi la Digue de métal (300) ; l’année devait commencer en hiver, au dixième mois ; la couleur des vêtements devait être noire au dehors et rouge en dedans ; c’était ce qui concordait avec la vertu (de l’eau). Ce que disait Kong-suen Tch’en n’était pas exact ; il fallait le rejeter. — Trois ans plus tard (301) (165 av. J.-C.) cependant un dragon jaune parut à Tch’eng-ki (302). Alors l’empereur Wen appela auprès de lui Kong-suen Tch’en ; il l’honora du titre de lettré au vaste savoir (po che). (Kong-suen Tch’en) fit, avec les autres maîtres, un projet sur l’affaire de changer le calendrier et la couleur des vêtements (303).

p.457 L’été de cette même année (165 av. J.-C.), l’empereur publia le décret suivant :

« La divinité d’un être bizarre est apparue à Tch’eng-ki ; ce n’est point un mauvais présage pour le peuple ; c’est (au contraire) à cause de cela que l’année produira sa moisson. Pour moi, je veux aller prier et célébrer le sacrifice kiao en l’honneur des Empereurs d’en haut et de tous les dieux. Que les officiers des rites délibèrent et ne me taisent rien par crainte de me donner de la peine.

Les officiers dirent tous :

— Autrefois le Fils du Ciel faisait lui-même en été le sacrifice kiao aux Empereurs d’en haut dans la banlieue (kiao) et c’est pourquoi on appelle (ce sacrifice) kiao Alors, au quatrième mois, en été, l’empereur Wen alla pour la première fois en personne faire le sacrifice kiao aux cinq lieux saints de Yong ; dans tous les vêtements portés au sacrifice, il avait mis en honneur la couleur rouge.

L’année suivante (164 av. J-C.), Sin-yuen P’ing, qui était originaire du pays de Tchao, fut admis en présence de l’empereur parce qu’il savait percevoir de loin les émanations.

— Au nord-est de Tch’ang-ngan, dit-il, se trouve une émanation divine qui réalise en elle les cinq couleurs et qui a la forme de chapeaux d’homme.

Quelqu’un dit :

— Le nord-est est la demeure des clartés divines (304) ; le côté occidental est leur tombeau. Le gage précieux du Ciel est descendu jusqu’à Votre Majesté ; aussi faut-il que vous éleviez un temple aux Empereurs d’en haut, afin de reconnaître ce signe de faveur.

Alors p.458 l’empereur fit construire au nord de la rivière Wei le temple des cinq Empereurs ; ce bâtiment n’avait qu’une seule enceinte (305) ; mais chaque Empereur avait un pavillon qui lui était réservé ; sur chaque façade (de l’enceinte), il y avait cinq portes et chaque porte avait la couleur de l’Empereur auquel elle correspondait ; dans les sacrifices qu’on y faisait, les victimes et les cérémonies étaient les mêmes qu’aux cinq lieux saints de Yong. — Le quatrième mois, en été, l’empereur Wen alla en personne se prosterner au confluent des rivières Pa et Wei (306) et fit le sacrifice kiao aux cinq Empereurs du nord de (la rivière) Wei. Le temple des cinq Empereurs était, au sud, voisin de (la rivière) Wei ; au nord, on avait ouvert un passage à l’eau du canal qui alimentait l’étang de P’ou (307). Les feux destinés à être élevés en l’air furent soulevés et on sacrifia ; ce fut comme un éclat et une illumination qui montèrent jusqu’au ciel.

A la suite de cela, l’empereur éleva (Sin-yuen) P’ing à la dignité de ta-fou du premier rang ; il lui donna à plusieurs reprises mille livres d’or. Puis il chargea les lettrés au vaste savoir et les maîtres de compiler les Ordonnances royales (308) — avec des matériaux tirés des six p.459 livres canoniques, et de délibérer sur la manière dont se faisaient l’inspection des fiefs et les sacrifices fong et chan.

L’empereur Wen étant sorti de Tch’ang-ngan-men (309) crut voir cinq hommes au nord de la route ; alors, sur le lieu même où ils étaient, il éleva au nord un autel aux cinq Empereurs ; on leur sacrifiait un ensemble de cinq victimes.

L’année suivante (163 av. J.-C.), Sin-yuen P’ing envoya à l’empereur un homme porteur d’une tasse de jade et adressa un rapport au trône pour l’offrir ; les paroles de (Sin-yuan) P’ing étaient ainsi conçues :

— O empereur ! l’émanation d’un jade précieux étant venue jusqu’à moi, j’ai regardé et j’ai trouvé en effet cette tasse de jade que je vous présente.

Sur la tasse, il y avait l’inscription : « Que le souverain des hommes ait une longévité prolongée. »

(Sin-yuen) P’ing dit encore :

— Votre sujet observe que le soleil sera à deux reprises au milieu (du ciel).

Au bout d’un moment, le soleil s’arrêta  et revint au milieu (du ciel)  (310). Ce fut alors que l’empereur pour la p.460 première fois changea (le compte des années) ; de la dix-septième, il fit la première (311). Il ordonna un grand banquet dans l’empire.

(Sin-yuen) P’ing dit aussi :

— Le trépied des Tcheou s’est perdu ; il se trouve dans la rivière Se (312). Maintenant, le (Hoang-)ho a débordé et communique avec (la rivière) Se (313). Votre sujet perçoit que vers le nord-est, exactement à Fen-yn, il y a l’émanation d’un objet précieux en métal ; il pense que c’est le trépied des Tcheou qui va sortir ; mais il voit par les présages que, si on ne va pas à sa rencontre, il ne viendra pas.

Alors l’Empereur envoya un délégué s’occuper du temple au sud de Fen-yn et au bord du (Hoang-)ho ; il désirait par des sacrifices faire sortir le trépied des Tcheou (314).

Il y eut un homme qui adressa un rapport à l’empereur pour dénoncer comme autant de faussetés tous les récits de Sin-yuen P’ing sur les émanations et les dieux. On déféra (Sin-yuen) P’ing aux magistrats qui le condamnèrent ; on extermina Sin-yuen P’ing et tous ses complices. A partir de ce moment, l’empereur Wen négligea tout ce qui concerne le changement du premier p.461 jour de l’année et de la couleur des vêtements, et tout ce qui concerne les esprits divins. Pour ce qui est des cinq Empereurs au nord du Wei et à Tch’ang-men (315), il délégua un préposé aux sacrifices pour s’en occuper et pour accomplir les rites aux époques prescrites, mais il n’y alla plus lui-même. L’année suivante (162 av. J.-C.) les Hiong-nou franchirent plusieurs fois la frontière et on leva des soldats pour les arrêter. Ensuite la moisson fut en petite quantité et ne poussa pas.

Plusieurs années après, l’empereur Hiao-King prit le pouvoir, Pendant les seize ans (de son règne), les ministres des sacrifices firent, comme par le passé, aux diverses saisons de l’année, les offrandes ; mais il n’y eut aucun sacrifice qui fût particulièrement prospère, et c’est ainsi qu’on arriva au présent Fils du Ciel (316).

? Dès que le présent Fils du Ciel eut pris le pouvoir, il redoubla d’attention pour les sacrifices aux mânes et aux dieux. La première année (de son règne, 140 av. J.-C.), les Han étaient au pouvoir depuis plus de soixante ans ; l’empire vivait dans l’ordre et la tranquillité ; toute la classe des fonctionnaires espérait que le Fils du Ciel ferait les sacrifices fong et chan et changerait le premier jour de l’année et les mesures.

Or l’empereur avait de l’inclination pour les doctrines des lettrés. Il appela auprès de lui des hommes sages et capables, tels que Tchao Koan et Wang Tsang, qu’il nomma ducs et hauts dignitaires à cause de leurs connaissances littéraires. Il désirait qu’ils délibérassent sur la manière dont on construisait dans l’antiquité un ming t’ang (317) au sud de la ville pour y donner audience aux p.462 seigneurs, et d’écrire des projets sur l’inspection impériale des fiefs, sur les sacrifices fong et chan, sur la modification du calendrier et de la couleur des vêtements. Rien n’était encore fini, lorsque l’impératrice douairière Teou (318), qui donnait son attention aux paroles de Hoang (ti) et de Lao (tse) et qui n’aimait pas les doctrines des lettrés, chargea des émissaires de s’informer secrètement des profits illicites qu’avaient faits Tchao Koan et ses collègues ; elle ordonna qu’on mit en jugement (Tchao) Koan et Wang (Tsong) ; ceux-ci se tuèrent. Tout ce qu’ils avaient entrepris fut entièrement perdu.

Six ans plus tard (135 av. J.-C.), l’impératrice Teou mourut.

L’année suivante (134 av. J.-C.), (l’empereur) manda auprès de lui des maîtres tels que Kong-suen Hong, célèbres pour leurs connaissances littéraires.

L’année suivante (133 av. J.-C.), l’empereur actuel alla pour la première fois à Yong faire en personne le sacrifice kiao dans les cinq lieux saints. Dans la suite, il y célébra régulièrement le sacrifice kiao une fois tous les trois ans (319).

Vers cette époque, l’empereur fit venir la Princesse des esprits et l’installa dans le temple (320) p.463 T’i’-che, au milieu (du par) Chang-lin (321). La Princesse des esprits était une femme de Tch’ang-ling qui, après être morte en couches, apparut comme une divinité à sa belle-sœur (322), Wan jo ; Wan jo lui sacrifia dans sa maison et le peuple s’y rendit en foule pour sacrifier. La princesse de P’ing-yuen (323) étant venue lui sacrifier, ses descendants furent comblés d’honneur et de gloire Puis, lorsque l’empereur actuel eut pris le pouvoir, il donna de l’importance à ce rite et le plaça au nombre des sacrifices (officiels). On pouvait entendre parler (la divinité), mais on ne voyait pas sa personne.

En ce même temps aussi, Li Chao-kiun, parce qu’il connaissait l’art de sacrifier au fourneau, de ne pas avoir besoin de manger (324), et d’écarter la vieillesse, fut admis en présence de l’empereur ; l’empereur l’honora. (Li) Chao-kiun avait été autrefois un client du marquis de Chen-tsé (325) chez qui il présidait aux arts magiques. Il p.464 cacha son âge, ainsi que les lieux où il était né et où il avait grandi ; il disait toujours qu’il avait soixante-dix ans ; il se donnait pour capable de commander aux êtres (spirituels) et d’écarter la vieillesse. Il voyagea afin de répandre la renommée de son art parmi tous les seigneurs. Il n’avait ni femmes, ni enfants. Lorsque les gens apprenaient qu’il commandait aux êtres (spirituels) et qu’il était immortel, ils lui apportaient à l’envi des vivres et des présents ; il avait toujours en abondance de l’or, de la monnaie, des vêtements, de la nourriture. Comme on le voyait n’exercer aucun métier et cependant richement pourvu de tout, et comme d’autre part on ne savait qui il était, on lui accordait d’autant plus de créance et on s’empressait à le servir. (Li) Chao-kiun s’appuyait sur son habileté dans les arts magiques ; il excellait à se montrer adroit et à dire des choses surprenantes et exactes en même temps. Un jour il était à un banquet à la suite du marquis de Ou-ngan (326) ; parmi les assistants était un vieillard de plus de quatre-vingt-dix ans ; (Li) Chao-kiun lui raconta que dans tel lieu il s’était promené et avait tiré de l’arc avec son grand-père ; c’était quand le vieillard n’était qu’un enfant qu’il avait accompagné son grand-père ; il reconnaît l’endroit. Tous les assistants furent émerveillés.

(Li) Chao-kiun fut admis en présence de l’empereur. L’empereur avait un ancien vase de bronze et demanda à (Li) Chao-kiun ce que c’était. Il répondit :

— Ce vase a été placé à Po-ts’in (327) par le duc Hoan, de Ts’i, la dixième année de son règne (328).

On examina alors l’inscription p.465 qui se trouvait sur le vase ; c’était en effet un objet du duc Hoan, de Ts’in. Tous les gens du palais furent stupéfaits et ils pensèrent que (Li) Chao-kiun était un personnage divin et qu’il avait plusieurs siècles d’existence.

(Li) Chao-kiun dit à l’empereur : 

— Sacrifiez au fourneau et vous pourrez faire venir les êtres (surnaturels) ; lorsque vous aurez fait venir les êtres (surnaturels), la poudre de cinabre pourra être transmuée en or jaune ; quand l’or jaune aura été produit, vous en pourrez faire des ustensiles pour boire et pour manger et alors vous aurez une longévité prolongée (329). Lorsque votre longévité sera prolongée, vous pourrez voir les bienheureux de (l’île) P’ong-lai qui est au milieu des mers. Quand vous les aurez vus, et que vous aurez fait les sacrifices fong et chan, alors vous ne mourrez pas. C’est là ce qui est arrivé à Hoang-ti. Votre sujet, en naviguant incessamment sur les mers, a vu maître Ngan-k’i (330) ; maître Ngan-k’i mangeait des jujubes grands comme des courges ; maître Ngan-k’i est un bienheureux qui p.466 parcourt (l’île) P’ong-lai ; lorsqu’il lui plaît, il se fait voir aux hommes ; lorsqu’il ne lui plaît pas, il reste invisible.

C’est après ce discours que le Fils du Ciel fit en personne pour la première fois le sacrifice au fourneau. Il envoya sur mer des magiciens à la recherche de (l’île) de P’ong-lai et de maître Ngan-k’i. Puis il s’occupa de transmuer la poudre de cinabre et des morceaux de toutes sortes de drogues pour obtenir de l’or jaune.

Quelque temps après Li Chao-kiun tomba malade et mourut. Le Fils du Ciel pensa qu’il était parti en se transfigurant et qu’il n’était pas mort (331) ; aussi chargea-t-il K’oan Chou qui était scribe dans les préfectures de Hoang et de Tch’oei  (332), de continuer les arts magiques (de Li Chao-kiun) et d’aller rechercher (l’île) P’ong-lai et maître Ngan-k’i. On ne put les trouver. Mais dans les pays de Yen et de Ts’i, sur le bord de la mer, les magiciens aux pratiques étranges vinrent en nombre toujours plus considérable discourir sur ce qui concerne les dieux.

Mieou Ki, qui était originaire de Po (333), adressa une p.467 requête à l’empereur pour présenter la recette magique du sacrifice à T’ai-i. « Parmi les dieux du ciel, disait-il en effet, le plus noble est T’ai-i (334) ; les assistants de T’ai-i s’appellent les cinq Empereurs. Autrefois, au printemps et à l’automne, le Fils du Ciel sacrifiait à T’ai-i dans la banlieue, au sud-est ; pendant sept jours il immolait des victimes de grande taille (335) ; il élevait un autel avec huit issues par où pouvaient pénétrer les esprits.

Alors le Fils du Ciel ordonna au grand prieur d’instituer ce sacrifice dans la banlieue au sud-est de Tch’ang-ngan, et de suivre toujours, en accomplissant la cérémonie, les indications mystérieuses de (Miaou) Ki.

Quelque temps après on présenta la requête suivante à l’empereur :

« Autrefois le Fils du Ciel immolait tous les trois ans une grande victime (336), dans les sacrifices à trois dieux qui étaient l’un le Ciel, l’autre la Terre, et le troisième T’ai-i.

Le Fils du Ciel approuva cette proposition. Il ordonna au grand prieur de veiller à ce qu’on fit ce sacrifice d’après ces indications sur l’autel que (Miaou) Ki avait fait élever à T’ai-i.

Plus tard on adressa à l’empereur un nouveau placet en ces termes :

« Autrefois le Fils du Ciel faisait au p.468 printemps un sacrifice pour se mettre à l’abri (des calamités). A Hoang ti, il sacrifiait un hibou (337) et un p’o-King ; au Mouton caché, un mouton ; à l’Activité du coursier (338), un jeune (339) étalon ; à T’ai-i, au prince de la montagne Tsé et à la Grandeur de la terre, un bœuf ; aux sages de la montagne Ou-i (340), on offrait du poisson sec ; à l’Envoyé du Yn et du Yang, un bœuf.

(L’empereur) ordonna aux ministres des sacrifices de régler ces cérémonies suivant ces indications et de sacrifier à côté de l’autel que (Mieou) Ki avait fait élever à T’ai-i.

Après cela, comme il y avait dans le parc du Fils du Ciel un cerf blanc, de sa peau on fit des valeurs, et, afin de reconnaître cette marque de la faveur céleste, l’empereur fabriqua des (pièces en) métal blanc (341).

p.469 L’année suivante (122 av. J.-C.), (l’empereur) fit le sacrifice kiao à Yong. Il prit un animal à une corne qui ressemblait au lin (342). Un officier lui dit :

—Votre Majesté a fait avec le plus grand respect le sacrifice kiao ; les Empereurs d’en haut ont récompensé sa vertu en lui donnant cet animal à une corne, car c’est le lin.

(L’empereur) fit alors à cause de cela des offrandes aux cinq lieux saints ; il ajouta aux sacrifices qu’on y faisait un bœuf qui devait être brûlé sur le bûcher ; puis il envoya en présent aux seigneurs des (pièces en) métal blanc pour répandre la nouvelle du gage heureux qui attestait son harmonie avec le Ciel.

Sur ces entrefaites le roi de Tsi-pei (343), pensant que le Fils du Ciel allait bientôt faire les sacrifices fong et chan, lui adressa un placet pour lui offrir le T’ai-chan et le territoire environnant. Le Fils du Ciel lui donna en compensation d’autres districts. Le roi de Tch’ang-chan se rendit coupable d’un crime et fut exilé ; son frère cadet reçut du Fils du Ciel la terre de Tchen-ting afin d’y continuer les sacrifices des rois ses ancêtres (344). Tch’angchan devint alors une commanderie et dès lors les cinq p.470 pics furent tous dans le domaine du Fils du Ciel.

L’année suivante (121 av. J.-C.), Chao-wong, qui était originaire du pays de Ts’i, fut admis en présence de l’empereur à cause de sa science dans les choses qui concernaient les mânes et les dieux. L’empereur aimait beaucoup sa femme (345) Wang (346) ; cette femme vint à mourir. Chao-wong pouvait par son art évoquer, pendant la nuit du moins, la femme Wang et la figure du génie du fourneau. Le Fils du Ciel, caché derrière un rideau, les aperçut de loin ; il honora donc Chao-wong du titre de maréchal de la savante perfection, le combla de présents et le traita avec les rites des hôtes.

? (Le maréchal de) la savante perfection dit (à l’empereur) : 

— Si Votre Majesté veut entrer en rapports avec les dieux, (qu’Elle sache que) tant que son palais, sa demeure et son habillement n’imiteront pas les dieux, les dieux ne viendront pas. 

(Chao-wong) fit donc faire des chars sur lesquels étaient représentés les nuages et les émanations et (dont la couleur était toujours) victorieuse de celle du jour où on les employait (347) ; en p.471 montant dans ces chars, on écartait les mauvais génies. En outre, (Chao-wong) fit élever au milieu du palais de Kan-ts’iuen une terrasse sur laquelle on pouvait habiter ; il y peignit le Ciel, la Terre, T’ai-i, et tous les mânes et les dieux et il prépara tout ce qui était nécessaire aux sacrifices, afin d’attirer les dieux du ciel.

? Au bout de plus d’un an, son habileté déclina de plus en plus ; les esprits ne venaient pas. Alors il fit un écrit sur de la soie et le donna à manger à un bœuf ; puis, feignant de ne rien savoir, il dit :

— Dans le ventre de ce bœuf est une chose merveilleuse.

On tua l’animal, on regarda et on trouva l’écrit ; les paroles qu’il renfermait étaient fort étranges. Cependant le Fils du Ciel reconnut l’écriture (de Chao-wong) ; il interrogea ses domestiques. c’était bien en effet un écrit supposé. Il mit donc à mort le maréchal de la savante perfection, mais ce fut une chose secrète (119 av. J.-C.).

Quelque temps après (115 av. J.-C.) l’empereur fit encore faire la (terrasse de) Po-leang, et sa colonne (348) de cuivre, et le génie qui étendait les mains pour recevoir la rosée (349).

p.472 ? L’année (118 av. J.-C.) qui suivit la mort du maréchal de la savante perfection, le Fils du Ciel tomba fort gravement malade dans le palais Ting-hou (350). Il n’y eut pas de sorcière ni de médecin qu’on ne fit venir ; mais aucune amélioration ne se produisit. Yeou-choei Fa-ken (351) dit que dans la commanderie de Chang vivait une sorcière ; lorsqu’elle était malade, les mânes et les dieux descendaient en elle ; l’empereur la manda et institua un sacrifice en son honneur à Kan-ts’iuen. Puis quand elle fut malade, il envoya interroger la Princesse des esprits (352) ; la Princesse des esprits répondit :

— Que le Fils du Ciel ne s’inquiète pas de sa maladie ; dès qu’il sera un peu mieux, qu’il se force à venir auprès de moi à Kan-ts’iuen. L’empereur allant mieux, il se leva et se rendit à Kan-ts’iuen. Sa maladie étant tout à fait guérie, il prononça une amnistie générale et organisa un banquet dans le palais de la Longévité (353) en p.473 l’honneur de la Princesse des esprits. Dans le palais de la Longévité (354) celui que vénérait le plus la Princesse des esprits était T’ai-i ; ses assistants étaient Ta-kin, Se-ming (355) et d’autres, qui tous l’accompagnaient. On ne pouvait parvenir à les voir mais on les entendait parler (356) ; leurs voix ressemblaient à celle des hommes ; tantôt ils s’en allaient, tantôt ils venaient ; lorsqu’ils venaient, il se produisait un vent qui répandait la crainte. Ils se tenaient dans les rideaux de la chambre ; parfois ils parlaient en plein jour, mais le plus souvent c’était de nuit. Le Fils du Ciel n’entrait qu’après s’être purifié ; comme il estimait que la sorcière était la maîtresse de la maison, il requérait d’elle à boire et à manger ; ce que disait la Princesse des esprits, elle le prononçait par l’entremise de la sorcière (357). En outre l’empereur construisit un palais au nord du palais de la Longévité. Il y disposa des étendards en grandes plumes et y prépara tout ce qu’il fallait (pour les sacrifices), afin d’honorer la Princesse des esprits. Ce que disait la Princesse des esprits, l’empereur chargeait un homme de le noter ; ce recueil s’appelait « les lois écrites » ; on n’y lisait que ce que sait tout le monde et on n’y trouvait rien de distingué ni de remarquable ; cependant le Fils du Ciel p.474 l’aimait singulièrement. Ces choses étaient secrètes et les contemporains n’en savaient rien.

Trois ans plus tard (114 av. J.-C.), un officier proposa que les commencements des périodes d’années fussent distingués entre eux par des noms de manifestations de la faveur céleste et non par les chiffres un, deux, etc. La première période s’appela Kien (yuen) ; la deuxième période s’appela (Yuen) koang, pour rappeler l’apparition de la comète (358) ; la troisième période s’appela (Yuen) cheou, pour rappeler l’animal à une corne qui avait été pris au moment du sacrifice kiao (359). ? L’hiver de l’année suivante (113 av. J.-C.), le Fils du Ciel fit le sacrifice kiao à Yong. Il tint un conseil et dit :

« Maintenant j’ai fait en personne le sacrifice kiao aux Empereurs d’en haut : mais je n’ai point sacrifié à la souveraine Terre (360) ; les rites ne se correspondent donc p.475 pas.

Les officiers délibérèrent avec le duc grand astrologue (361) et avec le ministre des sacrifices K’oan Chou (362) ; ils dirent :

« Pour le Ciel et pour la Terre, la victime est un bœuf dont les cornes ne sont pas plus grosses qu’un cocon ou une châtaigne (363). Maintenant, que Votre Majesté sacrifie en personne à la souveraine Terre. Pour la souveraine Terre, on doit élever cinq autels sur un monticule circulaire (364) au milieu d’un étang. Sur chaque autel p.476 on immole un veau jaune et l’ensemble d’une grande offrande (365) ; lorsque le sacrifice est consommé, on enterre complètement (les victimes) (366). Ceux qui accompagnent (l’empereur) au sacrifice ont des vêtements dans lesquels le jaune est mis en honneur.

Alors le Fils du Ciel se rendit dans l’est et institua des sacrifices en l’honneur de la souveraine Terre sur le monticule Choei (367) à Fen-yn ; il suivit les indications de K’oan Chou et de ses collègues ; il alla en personne faire les prosternations de loin, et accomplit les mêmes rites que pour les Empereurs d’en haut. Les rites achevés, le Fils du Ciel gagna Yong-yang (368), puis revint.

? Il passa par Lo-yang où il publia un décret en ces termes :

« Les trois dynasties ont été interrompues depuis fort longtemps ; leur éloignement rendait difficile de les maintenir jusqu’à nous.

Alors il conféra au p.477 descendant des Tcheou une terre de trente li de superficie et lui donna le titre de prince Tcheou de Tse-nan (369), pour qu’il pût accomplir les sacrifices à ses ancêtres (370).

Cette année-là, le Fils du Ciel pour la première fois fit l’inspection des commanderies et des préfectures et poussa peu à peu jusqu’au T’ai-chan. ? Au printemps de cette même année (113 av. J.-C.), le marquis de Lo-tch’eng (371) présenta à l’empereur un placet pour recommander Loan Ta. Loan Ta était un eunuque (du roi) de Kiao-tong (372) ; aussi avait-il eu le même maître que le maréchal de la savante perfection (373), ce qui lui avait permis d’entrer comme magicien (374) auprès du roi de Kiao-tong. D’autre part la sœur aînée du marquis de p.478 Lo-tch’eng était devenue l’épouse du roi Kang (375) ; comme elle n’avait pas eu de fils, lorsque le roi K’ang mourut, ce fut le fils d’une autre femme qui monta sur le trône. La reine douairière K’ang se livra à la débauche ; elle vivait en mésintelligence avec le roi ; ils se menaçaient mutuellement de se punir. La reine Kang apprit la mort du maréchal de la savante perfection et, par désir de gagner les bonnes grâces de l’empereur (376), elle envoya Loan Ta solliciter, par l’entremise du marquis de Lo-tch’eng, une entrevue pour exposer son art. Après avoir fait mourir le maréchal de la savante perfection, le Fils du Ciel avait regretté sa fin prématurée ; il se repentait de n’avoir pas éprouvé son art jusqu’au bout. Aussi fut-il très joyeux de voir Loan Ta. (Loan) Ta était un homme de grande taille et beau parleur ; il était fertile en recettes et en stratagèmes et osait faire de grandes promesses ; mis en demeure, il n’hésitait pas. Loan Ta dit à l’empereur :

— Votre sujet a souvent parcouru les mers et a vu Ngan-k’i et Sien-men et les autres (377) ; mais, parce que j’étais un sujet, ils m’ont méprisé et ne m’ont pas accordé leur confiance ; en outre, comme ils voyaient que le roi K’ang était un seigneur, ils ne le jugèrent pas digne de lui communiquer leur art. Votre sujet a souvent parlé de ces choses au roi K’ang, mais le roi K’ang n’a jamais voulu se servir de lui. Le maître de votre sujet disait : L’or jaune peut être produit ; la brèche du (Hoang)-ho peut être fermée ; la drogue qui rend immortel peut être trouvée ; les bienheureux peuvent être évoqués. p.479 Cependant vos sujets craignent d’avoir le même sort que (le maréchal de) la savante perfection ; c’est pourquoi les magiciens couvrent tous leur bouche. Comment donc oserais-je parler de mon art ?

L’empereur répondit :

— (Le maréchal de) la savante perfection est mort pour avoir mangé du foie de cheval (378). Si en vérité vous êtes capable de restaurer son art, il n’y a pas de faveur que je ne vous fasse (379).

(Loan) Ta dit encore :

— Les maîtres de votre sujet ne recherchent point les hommes ; ce sont les hommes qui les recherchent. Si Votre Majesté veut les faire venir, qu’elle enrichisse celui qu’elle leur députera ; qu’elle en fasse un de ses parents ; qu’elle le traite avec les rites des hôtes et non avec mépris ; qu’elle lui confère le droit de porter les sceaux de toutes (les grandes charges) ; alors il lui sera possible de l’envoyer converser avec les hommes surnaturels. Mais il reste incertain si les hommes surnaturels voudront ou non accéder à sa demande. Appelez aux plus grands honneurs votre ambassadeur auprès d’eux et alors seulement vous pourrez les faire venir.

Après ce discours, l’empereur commanda qu’on fit une épreuve de basse magie avec le jeu d’échecs ; les pièces se heurtèrent d’elles-mêmes et se battirent les unes les autres.

En ce temps, l’empereur était attristé parce que le (Hoang)-ho avait débordé et parce que l’or jaune n’avait pu être produit. Aussi donna-t-il à (Loan) Ta le titre de maréchal des cinq avantages. Dans l’espace d’un peu plus d’un mois (Loan Ta) reçut quatre sceaux ; (outre le sceau de maréchal des cinq avantages), il portait ceux de maréchal magicien du ciel, de maréchal magicien de p.480 la terre et de maréchal de la grande communication. L’empereur adressa au yu-che l’édit suivant :

« Autrefois Yu ouvrit un passage aux neuf Kiang (380) et fit s’écouler les quatre cours d’eau. Mais dernièrement le Fleuve Jaune a débordé sur les rives et sur la terre ferme et le travail des digues n’a pu être mené à bien. Voici vingt-huit ans que je domine sur l’empire ; le Ciel semble m’envoyer un magicien et m’accorder la grande communication. (Le diagramme) k’ien indique le dragon volant ; l’oie sauvage s’avance pas à pas sur les rochers de la rive (381). Il semble que (ces phrases) renferment une idée qui s’applique à moi. 

Il accorda alors au maréchal magicien de la terre, Loan Ta, une terre de deux mille foyers avec le titre de marquis de Lo-t’ong (382) ; il lui fit présent d’un palais de seigneur et de mille serviteurs. (Loan Ta) monta dans une chaise à porteurs et ne se servit plus de chars et de chevaux ; sa maison fut pleine de toutes les tentures et de tous les dons qu’il reçut ; en outre (l’empereur) lui donna pour femme la princesse fille aînée de l’impératrice Wei (383), en lui faisant cadeau d’une dot de dix mille livres d’or et en changeant le nom de son domaine en sorte qu’elle était devenue princesse de Tang-li (384). Le Fils du Ciel se rendait en personne au palais (du p.481 maréchal) des cinq avantages ; ceux qu’il lui envoyait pour demander de ses nouvelles et pour lui porter des présents faisaient un va-et-vient constant sur le chemin. Depuis la tante de l’empereur (385), ses généraux et ses conseillers jusqu’aux officiers d’ordre inférieur, tous (invitaient Loan Ta) à des banquets dans leurs demeures et lui offraient des cadeaux. Le Fils du Ciel fit en outre graver sur un sceau de jade le titre « maréchal de la voie céleste » ; puis il ordonna à son messager de revêtir un habit de plumes et de se tenir debout pendant la nuit sur des herbes blanches ; de son côté, le maréchal des cinq avantages revêtit un habit de plumes et se tint debout pendant la nuit sur des herbes blanches, il reçut le sceau de cette manière afin de montrer qu’il n’était pas un sujet. (Ce sceau de maréchal de) la voie céleste lui avait été conféré dans l’espérance qu’il guiderait (386) l’empereur auprès des dieux du ciel. Alors (le maréchal des) cinq avantages sacrifia sans cesse pendant la nuit dans sa maison ; il voulait amener les dieux à descendre ; mais les dieux ne venaient pas et c’étaient cent génies qui se rassemblaient ; il était du moins fort capable de commander à ceux-ci.

Quelque temps après, il fit ses préparatifs de départ et s’embarqua sur la côte orientale pour aller à la recherche de ses maîtres.

Comme on avait vu que (Loan) Ta avait reçu six sceaux p.482 en quelques mois, son prestige faisait trembler tout l’empire. Au bord de la mer, dans les pays de Yen et de Ts’i, il n’était aucun (des magiciens) qui ne se prît le poignet (387) avec la main et qui ne se vantât de posséder des recettes cachées pour devenir un dieu et un bienheureux. ? L’été de cette même année (113 av. J.-C.). au sixième mois, la sorcière Kin, qui était originaire de Fen-yn, faisait à Choei (388), (qui est dans l’ancien pays) de Wei, un sacrifice pour le peuple à la souveraine Terre, lorsqu’elle vit dans la terre, à côté de l’emplacement (du sacrifice), un objet qui ressemblait à un crochet ; elle déblaya la terre pour voir ce que c’était, et trouva un trépied (389) ; ce trépied était fort différent de ceux qu’on fait d’ordinaire ; il était orné de dessins ciselés mais ne portait pas d’inscription gravée en creux ou en relief. Elle s’en étonna et, parla de la chose au magistrat ; celui-ci le rapporta à Cheng, administrateur du Ho-tong. Cheng le fit savoir à l’empereur. Le Fils du Ciel envoya un officier pour faire une enquête ; la sorcière avait trouvé le trépied sans fourberie ni supercherie ; alors (l’empereur) accomplit les sacrifices prescrits par les rites et alla à la rencontre du trépied ; (il se proposait de) se rendre à Kan-ts’iuen et, accompagné (du trépied), il se dirigeait vers (Kan-ts’iuen) pour l’y offrir (au Ciel), lorsqu’il arriva à la montagne Tchong (390) ; le ciel était serein et il faisait p.483 doux, il y avait (dans l’air) une nuée jaune en forme de dais ; un cerf vint à passer ; l’empereur l’abattit lui-même à coups de flèches ; puis il l’offrit en sacrifice. Lorsqu’on fut arrivé à Tch’ang-ngan, les ducs du palais, les hauts dignitaires et les grands officiers firent après délibération une requête pour qu’on honorât le précieux trépied. Le Fils du Ciel dit :

— Ces temps derniers, le (Hoang)-ho a débordé et plusieurs fois la moisson n’a pu croître ; c’est pourquoi, dans ma tournée, j’ai sacrifié à la souveraine Terre et je l’ai suppliée de faire croître pour le peuple les céréales. Mais la moisson de maintenant ne répond pas en abondance (à ce que j’espérais) ; pourquoi donc ce trépied est-il apparu ?

Les officiers lui répondirent tous :

— Nous avons entendu dire qu’autrefois, quand l’Empereur éminent (391) fleurit, il eut un trépied sacré ; le nombre un symbolisait l’unité universelle ; l’union du Ciel, de la Terre et de tous les êtres était réalisée. Hoang-ti fit trois trépieds précieux pour représenter le Ciel, la Terre et l’Homme. Yu fondit neuf trépieds avec le métal que lui fournirent les neuf pasteurs (de peuple) (392) et se servit d’eux tous pour cuire les victimes qu’il offrait aux Empereurs d’en haut, aux mânes et aux dieux. (Ainsi), toutes les fois qu’un sage se présenta, (les trépieds) apparurent. Ils furent transmis aux Hia, puis aux Chang ; mais la vertu des Tcheou s’étant pervertie et le dieu du sol à Song (393) ayant disparu, les trépieds tombèrent dans l’eau où ils s’enfoncèrent et devinrent invisibles. Une p.484 ode sacrificatoire dit :

De la salle il va dans le vestibule, du mouton il va au bœuf, et du grand trépied au petit trépied ; il ne parle pas avec bruit et il n’est pas orgueilleux ; c’est un gage de grande longévité (394).

Maintenant le trépied est arrivé jusqu’à Kan-ts’iuen ; il est brillant et onctueux et il a les reflets changeants du dragon. La faveur que nous avons reçue est immense. Lorsque nous étions à la montagne Tchong, une nuée jaune et blanche est descendue en forme de dais. Puis lorsque l’animal, gage de bonheur, est apparu, vous l’avez abattu avec un grand arc et quatre flèches (395), vous l’avez amené au pied de l’autel (396) et, en retour (du bienfait céleste), vous avez sacrifié cette grande offrande. Celui qui (le premier de votre dynastie) a reçu le mandat et a été empereur (397), celui-là connaissait la pensée (du Ciel) et mettait sa vertu en harmonie avec lui ; il faut donc que le trépied soit visible dans le temple de vos ancêtres et de votre défunt père ; placez-le dans la salle impériale (398) afin de p.485 reconnaître cette faveur éclatante.

Un décret impérial approuva la proposition.

Les gens qui avaient été sur mer en quête de (l’île) P’ong-lai dirent que (l’île) P’ong-lai n’était pas éloignée et que s’ils n’avaient pu y atteindre, c’était peut-être parce qu’ils n’en avaient pas perçu l’émanation. L’empereur envoya donc un homme qui percevait les émanations pour les aider à observer cette émanation.

? L’automne de cette même année (113 av. J.-C,), l’empereur vint à Yong pour y faire le sacrifice kiao. On lui dit :

— Les cinq Empereurs ne sont que les assistants de T’ai-i : il faut instituer (le culte de) T’ai-i  et l’empereur doit lui faire en personne le sacrifice kiao.  L’empereur conservait des doutes et ne se décida pas encore (399).

Kong-suen K’ing, qui était originaire du pays de Ts’i, dit à l’empereur :

— Cette année on a trouvé le précieux trépied ; or, cet hiver, le solstice tombe au matin sur le jour sin-se (24 décembre 113) qui est le premier du mois ; notre époque coïncide donc avec celle de Hoang-ti. (Kong-suen) K’ing possédait un livre écrit sur des tablettes de bois ; on y lisait :

« Hoang-ti trouva le précieux trépied à Wan-k’iu (400) ; il interrogea Koei Yu-k’iu ; Koei Yu-k’iu lui répondit : Hoang-ti a trouvé les tiges d’achillée magiques (401) du précieux trépied ; or, dans l’année p.486 actuelle, le solstice d’hiver tombe au matin sur le jour ki-yeou qui est le premier du mois. Il se trouve que la période céleste est terminée et va recommencer. — Alors Hoang-ti calcula d’avance les jours en supputant les tiges d’achillée ; après environ vingt années le solstice d’hiver retombait de nouveau sur le premier jour du mois au matin ; lorsqu’il eut fait vingt fois ce calcul, ce qui embrassait une période de trois cent quatre-vingts années (402), Hoang-ti devint un bienheureux et monta au ciel.

— (Kong-suen) K’ing désirait offrir ce livre à l’empereur par l’entremise de So Tchong. So Tchong, voyant qu’il n’était pas raisonnable, soupçonna que c’était un écrit apocryphe et refusa de le présenter, disant :

— L’affaire du trépied précieux est terminée ; pourquoi faire encore cette démarche ?

(Kong-suen) King présenta alors son livre à l’empereur par l’intermédiaire d’un de ses mignons. L’empereur, tout joyeux, manda (Kong-suen) K’ing pour l’interroger.

— Je tiens, répondit-il, ce livre de Chen-kong, mais Chen-kong aujourd’hui est mort.

— Qui était Chen-kong ?, demanda l’empereur.

— C’était, dit (Kong-suen) K’ing, un homme du pays de Ts’i ; il avait reçu avec maître Ngan-k’i l’enseignement des paroles de Hoang-ti ; mais il ne les écrivit pas et ne fit que ce livre à propos du trépied. Il disait : Le règne des Han doit ramener l’époque de Hoang-ti. Il disait encore : Celui qui est saint parmi les Han est au nombre des descendants de Kao-tsou, bien plus au nombre de ses p.487 arrière-petits-fils (403). Le précieux trépied apparaîtra et on entrera en communication avec les dieux ; qu’on fasse alors les sacrifices fong et chan. Des soixante et douze rois qui ont fait les sacrifices fong et chan, Hoang ti est le seul qui ait pu accomplir le sacrifice fong sur le T’ai-chan. Chen-kong disait encore : Le Souverain de la famille Han doit de même aller sur le (T’ai-chan) pour faire le sacrifice fong ; quand (l’empereur) aura fait le sacrifice fong sur (le T’ai-chan), il pourra devenir un bienheureux et monter au ciel. Au temps de Hoang-ti il y avait dix mille royaumes et les divinités auxquelles on faisait le sacrifice fong étaient au nombre de sept mille (404). L’empire comprenait huit montagnes illustres dont trois se trouvaient chez les barbares Man et I et cinq dans le royaume du Milieu ; celles du royaume du Milieu étaient le Hoa-chan, le Cheou-chan, le T’ai-che, le T’ai-chan et le Tong-lai (405). Ces cinq montagnes étaient les lieux que p.488 fréquentait Hoang-ti et où il se rencontrait avec les esprits. Hoang-ti passait son temps à guerroyer ou à étudier (l’art des) bienheureux ; il n’aimait pas les gens qui blâmaient cette conduite et faisait juger et mettre à mort ceux qui parlaient mal des génies et des dieux (406). Au bout de plus de cent années, il obtint d’entrer en communication avec les dieux. Hoang-ti était allé faire à Yong le sacrifice kiao en l’honneur des Empereurs d’en haut ; il y séjournait depuis trois mois lorsque Koei Yu-k’iu, dont le surnom était Ta-Kong, mourut ; on l’enterra à Yong et c’est de là que vient le nom « de tombeau de Hong (407). Après cet événement, Hoang-ti réunit dix mille esprits dans l’Illustre palais ; l’Illustre palais n’est autre que Kan-ts’iuen et le lieu qu’on appelait Han-men est aujourd’hui Kou-k’eou (408). Hoang-ti prit du cuivre du mont Cheou-chan (409) et fondit un trépied au bas du mont King (410). Lorsque le trépied fut achevé, un dragon, à la barbe du fanon pendante, descendit pour venir p.489 chercher Hoang-ti ; Hoang-ti monta sur lui, ses ministres et ses femmes montèrent à sa suite au nombre de plus de soixante-dix personnes ; le dragon alors s’éleva ; les autres officiers subalternes, qui n’avaient pu monter sur lui, se cramponnèrent aux poils de sa barbe ; ces poils furent arrachés et ils tombèrent ; ils firent tomber l’arc de Hoang-ti. La foule levait les yeux et regardait de loin (l’apothéose) ; lorsque Hoang-ti fut monté au ciel, elle ramassa son arc et les poils du fanon en criant ; c’est pourquoi les générations suivantes nommèrent ce lieu « le lac du trépied » (411) et l’arc fut appelé « le cri de corbeau » (412).

Le Fils du Ciel dit alors :

— Hélas ! si en vérité je puis être semblable à Hoang-ti, quitter mes femmes et mes enfants sera à mes yeux aussi facile que d’ôter une sandale (413).

Puis il donna à K’ing le titre de p.490 lang (414) et l’envoya dans l’est attendre les dieux sur le mont T’ai-che. L’empereur alla ensuite faire le sacrifice kiao à Yong ; lorsqu’il fut arrivé dans le Long-si, il monta à l’ouest sur le mont K’ong-t’ong (415) et favorisa de sa venue Kan-t’siuen. Il ordonna au ministre des sacrifices K’oan Chou et à ses collègues de préparer un autel pour les sacrifices à T’ai-i. De même que l’autel élevé en l’honneur de T’ai-i par (Mieou) Ki (416), qui était originaire de Po, cet autel eut trois degrés. Les autels des cinq Empereurs l’entouraient à la base ; chacun avait l’orientation qui convenait à son empereur ; mais l’autel de l’Empereur jaune était au sud-ouest (417). Huit ouvertures servaient d’entrées aux esprits. Les offrandes qu’on y faisait à T’ai-i étaient les mêmes que dans chacun des lieux saints de Yong ; on y ajoutait du vin nouveau, des jujubes et des viandes sèches ; on immolait un bœuf à longue queue (418) et on avait ainsi tout l’ensemble des étals, des vases et de la p.491 victime ; quant aux cinq Empereurs, on se servait seulement pour leur sacrifier des étals, des vases, du vin nouveau et autres objets similaires. En bas, sur le terrain des quatre côtés, on renouvelait les offrandes en l’honneur de la foule des dieux qui accompagnent (T’ai-i), et en l’honneur de (la constellation) Pei-teou. Lorsque le sacrifice était accompli, on brûlait toutes les viandes qui restaient. Le bœuf qu’on immolait était de couleur blanche ; à l’intérieur on plaçait le cerf et à l’intérieur du cerf on plaçait le porc (419) ; puis on versait de l’eau et on faisait du bouillon. On sacrifiait au soleil un bœuf ; à la lune, seulement un mouton et un porc. Le prieur et le sacrificateur qui rendaient le culte à T’ai-i avaient des vêtements de couleur pourpre et brodés. (Pour ceux qui rendaient le culte aux) cinq Empereurs, chacun revêtait des habits de la couleur de l’empereur (qu’il servait). La couleur du soleil était le rouge ; la couleur de la lune était le blanc.

Le onzième mois, au jour sin-se (24 décembre 113), qui était le premier du mois, au matin, se produisit le solstice d’hiver ; à l’aube, le Fils du Ciel commença par faire le sacrifice kiao et les prosternations en l’honneur de T’ai-i ; le matin, il fit le sacrifice tchao au soleil ; le soir, le sacrifice si à la lune, et dans ces deux occasions il salua (420) ; mais en présence de T’ai-i il accomplit les p.492 rites qu’on observe à Yong pendant le sacrifice kiao.

Puis celui qui aidait l’empereur à offrir le sacrifice dit :

— Le Ciel vient de donner à l’empereur les tiges d’achillée magiques du précieux trépied. Le premier du mois est redevenu le premier du mois ; la série est épuisée et elle recommence. L’empereur avec respect se prosterne en présence (du Ciel) (421).

? Puis (l’empereur) revêtit des habits de couleur jaune ; dans ce sacrifice, les feux rangés en ordre remplissaient les autels ; à côté des autels, il y avait tout l’appareil de la cuisson des offrandes.

Un officier s’écria :

« Au-dessus du sacrifice une clarté luit.

Les ducs du palais et les hauts dignitaires déclarèrent que, lorsque l’empereur fit pour la première fois à Yun-yang (422) le sacrifice kiao en l’honneur de T’ai-i, que les officiers offraient des anneaux en jade et que des victimes de choix étaient présentées en offrande, il y eut pendant la nuit une clarté merveilleuse et que, quand le jour parut, une nuée jaune monta jusqu’au ciel (423).

Le duc grand astrologue (424), le ministre des sacrifices K’oan Chou et leurs collègues dirent :

— Il y a la protection d’une influence surnaturelle ; il y a le présage favorable d’un bonheur avantageux. Il faut prendre dans ce lieu p.493 l’endroit où est apparue la clarté pour y établir l’autel d’un lieu saint éminent, afin de rendre illustre cet heureux augure.

(L’empereur) ordonna au grand prieur de veiller aux sacrifices qui s’y célébreraient en automne et pendant le dernier mois de l’année ; tous les trois ans le Fils du Ciel devait aller y faire en personne le sacrifice kiao.

L’automne de cette même année (112 av. J.-C.), l’empereur, se proposant de partir pour châtier le Nan Yue (425), annonça son intention à T’ai-i et lui demanda son aide ; sur un étendard suspendu à une hampe de bois King (426) étaient figurés le soleil, la lune, (la constellation) Pei-teou, un dragon volant pour symboliser T’ai-i et trois étoiles pour représenter la lance de T’ai-i ; on l’appela l’étendard surnaturel ; on s’en servait lorsqu’on priait pour la guerre et alors le grand astrologue s’en saisissait pour indiquer le pays qu’on voulait combattre.

Le maréchal des cinq avantages, quoique envoyé en mission, n’osa s’embarquer sur la mer ; il alla sacrifier sur le T’ai-chan ; l’empereur envoya des gens le suivre et l’épier ; de fait ils ne virent rien ; mais (le maréchal des) cinq avantages prétendit faussement qu’il avait aperçu ses maîtres ; son art magique était à bout et plusieurs fois fut contredit (par les faits) ; aussi l’empereur fit-il périr (le maréchal des) cinq avantages et ses partisans.

L’hiver suivant (111 av. J.-C.) (427), Kong-suen K’ing se rendit dans le Ho-nan (428) pour y attendre les dieux ; il dit p.494 qu’il avait vu la trace des pas de bienheureux sur la muraille de (la ville de) Keou-che (429), et qu’au-dessus de la muraille planait un être semblable à un faisan. Le Fils du Ciel alla en personne à Keou-che pour voir les traces de pas ; il demanda à (Kong-suen) K’ing :

— Est-ce que vous n’imiteriez pas (le maréchal de la) savante perfection et (le maréchal des) cinq avantages (430) ?

(Kong-suen) K’ing répondit :

— Les bienheureux ne recherchent point le souverain des hommes ; c’est le souverain des hommes qui les recherche ; telle est leur nature que, si on ne leur accorde pas quelque loisir, les dieux ne viennent pas ; lorsque je parle des dieux, ces choses semblent des singularités et des exagérations ; consacrez-y cependant plusieurs années de suite et vous pourrez faire venir les dieux.

Alors dans toutes les commanderies et dans tous les royaumes on nettoya les routes et on répara et remit en état les bâtiments impériaux (431) et les lieux où on sacrifiait aux dieux des montagnes illustres, car on attendait la venue de l’empereur.

? Au printemps de cette année (111 av. J.-C.), après avoir triomphé du Nan Yue, l’empereur eut un favori nommé Li Yen-nien qui avait été admis en sa présence parce qu’il s’entendait bien aux airs musicaux ; l’empereur l’aimait fort ; il invita les ducs du palais et les hauts p.495 dignitaires à délibérer, en leur disant :

— Dans les sacrifices populaires il y a aussi des tambours, des danses et de la musique ; or, lorsque j’accomplis le sacrifice kiao, on ne fait pas de musique. Comment serait-ce convenable ?

Les ducs du palais et les hauts dignitaires répondirent :

— Lorsque les anciens sacrifiaient au Ciel et à la Terre, ils avaient toujours de la musique ; les dieux du ciel et de la terre pouvaient alors être atteints et on remplissait les rites à leur égard.

Quelqu’un dit :

— L’Empereur éminent (432) chargea Sou-niu (433) de jouer du luth à cinquante cordes ; (le son était) triste et l’empereur voulut la faire cesser ; comme elle ne s’arrêtait pas, il brisa son luth et n’y laissa que vingt-cinq cordes.

A la suite de cette délibération, on institua une cérémonie d’actions de grâces pour célébrer la défaite du Nan Yue ; on fit des prières et des sacrifices à T’ai-i et à la souveraine Terre, et, pour la première fois, on se servit de musiciens et de danseurs ; on fit appeler en grand nombre (434) des chanteurs. (L’empereur fit) faire (le luth à) vingt-cinq cordes et le luth k’ong-heou (435) ; telle fut l’origine (de ces instruments).

L’année suivante (110 av. J.-C.), en hiver, l’empereur dit dans son conseil :

— Ce n’est qu’après avoir arrêté (436) p.496 les soldats, puis avoir licencié les troupes, que les anciens accomplissaient les sacrifices fong et chan. En conséquence, l’empereur se rendit aussitôt dans le nord et inspecta le Cho fang (437) ; il fit s’arrêter plus de cent mille soldats (438) ; en revenant, il sacrifia au tombeau de Hoang-ti sur le mont Kiao (439), et licencia ses troupes à Siu-jou (440). Il dit :

— On m’a raconté que Hoang-ti n’était point mort ; cependant voici son tombeau. Comment cela se fait-il ? 

— Lorsque Hoang-ti, lui répondit-on, devint un bienheureux et monta au ciel, ses sujets enterrèrent ses vêtements et son chapeau (441).

Puis l’empereur se rendit à Kan-ts’iuen avec l’intention d’aller bientôt accomplir les cérémonies sur le T’ai-chan. Auparavant il fit le sacrifice lei (442) en l’honneur de T’ai-i. Depuis qu’il avait trouvé le précieux trépied, l’empereur délibérait avec les ducs du palais, les hauts dignitaires et les maîtres sur les sacrifices fong et chan ; les sacrifices fong et chan ayant été pratiqués rarement, à de grands intervalles et à une époque éloignée, personne ne savait plus les règles et les rites qu’il y fallait observer ; cependant les lettrés composèrent un mémoire sur les sacrifices fong et chan en y rapportant ce p.497 qui était dit du sacrifice qu’on fait de loin et de la cérémonie de tuer un bœuf à coups de flèches (443) dans le Chang-chou, le Tcheou-koan et le Wang-tche (444). Le vénérable Ting, qui était originaire du pays de Ts’i et qui était âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, dit :

« Ceux qui accomplissent les sacrifices fong et chan obtiennent la réputation d’être immortels. Ts’in Hoang-ti ne put faire le sacrifice fong au sommet (de la montagne). Si Votre Majesté est résolue à vouloir y monter, qu’elle commence un peu l’ascension ; si alors il n’y a ni vent ni pluie, elle pourra accomplir au faîte le sacrifice fong (445). (L’empereur) ordonna donc aux lettrés de s’exercer à tuer un bœuf à coups de flèches et de rédiger un projet de cérémonial des sacrifices fong et chan. Quelques années (plus tard) (446), (l’empereur) arriva (à Kan-ts’iuen) et se disposa à partir (pour le T’ai-chan). Le Fils du Ciel avait prêté l’oreille aux récits de p.498 Kong-suen K’ing et des magiciens qui lui racontaient que Hoang-ti et ses prédécesseurs, en faisant les sacrifices fong et chan, avaient tous évoqué des êtres merveilleux et avaient communiqué avec les dieux ; (le Fils du Ciel) désirait, de même que Hoang-ti et ses prédécesseurs, se rencontrer avec les hommes divins et bienheureux et avec les sages de (l’île) P’ong-lai, s’élever au-dessus du monde et égaler sa vertu à celle des neuf Souverains (447). D’autre part, il avait recueilli quelques-unes des doctrines des lettrés pour orner (ces cérémonies) ; mais les lettrés n’avaient pas su exposer clairement ce qui concernait les sacrifices fong et chan ; en outre, ils s’en tenaient strictement aux anciens textes du Che (King) et du Chou (King) et n’osaient se donner carrière ; l’empereur ayant fait fabriquer des ustensiles destinés aux sacrifices fong et chan et les ayant montrés aux lettrés rassemblés, quelques-uns d’entre eux dirent que ces ustensiles n’étaient pas conformes à ceux de l’antiquité ; en outre, Siu Yen déclara que la manière dont les maîtres de la cour des sacrifices pratiquaient les rites n’était pas aussi bonne que celle qui était en usage dans le pays de Lou ; Tcheou Pa réunit les (lettrés) pour leur décrire ce qui concernait les sacrifices fong et chan. Alors l’empereur dégrada (Siu) Yen et (Tcheou) Pa ; il renvoya les lettrés et ne suivit pas (leurs avis).

Le troisième mois (31 mars-29 avril 110), il alla dans l’est visiter (la ville de) Keou-che (448). Suivant les rites, il monta sur (le sommet) T’ai-che du Pic du centre (449). Des officiers de l’escorte restèrent au bas de la montagne ; p.499 ils entendirent comme une voix qui souhaitait à l’empereur dix mille années de vie ; on interrogea ceux qui étaient en haut de la montagne ; ils n’avaient pas parlé ; on interrogea ceux qui étaient au pied ; ils n’avaient pas parlé. C’est pourquoi (l’empereur) conféra une terre de trois cents foyers au T’ai-che pour y entretenir des sacrifices ; ce lieu reçut le nom de Tch’ong-kao (450).

Plus à l’est encore, (l’empereur) alla vers le T’ai-chan (451) ; comme les plantes et les arbres du T’ai-chan n’avaient pas encore de feuilles, il ordonna qu’on montât une pierre au sommet du T’ai-chan et qu’on l’y dressât (452).

L’empereur, allant toujours vers l’orient, parcourut le rivage de la mer. Il accomplit en passant les sacrifices rituels aux huit dieux (453). Des habitants du pays de Ts’i au nombre de plus de dix mille lui remirent des écrits où ils exposaient des choses extraordinaires touchant les dieux et des recettes merveilleuses ; mais aucun d’eux n’apportait des preuves de son dire. Alors, on fit partir des bateaux en grand nombre et (l’empereur) ordonna que ceux qui avaient parlé des saintes montagnes de la mer et qui étaient au nombre de plusieurs milliers, allassent rechercher les hommes divins du mont P’ong-lai. Kong-suen K’ing allait toujours en avant, portant son sceptre de délégation ; il se mettait en observation sur les montagnes illustres ; parvenu au mont Tong-lai (454), il p.500 prétendit avoir vu pendant la nuit un homme grand de plusieurs dizaines de pieds ; il s’était approché de lui mais (le géant) avait disparu ; cependant on voyait ses traces qui étaient fort grandes et pareilles à celles que laisse un animal. — Parmi les officiers, il y en eut qui dirent qu’ils avaient vu un vieillard qui tenait un chien en laisse et qui disait : « Je veux voir le grand vénérable (455). » Soudain l’apparition s’était évanouie. — L’empereur vit les grandes empreintes, mais ne fut pas persuadé. Toutefois il fut grandement disposé à croire que le vieillard dont lui avaient parlé les officiers était un bienheureux. Il séjourna au bord de la mer ; il fournissait des chars de rechange aux magiciens et envoya secrètement plus de mille d’entre eux rechercher les hommes divins et bienheureux.

Le quatrième mois (30 avril-29 mai 110), l’empereur revint à Fong-kao (456). Il remarqua que les lettrés et les magiciens, en discutant sur les sacrifices fong et chan, étaient chacun d’un avis différent ; l’absence de règle fixe rendait difficile la mise à exécution de leurs plans. Le Fils du Ciel alla sur le mont Leang-fou ; il s’acquitta des sacrifices rituels au Maître de la terre (457). Au jour i-mao (17 mai 110), il ordonna à ceux des lettrés qui avaient le grade de che-tchong, de prendre le bonnet en peau, de ceindre la ceinture (458), de tuer un bœuf à coups de flèches et d’accomplir la cérémonie. Il fit le sacrifice fong au pied du p.501 T’ai-chan, du côté de l’est, en suivant le rite qu’on avait adopté pour le sacrifice kiao en l’honneur de T’ai-i. Le tertre (459) était large de douze pieds et haut de neuf, au bas étaient des tablettes de jade couvertes d’écrits, mais ce qui y était écrit resta secret.

Après avoir accompli les rites, le Fils du Ciel, accompagné seulement du che-tchong chargé de conduire son char, Tse-heou (460), fit l’ascension du T’ai-chan ; il accomplit de nouveau le sacrifice fong ; mais la vue de cette cérémonie fut interdite à tous. Le lendemain, l’empereur descendit par le chemin du versant nord. Au jour ping-tch’en (18 mai 110), il célébra le sacrifice chan au pied du mont T’ai-chan, du côté du nord-est, sur le mont Sou-jan, et suivit les rites qu’on observe pour sacrifier à la souveraine Terre. Dans toutes ces circonstances, le Fils du Ciel, habillé de vêtements jaunes, alla en personne se prosterner et fit faire toujours de la musique. Avec les herbes à trois côtes (461) qui poussent dans la région comprise entre le Kiang et le Hoai, il fit une natte sainte ; les terres des cinq couleurs (462) furent ajoutées et mêlées au tertre. Il laissa partir les bêtes extraordinaires qui venaient de contrées éloignées et les oiseaux ailés ; quant aux faisans blancs et aux êtres (de ce genre), il les employa pour augmenter les rites. Il ne se servit ni p.502 des rhinocéros (463) ni de l’éléphant ; (ces animaux) vinrent tous jusqu’au T’ai-chan, puis s’en allèrent (464). Lorsqu’on fit les sacrifices fong et chan, il y eut pendant la nuit comme une lueur et, au jour, une nuée blanche s’éleva du milieu du tertre.

Après avoir accompli le sacrifice chan, l’empereur retourna s’asseoir dans le Ming-t’ang (465). Tous les officiers vinrent à l’envi lui souhaiter une longue vie. Il communiqua alors au yu-che l’édit suivant :

« Avec ma très chétive personne, j’ai reçu la plus haute dignité. Plein de crainte, je redoute de n’être pas digne de cette charge. Ma vertu est mince et je ne connais pas bien les rites et la musique. Lorsque je restaurai le sacrifice en l’honneur de T’ai-i, il y eut comme quelque chose qui semblait la pureté d’un éclat éblouissant (466) ; il y eut comme une voix qu’on entendit (467). Épouvanté de ces prodiges, je p.503 voulus m’arrêter, mais ne l’osai point. Je montai donc faire le sacrifice fong sur le T’ai-chan, j’arrivai au mont Leang-fou et ensuite je fis le sacrifice chan sur le mont Sou-jan. De nouveau, je donne aux sages et aux grands officiers l’heureuse nouvelle d’un changement de commencement (468). Je donne au peuple un bœuf et dix che (469) de vin par groupe de cent foyers. A ceux qui ont plus de quatre-vingts ans, aux orphelins et à ceux qui sont abandonnés, je donne une pièce de toile et une pièce de soie. En outre, les lieux nommés Po, Fong-kaoI-k’ieou, Li-tch’eng (470), ne paieront pas cette année la taxe ni les redevances. Qu’il y ait dans l’empire une amnistie générale comme celle qui fut ordonnée en (l’année) i-mao (471) ; que, dans les lieux où j’ai passé, ceux qui ne sont pas des récidivistes et dont les affaires sont anciennes de plus de deux ans soient tous dispensés d’être entendus et jugés.

Puis l’empereur fit un second édit en ces termes :

« Autrefois le Fils du Ciel inspectait une fois les fiefs en cinq ans (472) et accomplissait les cérémonies sur le T’ai-chan. Les seigneurs y avaient des lieux où ils donnaient audience et où ils séjournaient. C’est pourquoi p.504 j’ordonne à chaque seigneur de se construire une demeure au pied du T’ai-chan.

Lorsque le Fils du Ciel avait fait le sacrifice fong sur le Tai-chan, il n’avait pas eu le malheur d’avoir du vent ni de la pluie ; aussi les magiciens se remirent-ils de plus belle à parler du P’ong-lai, et de toutes les montagnes saintes comme si on était sur le point de pouvoir les atteindre ; l’empereur en fut content, car il croyait qu’il les rencontrerait peut-être. Il se rendit de nouveau dans l’est, et, parvenu au bord de la mer, il regarda au loin dans l’espoir de trouver le P’ong-lai. Celui qui était chargé de conduire son char, Tse-heou (473), tomba gravement malade et mourut en un jour. L’empereur partit aussitôt et alla du côté du nord en longeant la mer jusqu’à Kie-che (474). Il fit une tournée d’inspection en partant de (la commanderie de) Leao-si ; il parcourut toute la frontière du nord et parvint jusqu’à Kieou-yuen (475) ; le cinquième mois (30 mars-28 juin 110), il revint et arriva à Kan-ts’iuen.

Un officier dit que, lorsque le trépied précieux avait été exhumé, on avait institué (à cause de cela, la période d’années) yuen-ting ; aussi la présente année devait-elle être appelée première année yuen-fong.

L’automne de cette même année (110 av. J.C.), une comète parut dans la constellation Tsing de l’est (476). Une p.505 dizaine de jours après une comète parut dans la constellation San-t’ai (477). Celui qui percevait de loin les émanations, Wang Cho, dit :

— Tandis que j’étais en observation. je vis par exception apparaître l’étoile K’i (478), grande comme une courge ; dans le temps qu’il faut pour manger (479), elle disparut de nouveau.

Les officiers dirent tous :

— Votre Majesté a institué les sacrifices fong et chan pour la maison des Han ; l’étoile de la vertu (480) est la récompense que le ciel vous donne.

L’année suivante, en hiver (481), l’empereur accomplit à Yong le sacrifice kiao en l’honneur des cinq Empereurs. A son retour, il fit des prosternations, des prières et des sacrifices à T’ai-i.

Celui qui aidait l’empereur à offrir le sacrifice dit :

— L’étoile de la vertu répand au loin son éclat ; c’est là un présage tout spécial de bonheur. L’étoile de la longévité apparaît comme autrefois ; elle nous illumine de sa clarté profonde. L’étoile de la sincérité (482) brille à nos p.506 yeux. L’empereur avec respect se prosterne devant l’offrande faite par le grand prieur (483).

Au printemps (109 av. J.-C.), Kong-suen K’ing dit :

— J’ai vu un homme divin sur la montagne. Tong-lai ; il semblait manifester le désir de voir le Fils du Ciel.

Le Fils du Ciel favorisa donc de sa venue la ville de Keou-che. Il honora (Kong-suen) K’ing du titre de tchong-ta-fou, puis se rendit sur (le mont) Tong-lai où il séjourna. Au bout de plusieurs jours rien n’était apparu, sinon les traces des pas d’un géant. Il envoya de nouveau près de mille magiciens rechercher les prodiges divins et récolter la drogue de la plante tche (484). Cette année-là (109 av. J.-C.) il y eut une sécheresse. Alors le Fils du Ciel, ne s’étant acquis aucune renommée, alla faire des prières à Wan-li-cha (485). En passant, il sacrifia au T’ai-chan (486). A son retour, il arriva (à la digue) Hou-tse (487) où il répara en personne la brèche qu’avait produite le Fleuve p.507 (Jaune) ; il y resta deux jours, précipita dans l’eau une victime, puis partit (488). Il envoya deux hauts dignitaires avec des soldats pour fermer la brèche du Fleuve, le transporter dans deux canaux et rétablir l’ancien lit tracé par Yu.

En ce temps, les deux royaumes de Yue (489) avaient été anéantis. Yong-tche, qui en était originaire, dit :

— Il est dans les mœurs des gens de Yue de croire aux mânes ; dans leurs sacrifices ils voient tous des mânes. Souvent ils en reçoivent des avis. Autrefois le roi de Tong-ngeou (490) était plein de respect pour les mânes ; aussi vécut-il jusqu’au grand âge de cent soixante ans. Ses descendants négligèrent ce culte ; c’est pourquoi ils déchurent et périrent.

Alors (l’empereur) ordonna aux sorcières du pays de Yue de faire les prières et les sacrifices de Yue ; on établit une terrasse plane, sans autel ; on y sacrifia aussi aux dieux du ciel, aux Empereurs d’en haut et aux cent mânes et on y pratiqua le tirage au sort par le moyen des poulets (491) ; l’empereur crut à cela. C’est ainsi que les sacrifices du pays de Yue et que le tirage au sort par le moyen des poulets commencèrent à être pratiqués.

Kong-suen K’ing dit :

— Les hommes bienheureux peuvent être vus ; mais, ô Empereur, quand vous allez (à leur recherche), vous êtes toujours trop pressé, et c’est pourquoi vous ne les apercevez pas. Si maintenant Votre Majesté élève un observatoire aussi haut que la p.508 muraille de (la ville de) Keou-che (492) et qu’elle y place des viandes sèches et des jujubes, les hommes divins devront pouvoir être évoqués. J’ajouterai que les hommes bienheureux aiment habiter les bâtiments à étages. 

A la suite de ce discours, l’empereur ordonna qu’on construisit aussitôt à Tch’an-ngan l’observatoire de Fei-lien (493) et celui des cannelliers, et à Kan-ts’iuen l’observatoire de la Longévité prolongée et celui de la Longévité continue. Il envoya (Kong-suen) K’ing, porteur d’un sceptre de délégation, pour les organiser et pour y attendre les hommes divins. Puis il fit élever « l’Estrade qui communique avec le ciel » et disposa au bas tous les apprêts du sacrifice, car il voulait y faire venir les hommes bienheureux et divins. Ce fut alors aussi qu’il ajouta au (palais) Kan-ts’iuen une salle antérieure et que, pour la première fois, il agrandit les salles de toutes les constructions.

En été (109 av. J.-C.), une plante tche  (494) poussa à l’intérieur de l’enceinte de la salle principale (du palais Kan-ts’iuen). Puis lorsque le Fils du Ciel eut bouché la brèche du Fleuve et eut élevé l’Estrade qui communique avec le ciel, il y eut comme une lueur. L’empereur fit alors un décret pour annoncer qu’une plante tche à neuf tiges ayant poussé dans l’enceinte du palais Kan-ts’iuen, il proclamait une amnistie dans l’empire pour ceux qui n’étaient pas récidivistes.

L’année suivante (108 av. J.-C.) il fut vainqueur du p.509 royaume de Tch’ao-sien (495). Il y eut une sécheresse en été (496). Kong-suen K’ing dit :

— Au temps de Hoang-ti, lorsqu’on eut fait le sacrifice fong, il y eut une sécheresse céleste qui dessécha le tertre pendant trois années.

C’est pourquoi l’empereur publia un décret où il disait :

« La sécheresse a pour but de dessécher le tertre. J’ordonne donc que, dans tout l’empire, on sacrifie avec respect aux étoiles Ling (497).

L’année suivante (107 av. J.-C.), l’empereur fit le sacrifice kiao à Yong ; il fit ouvrir le chemin de Hoei-tchong (498) et l’inspecta. Au printemps, il arriva à Ming-tsé (499) ; puis il revint en passant par (la commanderie de) Si-ho.

L’année suivante (106 av. J.-C.), en hiver, l’empereur inspecta la commanderie de Nan et poussa jusqu’à Kiang-ling (500). Puis, se dirigeant vers l’est, il alla p.510 accomplir les rites sur la montagne T’ien-tchou (qui est dans la préfecture) de Ts’ien (501) ; il donna à cette montagne le surnom de Pic du sud. Il navigua sur le Kiang à partir de Siun-yang (502) et débarqua à Tsong-yang (503). Il passa par (le lac) P’ong-li (504) et s’acquitta des rites en l’honneur des montagnes et des fleuves illustres de cette région. Au nord, il alla jusqu’à Lang-ya et longea le bord de la mer. Dans le courant du quatrième mois (15 mai-13 juin 106), il arriva à Fong-kao (505) et y fit de nouveau le sacrifice fong. La première fois que le Fils du Ciel accomplit le sacrifice fong sur le T’ai-chan, (il reconnut qu’) au pied du T’ai-chan, du côté du nord-est, se trouvait autrefois un Ming-t’ang (506) ; cet emplacement était difficile d’accès et mal dégagé. L’empereur voulut construire un Ming t’ang à côté de Fong-kao ; mais il ne p.511 savait point encore quelles en seraient la disposition et les dimensions. Un homme de (la commanderie) de Tsi-nan, nommé Kong-yu Tai, offrit à l’empereur un plan qui représentait le Ming-t’ang du temps de Hoang-ti. Dans ce plan, au centre se trouvait un édifice dont les quatre côtés n’avaient pas de paroi et dont le toit était fait de chaume ; un fossé circulaire plein d’eau entourait le mur d’enceinte du bâtiment ; une allée couverte surmontée d’un pavillon avait son entrée du côté du sud-ouest ; elle s’appelait Koen-loen (507) ; le Fils du Ciel la suivait lorsqu’il entrait pour faire les prosternations et offrir les sacrifices en l’honneur des Empereurs d’en haut. — Alors l’empereur ordonna à la ville de Fong-kao de construire un Ming-t’ang sur le bord de la rivière Wen, d’après le plan de (Kong-yu) Tai.

Puis, la cinquième année (106 av. J.-C.) (508), il recommença le sacrifice fong. Il fit des sacrifices à T’ai-i et aux cinq Empereurs sur les sièges supérieurs du Ming-t’ang. Il ordonna que le siège du sacrifice à Kao Hoang-ti (509) fût mis en face. Il sacrifia à la souveraine Terre dans la maison inférieure et lui immola vingt grandes victimes. Le Fils du Ciel prit, pour entrer, le chemin Koen-loen (510) ; pour la première fois il fit dans le Ming-t’ang les prosternations en suivant les rites du sacrifice kiao. Les rites terminés, il brûla (les victimes) au bas de la salle.

p.512 Ensuite l’empereur monta de nouveau sur le T’ai-chan, et, parvenu au sommet, il y fit en personne un sacrifice secret. Au pied du T’ai-chan il sacrifia aux cinq Empereurs en observant pour chacun d’eux l’orientation qui lui convenait ; mais l’Empereur jaune et l’Empereur rouge furent ensemble (511). Des officiers aidaient au sacrifice. Sur la montagne flambaient des feux auxquels d’autres répondaient en bas de toutes parts.

Deux ans plus tard, au jour kia-tse (25 décembre 105) qui était le premier du onzième mois, ce fut, au point du jour, le solstice d’hiver. Ceux qui calculèrent le calendrier firent de (cette date) la première origine (512). Le Fils du Ciel se rendit en personne au T’ai-chan, et, au jour kia-tse qui était le premier du mois et sur lequel tombait au matin le solstice d’hiver, l’empereur sacrifia aux Empereurs d’en haut dans le Ming-t’ang. Il ne refit pas les sacrifices fong et chan.

Celui qui aidait à offrir le sacrifice dit :

— Le Ciel a derechef donné à l’empereur les achillées magiques du grand principe (513). La période est révolue et elle recommence. L’empereur se prosterne avec respect devant T’ai-i (514).

L’empereur alla du côté de l’est jusqu’au bord de la p.513 mer ; il soumit à un examen ceux qui naviguaient sur la mer et les magiciens et ceux qui recherchaient les dieux ; leurs discours se trouvèrent sans fondement. Cependant l’empereur continua à les charger de missions en toujours plus grand nombre, car il espérait qu’ils atteindraient leur but.

Le onzième mois, au jour i-yeou (15 janvier 104), (la terrasse) Po-leang (515) fut incendiée.

Au jour kia-ou (24 janvier 104), qui était le premier du douzième mois, l’empereur alla en personne faire le sacrifice chan (sur la montagne) Kao-li (516). Il sacrifia à la souveraine Terre. Il se rendit sur le rivage du P’o-hai pour y sacrifier de loin aux habitants du P’ong-lai. Il espérait pouvoir pénétrer dans leur salle merveilleuse.

A son retour l’empereur tint une assemblée de la cour et reçut les rapports (517) à Kan-ts’iuen parce que (la terrasse) Po-leang avait été incendiée. Kong-suen K’ing parla en ces termes :

— Douze jours après que Hoang-ti eut achevé la terrasse de Ts’ing-ling, elle fut incendiée. Hoang-ti construisit alors le Ming-t’ing. Le Ming-t’ing n’est autre que Kan-ts’iuen. Les magiciens parlent souvent d’anciens souverains qui avaient leur capitale à Kan-ts’iuen.

A la suite de ce discours, le Fils du Ciel tint une nouvelle assemblée des seigneurs à Kan-ts’iuen ; il fit élever en ce lieu des palais pour les seigneurs.

Yong-tche (518) dit :

— C’est une coutume du pays de Yue que, lorsqu’un bâtiment a été incendié, on élève une nouvelle construction et on ne manque pas de la faire p.514 plus grande, de manière à vaincre et à soumettre (la mauvaise influence, cause du premier désastre).

Alors l’empereur bâtit le palais Kien-tchang (519) ; les dimensions en étaient telles qu’il s’y trouvait mille portes extérieures et dix mille petites portes intérieures ; la salle de devant dépassait en hauteur celle du palais Wei-yang (520). A l’est se trouvait la « Porte du phénix », haute de plus de deux cents pieds. A l’ouest, au milieu de l’avenue (521), était le « Parc du tigre » qui couvrait plusieurs dizaines de li. Au nord, l’empereur fit faire un grand étang au milieu duquel s’élevait la « Terrasse baignée d’eau », haute de plus de deux cents pieds ; il l’appela (l’étang) T’ai-ye. Dans l’étang se trouvaient les îles P’ong-lai, Fang tchang, Yng-tcheou, et Hou-leang, les imitations de ce qu’il y a dans la mer, montagnes saintes, tortues, poissons (522), etc. Au sud étaient la « Salle de jade », la « Porte ayant la forme d’un anneau de jade », le « Grand Oiseau (523) », etc. Puis (l’empereur) éleva la « Terrasse des dieux » et la « Tour de la barrière du puits (524) » qui mesurait cinq cents pieds ; une route par laquelle le char de l’empereur pouvait passer reliait ces bâtiments entre eux.

p.515 ? En été (104 av. J.-C.), (le souverain de la dynastie) Han changea le calendrier ; du premier mois il fit le commencement de l’année (525). Il mit en honneur la couleur jaune, changea le nom des fonctions (526) et donna cinq caractères aux inscriptions des sceaux (527). Ce fut la première année T’ai-tch’ou.

Cette année-là (104 av. J.-C.), (l’empereur) attaqua à l’ouest le royaume de Ta-yuan (528). Il y eut de grands vols de sauterelles. Ting Fou-jen et Yu Tch’ou, qui était originaire de Lo-yang, se servirent de leur art magique pour faire des sacrifices accompagnés d’imprécations contre les Hiong-nou et Ta-yuan.

L’année suivante (103 av. J.-C.), un officier dit à l’empereur :

— Dans les cinq lieux saints de Yong on n’opère pas la cuisson des victimes ; la bonne odeur (de la viande rôtie) ne s’y trouve pas.

Alors (l’empereur) ordonna aux ministres des sacrifices d’amener aux lieux saints des veaux en guise de victimes ; quant à la couleur, elle était celle dont triomphait celui qui mangeait (529). On remplaça d’autre part les poulains par des simulacres p.516 de chevaux faits en bois (530). C’était seulement au sacrifice du cinquième mois qu’on immolait un poulain ; quand (l’empereur) allait en personne faire le sacrifice kiao, on se servait d’un poulain ; pour ce qui est des montagnes et des fleuves illustres, dans tous les cas où on offrait (auparavant) un poulain, on le remplaça par un simulacre de cheval fait en bois. (Mais) quand (l’empereur) y passait, on se servait d’un poulain. Les autres rites restèrent comme par le passé.

L’année suivante (102 av. J.-C.), l’empereur alla faire une tournée du côté de l’est au bord de la mer. Il examina ce qui avait trait aux dieux et aux bienheureux et ne trouva encore rien qui eût quelque fondement. Les magiciens prétendirent qu’au temps de Hoang-ti il y avait cinq murs et douze tours où l’on attendait les hommes divins à Tche-k’i (531) ; le nom de cette construction était Yng-nien (532). L’empereur permit de bâtir, sur les indications des magiciens, (un édifice semblable) auquel il donna le nom de Ming-nien (533). Il alla lui-même accomplir les sacrifices rituels en l’honneur des Empereurs d’en haut.

Kong-yu Tai dit :

— Au temps de Hoang-ti, bien que (ce souverain) eût fait le sacrifice fong sur le T’ai-chan, cependant Fong-heou, Fong-tch’en et K’i-po (534) l’engagèrent p.517 à faire le sacrifice fong sur le T’ai-chan de l’est (535) et le sacrifice chan sur la montagne Fan, et à vérifier les insignes (536). Ensuite, il devint immortel.

Le Fils du Ciel, ayant donné l’ordre qu’on disposât tous les apprêts du sacrifice, se rendit au T’ai-chan de l’est ; mais ce T’ai-chan était bas et petit et ne répondait pas à sa renommée ; aussi (l’empereur) commanda-t-il aux ministres des sacrifices d’y accomplir les rites, mais il n’y fit point les sacrifices fong et chan. Quelque temps après, il manda à (Kong-yu) Tai de s’occuper de ce sacrifice et d’attendre là les êtres divins.

L’été venu (102 av. J.-C.), il retourna au T’ai-chan ; il recommença comme auparavant les rites quinquennaux. Il y ajouta le sacrifice chan à Che-lu ; ce Che-lu se trouve au pied du T’ai-chan, du côté méridional ; les magiciens répétaient souvent que là était la porte (537) des hommes divins ; c’est pourquoi l’empereur y fit en personne le sacrifice chan.

Cinq ans plus tard (98 av. J.-C.), il retourna au T’ai-chan pour y accomplir le sacrifice fong. En revenant, il passa par la montagne Heng et y sacrifia (538).

Les sacrifices que le Fils du Ciel actuel a institués sont ceux à T’ai-i et à la souveraine Terre. Tous les trois ans, il fait en personne le sacrifice kiao. Il a accompli le premier pour la maison des Han les cérémonies fong et p.518 chan et tous les cinq ans il recommence la cérémonie fong. Quant aux sacrifices à T’ai-i tels que les a établis (Mieou) Ki (539), originaire de Po, quant aux sacrifices aux Trois unités (540), quant à ceux qui sont faits en l’honneur du Mouton caché, de l’activité du coursier et des Étoiles rouges (541), et quant aux sacrifices sur les cinq autels (542) auxquels est préposé K’oan Chou, on y accomplit les rites aux saisons de l’année ; ces six sacrifices, c’est le grand prieur qui en avait la surveillance. Pour ce qui est des sacrifices aux huit dieux (543), et à tous les dieux, (des sacrifices qui s’accomplissent dans l’édifice) Ming-nien (544) et sur la montagne Fan, et pour ce qui est des autres sacrifices renommés, (l’empereur) les célèbre lorsqu’il traverse l’endroit où ils se font ; lorsqu’il a passé, tout est fini. S’il est un sacrifice qu’un magicien ait institué, il y préside lui-même ; quand l’homme est mort, tout est fini ; les ministres des sacrifices ne s’en occupent pas. Dans tous les autres sacrifices on suit les usages qui sont propres à chacun d’eux.

L’empereur actuel a fait les sacrifices fong et chan ; douze ans plus tard (98 av. J.-C.), lorsqu’il revint (à la capitale), il avait fait la tournée complète des cinq pics (545) et des quatre cours d’eau (546).

Quant aux magiciens qui attendaient les hommes p.519 divins, qui leur sacrifiaient, et qui allaient sur la mer à la recherche du (mont) P’ong-lai, ils n’apportèrent jamais aucune preuve de leurs dires. La démonstration que Kong-suen K’ing donna de l’existence des dieux qu’il attendait par des empreintes de pas gigantesques était aussi sans effet. Le Fils du Ciel se lassa de plus en plus des propos étranges des magiciens ; mais le licou ne fut pas complètement rompu (547) et (l’empereur) espérait toujours trouver réellement ce qu’ils promettaient. Aussi depuis cette époque les magiciens qui ont parlé de sacrifices aux dieux ont-ils été toujours plus nombreux ; mais les effets qu’ils produisent, on peut les voir (548).

Le duc grand astrologue dit : J’ai accompagné l’empereur lorsque, dans ses tournées, il alla sacrifier au Ciel et à la Terre, à la foule des dieux, aux montagnes et aux fleuves illustres, et lorsqu’il fit les cérémonies fong et chan ; j’ai pénétré dans le Palais de la Longévité ; j’y ai assisté aux sacrifices et j’y ai entendu parler les esprits (549). J’ai examiné à fond les croyances des magiciens et des prêtres. Puis je me suis recueilli et j’ai passé en revue depuis l’antiquité jusqu’à nos jours toutes les occasions où on a rendu un culte aux mânes et aux dieux ; j’en ai vu le dehors et le dedans. Plus tard, quelque sage pourra se servir (de mon écrit) pour se faire un jugement. Quant au détail des étals, des vases, des objets en jade et des pièces de soie, et quant aux rites des offrandes et des libations, c’est chez les préposés (aux sacrifices) que la tradition en est conservée.

Notes

(101. ) Ce traité embrasse toutes les cérémonies de la religion d’État. Mais Se-ma Ts’ien lui donne plus spécialement le titre de Traité sur les sacrifices fong et chan, parce que ces sacrifices sont plus importants que tous les autres.

— Les commentateurs ne sont pas d’accord sur le sens qu’il convient de donner aux termes fong et chan. Le caractère [] signifie, suivant les uns, « faire un tas de terre » ; en effet, pour le sacrifice fong, on élevait un tertre au sommet d’une montagne. Selon d’autres auteurs, ce caractère signifie « sceller », car on scellait les tablettes sur lesquelles étaient écrites des prières destinées à rester secrètes. — D’après Tchang Cheou-tsie, le caractère chan serait l’équivalent phonétique de [] et ferait allusion au caractère divin de la cérémonie. Selon Yuen Hong, cité par Ma Toan-lin dans son chapitre sur les sacrifices fong et chan, le caractère chan serait l’équivalent de « céder » et indiquerait l’acte religieux par lequel les anciens rois annonçaient au Ciel la cession de leur trône à un successeur ; cette interprétation se justifie par un texte de Mencius (V, a, 6 ; Legge, C.C., vol. II, p. 237) dans lequel le caractère chan sert en effet à désigner la cession volontaire que Yao et Choen firent de leur trône.

— Quel que soit le sens exact de ces mots, les cérémonies qu’ils désignent ne sont pas douteuses ; le sacrifice fong se faisait en l’honneur du Ciel dont on symbolisait la hauteur en élevant un tertre au sommet d’une montagne. Le sacrifice chan se faisait en l’honneur de la Terre dont on symbolisait l’étendue en aplanissant une aire sur une colline basse.

— La traduction de ce traité publiée en 1890 dans le Journal of the Peking Oriental Society était mon début en sinologie ; j’ai dû la remanier fortement.

(102. ) Les sacrifices fong et chan furent accomplis par l’empereur Ou en l’an 110 avant J.-C. Ce souverain prétendait qu’il se bornait ainsi à remettre en honneur de très vieilles cérémonies ; mais l’antiquité des sacrifices fong et chan est fort contestable ; ce qui est certain, c’est qu’aucun texte très ancien ne les mentionne. Se-ma Ts’ien, qui croyait à la théorie soutenue par l’empereur Ou, se demande comment il se fait que ces sacrifices n’aient cependant pas été célébrés par la plupart des souverains de l’antiquité ; il cherche à en donner les raisons.

(103. ) Allusion à Ts’in Che-hoang-ti. Se-ma Ts’ien répète plus loin cette même phrase en l’appliquant formellement à cet empereur ; cf. p. 439, n. 4.

(104. ) La montagne sainte du Chan-tong, près de la préfecture de T’ai-ngan.

(105. ) Au lieu de [ab], toutes les anciennes éditions des Mémoires historiques écrivent [a Leang fou b]. L’édition de K’ien-long dénonce les deux mots Leang-fou comme interpolés et les supprime avec raison du texte ; la présence de ces deux mots (qui désignent une colline voisine du T’ai-chan) rendrait tout le paragraphe inintelligible.

(106. ) Cf. Luen-yu, XVII, 20. Legge, Chinese Classics, vol. I, p. 191.

(107. ) Cette citation du Chou King se trouve déjà dans les Annales principales des cinq empereurs. Nous renvoyons aux notes de notre premier volume, pp. 58-65.

(108. ) Cette phrase et celles qui sont, plus bas, placées entre tirets, sont des gloses introduites par Se-ma Ts’ien pour expliquer le texte qu’il cite.

(109. ) Le Heng-chan est à 30 li à l’ouest de la sous-préfecture du même nom, préfecture de Heng-Tcheou, province de Hou-nan.

(110. ) A 10 li au sud de la sous-préfecture de Hoa-yn, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.

(111. ) Le Heng-chan est dans la sous-préfecture de Hoen-yuen, préfecture de Ta-t’ong, province de Chan-si.

(112. ) A 10 li au nord de la sous-préfecture de Teng-fong, préfecture et province de Ho-nan.

(113. ) Cf. tome I, p. 168, où la légende est rapportée d’une manière différente.

(114. ) Cf. tome I, note 03.144.

(115. ) Cf. tome I, pp. 191-192.

28.(116. ) Cf. tome I, p. 195.

(117. ) Cf. tome I, note 03.195.

(118. ) Cf. tome I, p. 190.

(119. ) Cf. tome I, p. 198.

(120. ) Le titre Tcheou koan désigne soit un chapitre du Chou King, soit le Tcheou li. Mais ni dans l’un ni dans l’autre de ces écrits je n’ai retrouvé le texte cité ici.

(121. ) Cf. pp. 415-416.

(122. ) Ce texte est tiré des Ordonnances royales du Li ki ; cf. Legge, S. B. E., vol. XXVII, p. 225. — L’empereur est chargé des sacrifices aux cinq grandes montagnes et aux quatre principaux cours d’eau de l’empire ; il traite les premières avec les mêmes honneurs que si elles étaient des ducs du palais ; il traite les seconds avec les mêmes honneurs que s’ils étaient des seigneurs. Quant aux seigneurs, ils n’ont pas le droit de sacrifier aux montagnes et aux fleuves de tout l’empire ; chacun d’eux honore les montagnes et les cours d’eau qui se trouvent sur son territoire particulier.

(123. ) Cf. tome I, note 02.152.

(124. ) Cf. tome I, note 02.131.

(125. ) Cf. le chap. Wang tche du Li ki, Legge, S. B. E., vol. XXVII, p. 219, § 20.

— Sur le Ming t’ang, cf. le XIIe chapitre du Li ki ; Legge, S. B. E., vol. XXVIII, p. 28, donne, d’après un auteur chinois, un plan de cet édifice.

— Le Pi-yong était un petit bâtiment carré entouré d’un fossé circulaire ; la forme de ce fossé le faisait ressembler à un anneau de jade (pi) ; il était rempli (yong) d’eau pour symboliser l’écoulement et la propagation des vertueux enseignements ; de là vient le nom de Pi-yong donné à l’édifice tout entier. Un fort beau Pi-yong a été construit en 1783 par l’empereur K’ien-long dans le Kouo-tse-kien de PéKing où on peut le voir aujourd’hui.

— Le P’an-kong était un édifice rainuré à moitié d’un fossé semi-circulaire.

(126. ) Cf. tome I, note 01.296.

(127. ) Pour récompenser le duc de Tcheou de ses éminents services, le roi Tch’eng autorisa ses descendants à célébrer des sacrifices qui étaient l’apanage du Fils du Ciel ; ainsi les princes de Lou, descendants du duc de Tcheou, eurent le droit de faire le sacrifice kiao dans la banlieue et de sacrifier au roi Wen comme à leur ancêtre. Cf. Mém. hist., chap. XXXIII, p. 3 v° ; Li ki, chap. Ming t’ang wei ; Legge. S. B. E., vol. XXVIII, p. 32.

(128. ) On a vu (tome I, n. 03.144) que le dieu de la terre était resté, malgré les changements de dynastie, celui qu’avait établi la dynastie Hia dont le fondateur était Yu le grand ; d’autre part, le prince Tsi, qui devint le dieu des moissons sous la dynastie Yn, passe pour avoir été contemporain de Yu le grand ; c’est donc jusqu’à l’époque lointaine de Yu le grand qu’il faut remonter pour trouver l’origine des sacrifices qui se célébraient en l’honneur des dieux de la terre et des moissons dans la banlieue (kiao).

(129. ) Cf. tome I, p. 285.

(130. ) La Marche d’occident avait son centre politique à 120 li au sud-ouest de la préfecture secondaire actuelle de Ts’in, dans la province de Kan-sou ; c’est près de là que fut établi, en 770 avant J.-C., le lieu saint de Si.

(131. ) Cf. tome I, note 01.287.

(132. ) Le blanc est la couleur qui correspond à l’ouest dans la théorie des cinq éléments ; Chao-hao est l’Empereur blanc parce qu’il préside à l’ouest. Il semble ainsi que, dès l’année 770 avant J.-C., la théorie des cinq empereurs et des cinq éléments fut florissante dans le pays de Ts’in.

(133. ) Cette date se rapporte, non à l’établissement du duc Wen entre les rivières K’ie et Wei, mais à l’institution du lieu saint de Fou. Au lien de « seize ans », le Ts’ien Han chou écrit « quatorze ans » et a raison ; en effet, le lieu saint de Si fut institué en 770 avant J.-C., et le lieu saint de Fou fut institué en 756, soit quatorze ans plus tard.

(134. ) Cf. tome II, n. 05.147. D’après Se-ma Tcheng, la nouvelle résidence du duc Wen se trouva sur l’emplacement de la ville de Mei, à 15 li au nord-est de la sous-préfecture de ce nom, préfecture de F’ong-siang, province de Chàn-si.

(135. ) A 70 li au sud-est de la sous-préfecture de Lo-tcho’an, préfecture secondaire de Fou, province de Chàn-si.

(136. ) L’ancienne ville de Yong, qui fut la capitale de l’État de Ts’in à l’époque tch’oen-ts’ieou, se trouvait sur l’emplacement de la ville préfectorale de Fong-siang, province de Chàn-si.

(137. ) On trouve ici l’idée, si fréquente chez les peuples anciens, que les dieux se plaisent sur les hauts lieux.

(138. ) [ab]. Le caractère [a] signifie « enfoncer, insérer », et le caractère [b] désigne une large ceinture. Cette expression a donc le sans de : ceux qui portent enfoncé dans leur ceinture le hou, c’est-à-dire la fiche en jade, ou en ivoire, ou en bambou qu’on tenait à la main lorsqu’on s’adressait au souverain et sur laquelle on écrivait les ordres donnés par le prince. On trouve aujourd’hui encore l’expression analogue [cb] employée pour désigner les fonctionnaires civils de l’empire, par exemple dans le titre du « Livre rouge » officiel.

(139. ) La montagne Tch’en-ts’ang était au sud de la ville de ce nom et cette ville elle-même était à 20 li à l’est de 1a sous-préfecture actuelle de Pao-ki, préfecture de Fong-siang, province de Chàn-si. Cf. tome II, n. 05.151 ; dans cette note, le texte de la « Géographie de la période t’ai-k’ang » a été mal traduit ; il faut lire :

« Le nom de cet animal est Wei ; il demeure toujours dans la terre et mange la tête des hommes morts ; si on veut le tuer, qu’un cyprès frappe sa tête.

Cette légende explique la coutume de planter des cyprès sur les tombes ; les racines de cet arbre étaient censées percer la tête de l’animal malfaisant qui dévorait sous terre la cervelle des morts, Cf. De Groot, The religious system of China, vol. II, p. 468-469.

(140. ) D’après Jou Choen, le mot [] est ici l’équivalent du mot tche qui était frappé de tabou, parce qu’il avait été le nom personnel de l’impératrice Lu ; cf. tome II, n. 08.120.

(141. ) Il faudrait dire : soixante-dix-neuf ans, si on veut se conformer aux indications des Tableaux chronologiques, qui rapportent l’avènement du duc à l’année 677, et non à l’année 678.

(142. ) Cf. tome II, n. 05.175.

(143. ) D’après Se-ma Tch’eng, il faut lire [] au lieu de [] ; le duc aurait donc immolé trois victimes blanches, et non trois cents victimes. Le blanc est en effet la couleur qui correspond à l’ouest ; cf. n. 132.

(144. ) Cf. tome II, n. 05.177.

(145. ) Cf. tome II, n. 05.181.

(146. ) Le Ts’ien Han chou écrit « treize ans » et a raison.

(147. ) Cf. tome II, n. 05.197.

(148. ) Sur Koan I-ou, cf. Mémoires historiques, chap. LXII.

(149. ) A 80 li au nord de la sous-préfecture de Se-choei, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(150. ) Sur le nombre 72, cf. tome II, n. 08.108.

(151. ) Ou-hoai est cité par Se-ma Tcheng dans ses Annales des trois souverains ; cf. tome I, p. 20.

(152. ) Cette montagne était à l’est du mont Leang-fou, D’après la géographie Kouo ti tche, elle se serait trouvée à 30 li au sud-ouest de l’ancienne ville de Po-tch’eng, située elle-même au sud-est de la préfecture actuelle de T’ai-ngan.

(153. ) Se-ma Tcheng ne fait qu’un seul personnage de Yen-ti et de Chen-nong ; cf. tome I, n. 00.139.

(154. ) D’après Yng Chao, cette montagne se serait trouvée à une dizaine de li au nord de l’ancienne ville de K’iu-p’ing, située elle-même au sud-ouest de la préfecture actuelle de T’ai-ngan.

(155. ) Cf. tome I, n. 02.301.

(156. ) A 13 li au sud de l’ancienne ville de K’iu-p’ing ; cf. n. 154.

(157. ) Koan-tse détourne le duc Han de son projet en lui montrant que tous ceux qui ont accompli les sacrifices fong et chan avaient au préalable reçu le mandat du Ciel qui leur conférait l’autorité souveraine. Le duc Hoan, qui n’est point empereur, ne saurait donc faire de tels sacrifices.

(158. ) Le duc Hoan se désigne ici par l’expression « homme de peu de vertu » ; c’était l’expression par laquelle un seigneur devait se désigner lorsqu’il parlait de lui-même ; elle n’a donc ici pas d’autre valeur que celle du pronom personnel de 1a première personne.

(159. ) Cf. tome I, n. 04.129, ad fin.

(160. ) Cf. tome II, n. 06.278.

(161. ) D’après le commentaire peu explicite de Wei Tchao il semble que la manœuvre dont il est ici question consiste à soulever les chars de terre et à les suspendre entre deux chevaux, comme on le fait aujourd’hui pour les chaises à mules.

(162. ) Cette montagne était sur le territoire de la sous-préfecture actuelle de P’ing-lou, préfecture secondaire de Kie, province de Chàn-si.

(163. ) Ville qui appartenait au pays de Tch’ou ; elle a trouvait à 35 li à l’est de la sous-préfecture actuelle de Yen-tch’eng, préfecture secondaire de Hiu, province de Ho-nan.

(164. ) Cette montagne était sur le territoire de la préfecture actuelle de Nan-yang, dans la province de Ho-nan ; il ne faut pas la confondre avec la montagne de même nom dont il est question dans le Tribut de Yu.

(165. ) En 681, en 656 et en 655, le duc Hoan réunit les seigneurs pour les mener à des expédition militaires ; en 680, 679, 678, 655, 652 et 651 il les réunit en assemblées pacifiques ; cf. le Tso tchoan aux dates indiquées.

(166. ) C’est grâce au duc Hoan que le roi Siang fut nommé Fils du Ciel.

(167. ) Le caractère [] se prononce ici Ho.

(168. ) Comme l’explique Yen Che-kou, ce qu’on remplissait ainsi, c’étaient les vases fou et koei dont on se servait aux sacrifices. On trouvera des dessins de ces vases dans le Dictionnaire chinois-français du P. Couvreur, p. 77 et p. 435.

(169. ) Cf. Bretschneider, Plants mentioned in classical works, n° 459.

(170. ) Les commentateurs disent que ces poissons sont comme des moitiés de poissons et ces oiseaux comme des moitiés d’oiseaux. Ils sont obligés de s’accoler à une autre moitié symétrique pour former pour former un être complet capable de nager ou de voler.

(171. ) Le Che ki luen wen remarque que ce nombre de quinze n’a ici aucune raison d’être, mais que, comme les nombres soixante-douze (cf. tome II, n. 08.108) et douze dont il a été parlé plus haut, il se rapporte à la théorie de la course du soleil. Il semble que, dans ce discours de Koan-tse sur les anciens souverains qui accomplissent les sacrifices fong et chan, nous ayons le débris d’un vieux mythe solaire dans lequel l’apparition du soleil au-dessus des montagnes de l’Orient était conçu comme un sacrifice célébré par un souverain au sommet de ces montagnes.

(172. ) Il faut entendre sans doute que ces objets étaient des objets extraordinaires et de bon augure, comme ceux qui viennent d’être mentionnés.

(173. ) Ce sont de mauvais présages.

(174. ) Cf. tome II, p. 29.

(175. ) En 651, I-ou, qui fut le duc Hoei ; en 637, Yu, qui fut le duc Hoai (cf. tome II, p. 36) ; en 636, Tch’ong-eul, qui fut le duc Wen.

(176. ) Cf. Luen yu, chap. III, § 11 ; Legge, C. C., vol. I, p. 22. Le sacrifice ti ne pouvait être célébré que par l’empereur.

(177. ) Ce texte ne se trouve pas dans le Che King.

(178. ) Cf. n. 15.110.

(179. ) Voyez ce propos de Confucius dans le Luen yu, chap. III, § 6 ; Legge, C. C. vol. I, p. 20.

(180. ) Un des noms par lesquels on désignait le renard était « celui qui ne vient pas », en tirant sur « celui qui ne vient pas », Tch’ang Hong espérait faire accroire aux seigneurs que son art magique réussirait par ce moyen à atteindre et à perdre ceux d’entre eux qui ne venaient pas. Une ode perdue du Che King portait le titre de « la tête de renard » ; elle réglait les mouvements du tir à l’arc et peut-être l’artifice de Tch’ang Hong l’a-t il inspirée. Cf. Li ki, chap. Yo ki et Che i ; Legge, S. B. E., vol. XXVIII, p. 124 et 447.

(181. ) D’après le Tso tchoan, cette mort eut lieu en 492 avant J.-C.

(182. ) Cf. tome I, note 04.499, et tome II, p. 59.

(183. ) Cf. tome II, n. 07.105. Cet événement est indiqué comme ayant eu lieu en 368, dans le 3e tableau chronologique des Mémoires historiques ; mais ailleurs, Se-ma Ts’ien le rapporte à l’année 367 ; cf. tome II, p. 59.

(184. ) Le mot hoei désigne les carrés où on plante des légumes ; le lieu saint affectait cette forme.

(185. ) D’après Siu Koang, il faut entendre cent vingt ans après la prédiction de Tan.

(186. ) Cf. tome II, n. 05.493. et n. 06.290. .

(187. ) Cf. tome II, n. 06.289.

(188. ) Cette indication est entièrement erronée ; le texte du Ts’ien Han chou montre qu’il s’agit en réalité de l’année 221 avant J.-C.

(189. ) D’après les commentateurs, ce ver de terre aurait eu des dimensions colossales.

(190. ) Cf. tome I, note 04.167.

(191. ) Cf. tome II, p. 130.

(192. ) Cf. tome II, p. 140.

(193. ) Cf. tome II, n. 06.246.

(194. ) Cf. tome II, n. 06.247.

(195. ) Cf. tome II, n. 06.316. Ce personnage est appelé plus loin Sien-men Tse-kao.

(196. ) Dans l’expression [abc], le mot [a] a le sens de « immédiatement, aussitôt ».

(197. ) L’Auguste duc est considéré comme l’ancêtre des princes de Ts’i ; il était contemporain de roi Ou, fondateur de la dynastie Tcheou.

(198. ) Cette explication repose sur une identité phonétique de mots. Comme on le lira quelques lignes plus bas, le nombril du ciel était un lac qui se trouvait dans le pays de Ts’i.

(199. ) Le nom de Maître du ciel est celui par lequel les catholiques désignent Dieu en chinois, et celui qui désigne Indra chez les écrivains bouddhiques.

Notre ponctuation et notre traduction se justifient par les textes suivants :

1° dans le présent traité, on lira, à la date de l’année 110 avant J.-C. :

« Arrivé au (mont) Leang-fou, il sacrifia suivant les rites au Maître de la terre » ;

Lieou Pan, (commentaire du Ts’ien Han chou, chap. I, p. 10 r°) dit :

« Les huit dieux sont ceux que le Traité sur les sacrifices appelle le Maître du ciel, le Maître de la terre, le Maître de la guerre ... »

— D’autre part, cependant, le Che ki luen wen, dont la ponctuation est en général parfaitement correcte, place, dans cette phrase et dans les sept qui la suivent, le point avant le mot [] ; en outre, dans le Ti li tche du Ts’ien Han chou, à l’article de la commanderie de Tong-lai, on lit que, dans la préfecture de Pou-ye il y a le sacrifice au soleil (et non au maître du soleil) sur la montagne Tch’eng ; et, à l’article de la commanderie de Lang-ya, on lit que, dans la préfecture de Lang-ya, il y a le sacrifice aux quatre saisons (et non au maître des quatre saisons). On voit que ce texte peut admettre deux ponctuations différentes.

(200. ) Cf. tome II, n. 07.261.

(201. ) Ce passage est certainement altéré ; il faut le corriger en substituant dans la première phrase le terme « la Terre » au terme « le Ciel », et, dans la seconde phrase, le terme « le Ciel » au terme « la Terre ». En effet :

1° C’est la Terre qui correspond au principe yn et le Ciel qui correspond au principe yang ;

2° ce passage explique celui qui le précède : on sacrifie en l’honneur du Ciel au lac appelé le Nombril du ciel, car l’usage est de sacrifier au Ciel sur un tertre rond situé au milieu d’un étang ; on sacrifie en l’honneur de la Terre sur le mont Leang-fou, petite hauteur située au pied du massif du T’ai-chan, car l’usage est de sacrifier à la Terre au pied d’une haute montagne et au sommet d’une petite ;

3° enfin le tertre rond ne peut convenir qu’au sacrifice en l’honneur du Ciel ; d’après les idées chinoises, la terre est carrée et le ciel est rond ; dans le XXIIe chapitre du Ts’ien Han chou, nous lisons que l’empereur Ou sacrifia à la Terre sur un tertre carré situé au milieu d’un étang, et au Ciel sur un tertre rond.

(202. ) D’après Se-ma Tchang, le caractère [] se prononce ici K’an ; cette opinion se fonde sur un passage de l’ouvrage sur les sépultures impériales intitulé Hoang lan (IIIe siècle de notre ère), d’après lequel le tombeau de Tch’e-yeou (sur lequel, cf. tome I, p. 27 et 29) se trouvait dans le canton de K’an, de la sous-préfecture de Cheou-tchang (aujourd’hui, au sud-ouest de la préfecture secondaire de Tong-p’ing, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong).

(203. ) Au nord de la sous-préfecture de Wen-chang, préfecture de Yen-tcheou, province de Chan-tong.

(204. ) Un commentaire identifie ces Trois montagnes avec les [] qui se trouvent sur le territoire de la préfecture de K’iu-tcheng ; l’ancienne préfecture de K’iu-tcheng était elle-même à 60 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de I, préfecture de Lai-tcheou, province de Chan-tong.

(205. ) Cf. tome II, n. 06.259.

(206. ) Dans la sous-préfecture de Lai-yang, préfecture de Teng-tcheou, province de Chan-tong.

(207. ) Cf. tome II, n. 06.258.

(208. ) Cf. tome II, n. 06.261.

(209. ) Le sacrifice aux Quatre saisons se fait dans une localité située à l’orient, parce que c’est l’orient qui symbolise la première des quatre saisons de l’année ; on peut dire que c’est à l’est que commence l’année.

(210. ) Les personnages dont le nom de famille est Tseou et qui sont appelés ici les Tseou-tse furent au nombre de trois ; on trouvera quelques détails sur eux dans le LXXIVe chapitre des Mémoires historiques, Le premier d’autre eux, Tseou Ki, fut admis en 358 avant J.-C. auprès du roi Wei (378-343) qu’il avait su charmer par son talent de musicien. Le second fut Tseou Yen qui vécut au temps du roi Hoei (370-335) du pays de Wei, et du roi Tchao (311-279), du pays de Yen ; c’est Tseou Yen qui paraît avoir été le principal inventeur de la théorie des cinq éléments.

(211. ) Sur cette théorie, cf. tome I, Introduction, p. CXLIII-CXLIV.

(212. ) D’après un certain Yo Yen, qui prétend citer le Tao King de Lao-tse, Song Ou-ki serait le nom de l’immortel qui demeure dans la lune. Je ne sais quelle est l’origine de cette légende.

(213. ) Cf. n. 195.

(214. ) Les commentateurs hésitent à voir dans ces deux caractères un nom propre ; peut-être faut-il traduire : « et Sien-men Tse-kao qui vint le dernier. » Cf. Soei chou, chap. LXXXIV, p. 2 r° : « Cho-t’ou arriva le dernier. »

(215. ) Cf. n. 210.

(216. ) Dans l’expression [ab], le mot [b] implique l’idée de conciliation, et le mot [a] (litt. : témérairement, à la légère) donne à entendre que cette conciliation est obtenue par des moyens frivoles et méprisables.

Cf. Mém. hist., chap. LXXIV, p. 2 r° : « Comment cela serait-il le fait d’un homme dont l’unique souci serait de flatter les goûts de son époque et de se concilier les gens par de vils moyens ?

Mém. hist., chap. CXXIV, p. 1 r° : « Leur justice ne se conciliait point par de vils moyens leurs contemporains ; aussi leurs contemporains les raillaient-ils.

(217. ) Cf. tome II, p. 152.

(219. ) Cf. tome II, n. 06.315.

(220. ) C’est en 219 que Che-hoang passa près de la montagne Siang : il ne semble pas qu’il s’y soit rendu dans son voyage de l’année 210. Cf. tome II, n. 06.292.

(221. ) Cf. tome II, p. 186.

(222. ) Cf. tome II, p. 198.

(223. ) L’édition de Chang-hai donne la leçon « treize années ».

(224. ) Le Che ki luen wen voit dans cette phrase une intention satirique ; l’empereur Ou croyait que l’accomplissement des sacrifices fong et chan assurerait à sa dynastie une longue durée ; l’historien fait remarquer que ces cérémonies n’avaient pas empêché la dynastie Ts’in d’arriver promptement à sa ruine.

(225. ) Cf. n. 103.

(226. ) Cf. n. 112.

(227. ) Cf. pp. 415-416.

(228. ) Le Kiang, le Ho et les rivières Hoai et Tsi.

(229. ) Cf. tome II, n. 05.222.

(230. ) Cf. tome II, n. 06.292.

(231. ) Cf. n. 110.

(232. ) D’après la géographie Kouo ti che, cette montagne était à 10 li au nord de la sous-préfecture actuelle de Joei-tch’eng, préfecture secondaire de Kie, province de Chan-si. Il est donc inexact de placer cette sommité à l’ouest de la montagne Hoa.

(233. ) D’après Siu Koang, cette montagne se trouverait dans la sous-préfecture de Ou-kong, province de Chàn-si. Mais Yen Che-kou déclare celle localisation fort sujette à caution.

(234. ) Dans la sous-préfecture actuelle de K’i-chan, préfecture de Fong-siang, province de Chàn-si.

(235. ) Sur le territoire de l’ancienne sous-préfecture de Ou-chan, laquelle était à 120 li au sud-est de la préfecture secondaire actuelle de Long, préfecture de Fong-siang, province de Chàn-si.

(236. ) Le Hong-tchong ou tombeau de Hong était ainsi nommé parce que la tradition y plaçait la sépulture de Ta-hong ou Koei-yu Kiu, ministre de Hoang-ti (cf. plus loin). Cette montagne était près de Yong .

(237. ) Cf. tome I, n. 02.194. et n. 02.229. .

(238. ) Cf. tome II, n. 05.372. D’après la géographie Kouo ti tche, le sanctuaire était à 30 li au sud de la sous-préfecture actuelle de Tch’ao-i, préfecture de Tong-tcheou, province de Chàn-si.

(239. ) Affluent de gauche du cours supérieur de la rivière Han, dans l’angle sud-ouest du Chàn-si. Han-tchong est aujourd’hui la préfecture de ce nom dans la province de Chàn-si.

(240. ) Ce lac, qui avait 40 li de superficie, se trouvait dans le massif montagneux situé à l’ouest de la préfecture de P’ing-leang du Kan-sou, massif d’où sortent la rivière King à l’est, la rivière Ts’ing-choei au nord et la rivière K’ou-choei au sud. Sur la divinité de Tsieou, cf. tome II, p. 546.

(241. ) Le Kiang dont il est ici question est la rivière Min qui était regardée par les Chinois comme forment le cours supérieur du Yang tse kiang. Le sacrifice au Kiang se faisait près de Tch’eng-tou, la capitale actuelle du Se-tch’oan.

(242. ) Le mot [] désigne ci le sommet d’une montagne.

(243. ) Cf. n. 236, 234, 235 et 233.

(244. ) Cf. pp. 421-422.

(245. ) La rivière Pa prend sa source dans les collines Ts’in-ling, à peu de distance au sud-ouest de la sous-préfecture de Lan-t’ien, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si ; cette rivière coule vers le nord, et, à une vingtaine de li à l’est de la préfecture de Si-ngan, elle s’unit à la rivière Tch’an ; leurs eaux réunies vont se jeter au nord dans la rivière Wei.

(246. ) Les rivières Fong et Lao sont toutes deux sur le territoire de la sous-préfecture de Hou, à l’ouest de Si-ngan-fou.

(247. ) Cf. tome I, n. 02.207.

(248. ) Telle que char ou poulains.

(249. ) Cf. tome I, n. 02.193.

(250. ) Cf. tome I, n. 03.214.

(251. ) Noms de deux cours d’eau à l’ouest de l’ancienne sous-préfecture de Hoa-tch’e, près de la sous-préfecture actuelle de Ho-choei, préfecture de King-yang, province de Kan-sou.

(252. ) Dans le voisinage de la sous-préfecture de Lai-choei, préfecture secondaire de I, province de Tche-li.

(253. ) Le mot Tch’en paraît désigner ici l’ancienne constellation Ta-ho du cycle de Jupiter (cf. Appendice IV, § 6, cycle A) ; le mot Chen désigne la constellation Che-tch’en de ce même cycle. Le Tso tchoan (1e année du duc Tchao ; Legge, C. C., vol. V, p. 580) accouple comme ici les mots Chen et Tch’en ; Chen fut la constellation propre au pays de Chang et eut pour préposé Che-tch’en, fils cadet de l’empereur Kao-sin ; Tch’en fut la constellation propre au pays de Chang et eut pour préposé Ngo-Po, fils aîné de l’empereur Kao-sin. Il résulte d’un autre texte du Tso tchoan (9e année du duc Siang ; Legge, C. C., vol. V, p. 439), que la constellation à laquelle fut préposé Ngo-po n’est autre que Ta-ho, et c’est ce qui nous autorise à identifier Tch’en et Ta-ho. — Ou retrouve le même accouplement des mots Chen et Tch’en dans le Kouo yu (section Tsin yu livre IV, p. 15 v°) :

« D’ailleurs vous êtes sorti (du pays de Tsin) en Tch’en (c’est-à-dire quand Jupiter était dans Ta-ho) ; vous êtes rentré en Chen (c’est-à-dire quand Jupiter était dans Che-tch’en) ; ces deux termes (Tch’en et Chen) sont de bons présages pour le pays de Tsin et sont la grande règle du ciel.

(254. ) Cf. n. 27.220. .

(255. ) La Grande-Ourse.

(256. ) Le Comte du vent et le Maître de la pluie sont deux divinités qui sont généralement nommées de compagnie, Le dictionnaire Koang-ya (265 ap. J.-C., section Che t’ien) dit :

« Le Maître du vent s’appelle Fei-lien ; le Maître de la pluie s’appelle P’ing-i : le Maître des nuages s’appelle Fong-long ».

Dans le Tch’eou-li (article du Ta tsong po ), on lit que le Ta tsong po sacrifie à Se-tchong, à Se-ming, au Maître du vent et au Maître de la pluie, Dans Han fei tse (section Che kouo), il est dit :

« Le Maître du vent va en avant et balaie ; le Maître de la pluie arrose le chemin. »

Le Li sao de K’iu Yuen mentionne Fei-lien et Fong-long :

« Derrière moi Fei-lien fut envoyé comme escorte empressée » (strophe 51).

« J’ordonnai à Fong-long de monter sur un nuage » (strophe 57).

D’autres textes donnent à penser que Fong-long est parfois considéré comme le Maître du tonnerre, et non comme le Maître des nuages. — Certains auteurs voudraient identifier le Maître du vent avec la mansion Ki et le Maître de la pluie avec la mansion Pi ; Yen Che-kou conteste l’exactitude de cette identification.

(257. ) On ne sait pas ce que sont ces divinités.

(258. ) L’expression [] désigne les endroits où on sacrifiait aux étoiles.

(259. ) Ces termes sont obscurs.

(260. ) Cf. n. 131.

(261. ) A l’est de la sous-préfecture actuelle de Wen-hiang, préfecture secondaire de Chàn, province de Ho-nan.

(262. ) Au bord de la rivière Wei, dans la province de Kan-sou.

(263. ) Fong et Hao sont les anciennes capitales du roi Wen et du roi Ou. Cf. tome I, n. 04.145. , et n. 04.247. .

(264. ) Tchao-ming est un autre nom de la planète Mars.

(265. ) Suivant certains auteurs, cet étang serait l’étang qui entoure le monument appelé Pi-yong ; suivant d’autres, ce serait l’étang de Hao dans lequel un envoyé de Ts’in Che-hoang-ti fut chargé de jeter un anneau de jade ; cf. tome II, n. 06.381.

(266. ) Dans le chapitre XXV du Ts’ien Han chou, cette phrase devient [], c’est-à-dire : « Dans (la préfecture de) Tou, à Po, on sacrifie dans cinq temples au Maître de Tou. »

Cette leçon est beaucoup plus claire ; en effet, dans le texte de Se-ma Ts’ien il est difficile d’expliquer ce qu’est la localité appelée Cho, ce qu’est le Maître du génie du sol et enfin ce que signifie le mot « aussi » que renferme la phrase suivante. Aucune de ces difficultés n’existe dans le texte du Ts’ien Han chou. Po était une localité dans la préfecture de Tou et cette préfecture elle-même se trouvait dans 1a province actuelle de Chàn-si.

(267. ) [] est expliqué par Se-ma Tchen comme étant identique avec la constellation Nan ki lao jen (cf. p. 353, n. 6). J’y verrais plutôt une des anciennes constellations du cycle de Jupiter (cf. Appendice IV, § 6, cycle A).

(268. ) Cf. tome I, note 04.393.

(269. ) Le duc Siuen, (675-664 av. J.-C.) fit le lieu saint de Mi pour sacrifier à l’Empereur vert ; le duc Ling (424-4I5 av. J.-C.) fit le lieu saint supérieur pour sacrifier à l’Empereur jaune, et le lieu saint inférieur pour sacrifier à l’Empereur rouge ; le duc Hien, (384-362 av. J.-C.) fit le lieu saint de Hoei pour sacrifier à l’Empereur blanc ; tels étaient les quatre lieux saints situés dans le voisinage de Yong.

(270. ) Cf. pp. 421-422.

(271. ) Suivant d’autres commentateurs, [] signifierait « dans la première décade du mois ».

(272. ) Il s’agit ici, me semble-t-il, du sacrifice kiao qui était accompli tous les trois ans par le souverain dans les quatre lieux saints situés près de Yong ; ce n’était donc pas « à côté de », mais « du côté de » Hien-yang que le souverain se prosternait.

(273. ) Cf. pp. 433-435.

(274. ) Cf. tome II, n. 10.185.

(275. ) Cf. tome II, p. 331.

(276. ) Le sens de cette phrase est controversé ; il semble qu’il y ait eu à 15 li au nord-est de Fong un ormeau blanc qui était considéré comme un dieu du sol ; c’est lui qu’invoqua le futur Kao-tsou quand il prit les armes.

(277. ) Cf. tome II, n. 08.138.

(278. ) Cf. n. 276.

(279. ) Cf. n. 277.

(280. ) Les prêtresses qui vont être nommées appartenaient aux pays de Leang, de Tsin, de Ts’in et de King. Kao-tsou se croyait en effet rattaché par l’histoire de sa famille à ces quatre pays ; on en trouve l’explication à la fin du chapitre I, (2e partie) du Ts’ien Han chou  : la famille Lieou se rattachait à ce Lieou Lei, qui descendait de l’empereur Yao, et qui servit l’empereur K’ong-kia (cf. tome I, p. 168) ; Lieou Lei dut s’enfuir, et ses descendants, qui prirent le nom de famille de Fan, occupèrent une haute situation dans le pays de Tsin ; en 622 avant J.-C., Che-hoei, représentant de la famille Fan, vint dans le pays de Ts’in ; il n’y résida que sept ans mais il y laissa des parents qui reprirent le nom de famille de Lieou porté par leur ancêtre Lieou Lei ; à l’époque des royaumes combattants, la famille Lieou fut faite prisonnière et internée dans le pays de Wei, qu’on appelait aussi Leang, du nom de sa capitale Ta-leang ; enfin, quand le prince de Wei fut écrasé par le roi de Ts’in, il transféra sa capitale à Fong, et c’est dans le voisinage de cette ville que naquit plus tard Han Kao-tsou (cf. tome II, n. 08.101) ; la ville de Fong appartenait au pays de King ou de Tch’ou. C’est ainsi que les ancêtres de Kao-tsou avaient eu des rapporte avec les quatre pays de Leang, Tsin, Ts’in et King.

(281. ) On peut entrevoir quelles étaient les divinités auxquelles on sacrifiait « à l’intérieur de la maison », en lisant les dix-sept premières odes du bureau de la musique (cf. Appendice 1), car ces odes étaient précisément appelées « Odes pacificatrices du monde, (chantées) à l’intérieur de la maison ».

(282. ) Le poème du pays de Tch’ou appelé les Neuf chants nous fournit quelques renseignements sur ces divinités. Le Prince de l’est n’est autre que le soleil. Quant à [], il est sans doute l’équivalent du Prince qui est dans les nuages, le dieu des nuages. Les Se-ming ou Préposés aux destinées sont le grand et le petit Se-ming ; ces divinités doivent peut-être être localisées dans la quatrième étoile de la constellation Wen-tchang, car cette étoile porte aussi le nom de Se-ming ; cf. p. 342.

(283. ) Cette divinité serait féminine, d’après Tchan Cheou-tsie et Yen Che-kou.

(284. ) Il faut sans doute lire « au Maître de Tou », suivant la leçon du Ts’ien Han chou  ; cf. n. 28109.

(285. ) Ces deux divinités ne paraissent être nommées que dans ce texte ; du moins, le P’ei wen yun fou n’en fournit aucune autre mention.

(286. ) Il y avait à Kan-ts’iuen un temple des neuf cieux. L’énumération des neuf cieux nous est fournie par Lu Pou-wei, mort en 235 avant J.-C. (section Yeou che lan du Lu che tch’oen ts’ieou, chap. XIII, p.1 v°-2 r°) :

« Qu’appelle-t-on les neuf régions ? Celle du milieu s’appelle le Ciel régulateur ; … celle de l’est s’appelle le Ciel verdoyant ; … celle du nord-est s’appelle le Ciel de la transformation  ; … celle du nord s’appelle le Ciel sombre ; … celle du nord-ouest s’appelle le Ciel caché ; … celle de l’ouest s’appelle le Ciel éclatant ; ... celle du sud-ouest s’appelle le Ciel rouge ; … celle du sud s’appelle le Ciel ardent ; … celle du sud-est s’appelle le Ciel du principe yang.

La même énumération est reproduite par Hoai-nan-tse, mort en 122 avant J.-C. (chap. Ts’ien wen hiun, p. 3 r° et v°). — Tchang Cheou-tsie cite une énumération toute différente ; il la tire d’un ouvrage intitulé [] qui paraît être un ouvrage taoïste.

(287. ) Il est assez singulier de voir le nom de Tsin-tchong identifié avec celui du second empereur de la dynastie Ts’in. Habituellement, l’expression Ts’in-tchong désigne le pays de Ts’in situé à l’intérieur des passes (commentaire de Yen Che-tao, ap. Ts’ien Han chou, chap. 1, 2e partie, p. 4 r°). — D’après le commentateur Tchang Yen, Eul-che-hoang-ti étant mort de mort violente, son âme inapaisée était malfaisante ; on lui offrait donc des sacrifices pour la calmer ; ce culte ne prit fin que sous le règne de l’empereur Tch’eng (32-7 av. J.-C.) sur la proposition de K’oang Heng.

(288. ) Heou-tsi, qui fut considéré comme le premier fondateur de la grandeur des Tcheou, reçut de l’empereur Choen le fief de T’ai (cf. tome I, p. 211). Plus tard, on l’adora comme le dieu des moissons et ces sacrifices avaient continué jusqu’à l’époque des Han.

— Le Ts’ien Han chou (chap. XXV,1e partie) supprime le mot T’ai ; il faut alors traduire :

« Lorsque les Tcheou fleurirent, ils instituèrent dans toutes les villes des sacrifices en l’honneur de Heou-tsi.

(289. ) Comme l’explique Yen Che-kou, on offrait au sacrifice du sang et de la viande crue.

(290. ) D’après les commentaires qui accompagnent cette phrase, la constellation Ling paraît être la constellation T’ien-t’ien « le Champ céleste » (? et ? de la Vierge), qui préside aux travaux de l’agriculture. Le temple de la constellation Ling était à 10 li à l’est de la ville de Tch’ang-ngan.

(291. ) Le Ts’ien Han chou supprime, dans cette phrase, le dieu du sol ; il semble en effet que le sort des dieux locaux du sol soit réglé dans la phrase suivante.

(292. ) Le Ts’ien Han chou écrit « le deuxième mois ».

(293. ) Cf. tome II, n. 05.354. et n. 06.312. .

(294. ) Cf. tome II, p. 473.

(295. ) Le royaume de Hoai-nan cessa d’exister en 174 et ne fut rétabli qu’en 168 ; quant au royaume de Ts’i, son existence fut suspendue de la fin de l’année 165 jusqu’au 11 mai 164 (cf. p. 95 et 112).

(296. ) Le Ts’ien Han chou (chap. IV) rapporte ce décret à l’année suivante.

(297. ) Sur l’usage de substituer des simulacres à des objets réels, cf. De Groot, Religious system of China, vol. II, p. 708 et suiv.

(298. ) Cf. n. 240.

(299. ) L’expression [] signifie « ceux qui prient pour le bonheur ».

(300. ) L’élément eau venait d’attester sa supériorité sur l’élément métal, puisque le Fleuve Jaune avait rompu, en 168 avant J.-C., la digue appelée Digue de métal ; cette digue était à 5 li à l’est de Pe-ma qui se trouvait elle-même au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Hoa, préfecture de Wei-Hoei, province de Ho-nan.

(301. ) Le Ts’ien Han chou dit « l’année suivante », et cette leçon est bonne.

(302. ) Cf. tome II, n. 10.199.

(303. ) Cf. note 26.143. .

(304. ) D’après Tchang Yen, chen ming désigne le soleil qui se lève plein de vie à l’orient et se couche ou meurt à l’occident ; Yen Che-kou combat cette opinion et montre que l’expression chen ming s’applique à toutes les divinités ; d’une manière générale, les divinités résident au nord-est et c’est donc au nord de la rivière Wei qu’on propose d’élever le temple des cinq Empereurs.

(305. ) Ou, suivant d’autres commentateurs, une seule toiture sous laquelle étaient cinq bâtiments distincts.

(306. ) Le temple des cinq Empereurs était au nord de la rivière Wei, au point où celle-ci reçoit la rivière Pa venue du sud (cf. n. 245).

(307. ) Tchang Cheou-tsie croit que le mot p’ou est fautif et qu’il faut le remplacer par le mot lan ; il s’agirait alors de l’étang des Orchis, qui était dans la sous-préfecture de Hien-yang, au nord de la rivière Wei (cf. tome II, n. 06.314).

(308. ) Les Ordonnances royales sont le 3e chapitre du Li ki ; le texte qui fut rédigé sur l’ordre de l’empereur Wen paraît avoir été modifié ; cf. la notice de Legge sur ce chapitre, S. B. E., vol. XXVII, p. 18-19.

(309. ) Le mot ngan paraît interpolé ; le Ts’ien Han chou écrit Tch’ang-men et, plus loin, les Mémoires historiques parlent des rites accomplis en l’honneur des cinq Empereurs au nord du Wei et à Tch’ang-men. Cette localité était au nord-est de l’ancienne préfecture de Wan-nien, laquelle se trouvait elle-même à 50 li au nord de la sous-préfecture actuelle de Lin-tong, préfecture de Si-ngan fou, province de Chàn-si.

(310. ) Terrien de Lacouperie (Western origin of the early chinese civilisation, p. 218) explique ceci par un phénomène de parhélie ; mais le texte ne parle pas de deux soleils visibles en même temps ; il dit que le soleil, après avoir été à midi, s’arrêta et revint à midi.

(311. ) L’année 163 avant J.-C. est en effet comptée comme la première de la seconde période de l’empereur Wen.

(312. ) Cf. tome II, n. 05.493. et n. 06.290. .

(313. ) Il fallait que le trépied se trouvât dans la direction du nord-est, puisque c’est là que résident les êtres divins ; Sin-yuen P’ing prédit donc qu’il se trouvera à Fen-yn, c’est-à-dire au sud de 1a rivière Fen du Chan-si au lieu où cette dernière se jette dans le Hoang-ho ; mais comme la tradition plaçait le trépied dans la rivière Se, le charlatan explique que le débordement du Hoang-ho l’a fait communiquer avec la rivière Se et que le trépied a donc bien pu remonter jusqu’à Fen-yn.

(314. ) Il est probable que Sin-yuen P’ing avait effectivement caché à Fen-yn un prétendu trépied des Tcheou que l’envoyé de l’empereur Wen ne sut pas retrouver. En 113 avant J.-C., un trépied, qui était vraisemblablement celui que Sin-yuen P’ing avait mis là, fut découvert à Fen-yn et présenté à l’empereur Ou (voyez plus loin, p. 482).

(315. ) Cf. n. 309.

(316. ) L’empereur Ou.

(317. ) Cf. n. 125.

(318. ) Femme de l’empereur Wen, mère de l’empereur King, lequel avait été le père et le prédécesseur de l’empereur Ou.

(319. ) Se-ma Tcheng cite les Anciens règlements des Han qui disent que : la 1e année, l’empereur sacrifiait au Ciel ; la 2e année, à la Terre ; la 3e année, aux cinq Empereurs des cinq lieux saints de Yong ; puis le cycle recommençait.

(320. ) Le mot [] désigne de nos jours un temple taoïste, mais je ne crois pas qu’il eût ce sens à l’époque de Se-ma Ts’ien. Le Ts’ien Han chou donne la leçon [] « hôtellerie »

(321. ) Cf. tome II, n. 06.234.

(322. ) [] est le nom que se donnaient entre elles les femmes de deux frères.

(323. ) Le titre posthume de princesse de P’ing-yuen fut conféré par l’empereur Ou à sa grand’mère maternelle Tsang-eul. Tsang-eul avait été la mère de l’impératrice Wang, laquelle fut femme de l’empereur King et mère de l’empereur Ou ; elle avait épousé en secondes noces un homme de Tch’ang-ling et c’est ce qui explique qu’elle ait eu une dévotion particulière pour un culte de cette localité. Cf. Mémoires historiques, chap. XLIX.

(324. ) Li K’i explique l’expression [] en disant que c’est [] « la méthode qui consiste à éviter les céréales et à ne pas manger ».

(325. ) Cf. n. 18.126. .

(326. ) T’ien Fen ; cf. p. 156, n° 20.

(327. ) Po-ts’in était le nom d’une terrasse au sommet de laquelle on avait construit une chambre (ts’in) en bois de cyprès (po).

(328. ) 676 avant J.-C.

(329. ) Ce texte est important pour l’histoire de l’alchimie, car il nous montre, dès l’an 133 avant J.-C., les Chinois en possession de quelques-unes des notions les plus caractéristiques de l’alchimie. La transmutation en or du cinabre ou sulfure de mercure (qu’on trouve en Chine à l’état naturel), et l’immortalité acquise à celui qui boit et mange dans des ustensiles faits avec cet or. Comment pouvait-on avoir la prétention de transformer le cinabre en or ? c’était sans doute par quelque tour de main analogue à celui que décrit M. Berthelot : « Le mercure chargé de zinc et passé sur le cuivre rouge le teignait en or » (Grande Encyclopédie, article Alchimie). Le fourneau que proposait d’adorer Li Chao-kiun était le fourneau de l’alchimiste, l’agent surnaturel des mystérieuses transmutations ; il n’avait sans doute à l’origine rien de commun avec la déesse populaire de la cuisine, qui paraît avoir été l’aïeule mythique des cuisinières. Cf. De Groot, Les fêtes annuellement célébrées à Emoui, trad. fr., p. 449 et suiv.

(330. ) Mayers (Chinese Reader’s Manual, n° 523) a résumé, d’après le Kao che tchoan de Hoang-fou Mi, la légende de maître Ngan-k’i.

(331. ) L’intention satirique de Se-ma Ts’ien apparaît nettement dans des traités tels que celui-ci.

(332. ) Siu Koang considère Hoang et Tch’oei comme deux préfectures de la commanderie de Tong-lai, dans la province actuelle de Chan-tong ; mais il est à remarquer que le nom de la préfecture de Tch’oei s’écrit [a], et non [b] comme il est ici orthographié, D’après le commentateur Mong K’ang, nous aurions affaire ici aux noms de deux hommes ; il faudrait donc traduire : « Aussi chargea-t-il Hoang Tch’oei et Che K’oan-chou » ; cette traduction serait d’ailleurs d’accord avec la ponctuation du Che ki luen wen.

(333. ) La préfecture de Po était à 20 li au sud de la sous-préfecture actuelle de Ts’ao, préfecture de Ts’ao-Tcheou, province de Chan-tong.

(334. ) L’Unité suprême.

(335. ) Le Ts’ien Han chou est encore plus explicite : il immolait une grande victime chaque jour, et cela pendant sept jours. Je traduis l’expression [] comme signifiant une grande victime, à cause de l’explication que donne le dictionnaire de K’ang-ki :

« Un bœuf est ce qu’on appelle une grande victime ; un mouton est ce qu’on appelle une petite victime.

Suivant une autre explication cependant, l’expression désignerait un ensemble de trois victimes, à savoir un bœuf, un mouton et un porc.

(336. ) Cf. la note ci-dessus.

(337. ) D’après Mong K’ang, le hibou est un oiseau qui mange sa mère ; le p’o-King est un animal qui mange son père. On sacrifiait ces deux bêtes malfaisantes pour montrer qu’on voulait détruire tout ce qu’il y avait de mauvais dans le monde. Le p’o-King, dont le nom signifie littéralement « miroir brisé », n’apparaît que dans ce texte et dans le Kiao se tche du Ts’ien Han chou .

(338. ) Le Mouton caché et l’Activité du coursier sont des divinités sur lesquelles nous n’avons aucun renseignement.

(339. ) Je suppose que le mot [] doit signifier ici « jeune », et non pas « vert ».

(340. ) La montagne Ou-i se trouve dans la sous-préfecture de Tch’ong-ngan, préfecture de Kien-ning, province de Fou-kien. — D’après le Koang yu ki cette montagne aurait tiré son nom des sages Ou et I qui étaient tous deux fils d’un nommé Tsien-k’eng (cf. Mayers, The chinese Reader’s manual, n. 561).

(341. ) Ce paragraphe anticipe sur les événements dont il va être question plus loin, car il se rapporte à l’année 120 avant J.-C. Voir les explications détaillées qui ont données sur les valeurs en peau et les pièces en métal bleue dans le huitième Traité des Mémoires historiques, à la date de 120 avant J.-C.

(342. ) Sur l’animal fantastique appelé lin, cf. De Groot, The religious system of China, vol. II, p. 819 et p. 822-824 ; la première figure de la planche XX (p. 218) représente un lin en pierre de l’avenue qui mène aux tombeaux des Ming. [css : cf. ki-lin, allée des bêtes, Pékin (Segalen, La grande statuaire)]

(343. ) Lieou Hou ; cf. p. 111, n° XXXIII, § 4.

(344. ) Se-ma Ts’ien est ici en désaccord avec le cinquième tableau chronologique (p. 106, n° XXV, § 4 et 5) d’après lequel le roi de Tch’ang chan, Lieou Choen, mourut de mort naturelle en 114 avant J.-C. et eut pour successeur son fils, Lieou P’ing, qui prit le titre de roi de Tchen-ting. Parmi les cinq pics (cf. n. 111), c’était le Heng chan, ou Pic du nord, qui se trouvait sur le territoire de l’ancien royaume de Tch’ang-chan.

(345. ) Littéralement « sa fou jen » ; les fou-jen étaient les femmes d’un rang supérieur.

(346. ) D’après le Ts’ien Han chou, il s’agirait de la fou-jen Li. La fou-jen Wang fut la mère de Lieou Hong, cf. p. 113, n° XXXVII, § 8.

(347. ) Les éléments étant rangés dans l’ordre où ils se produisent les uns les autres, nous avons aujourd’hui les correspondances suivantes entre les éléments, les couleurs et les caractères cycliques :

bois kia i vert feu ping ting rouge

terre ou ki jaune

métal keng sin blanc

eau jen koei noir

A l’époque de Se-ma Ts’ien les correspondances devaient être autres entre les éléments et les caractères cycliques, puisque les éléments étaient rangés dans l’ordre où ils triomphaient les uns des autres, c’est-à-dire dans l’ordre suivant : terre, bois, métal, feu, eau. Quoi qu’il en soit, si nous nous en tenons aux correspondances d’aujourd’hui, voici ce que veut dire Se-ma Ts’ien : supposons un jour marqué du signe keng ou du signe sin, il sera sous l’influence de l’élément métal ; or le métal est vaincu par le feu ; en ce jour donc, l’empereur devait monter sur un char de couleur rouge ; ainsi la couleur du char était toujours victorieuse de celle du jour où on l’employait.

(348. ) La terrasse Po-leang était à 14 li au nord-ouest du mur de Si-ngan fou, à l’intérieur de la porte du palais Wei-yang. Les poutres (leang) de ce bâtiment étaient en cyprès (po) odoriférant et c’est de là que lui vient le nom de Po-leang t’ai, la terrasse aux poutres de cyprès.

(349. ) Dans le palais Kien-tchang, à 20 li au nord-ouest de l’actuel Si-ngan fou, sur la terrasse Chen-ming, l’empereur fit dresser une statue en cuivre représentant un génie qui supportait sur ses mains étendues un plat en cuivre où venait se déposer la rosée.

(350. ) Le palais Ting-hou devait se trouver dans la sous-préfecture actuelle de Lan-t’ien, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si. Le nom de ce palais rappelle celui du lac qui fut appelé le Lac du trépied (ting hou) à cause de la légende de Hoang-ti qu’on lira quelques pages plus loin ; mais le Lac du trépied se trouvait dans la sous-préfecture de Wen-hiang, préfecture secondaire de Chàn, province de Ho-nan.

(351. ) Selon certains commentateurs, il faudrait traduire : Fa Ken, originaire de la préfecture de Yeou-choei ; mais Yen Che-kou dit que Yeou-choei est le nom de famille et Fa-ken le nom personnel de ce personnage.

(352. ) D’après Wei Tchao, cité dans le chapitre XII des Mémoires historiques, la Princesse des esprits était la divinité qui descendait dans le corps de la sorcière lorsque celle-ci tombait dans une de ses crises nerveuses. On a vu plus haut (p. 463) ce qu’était la Princesse des esprits.

(353. ) Ce palais se trouvait à l’intérieur de l’ancienne ville de Tch’ang-ngan.

(354. ) Le chapitre XXV du Ts’ien Han chou et le chapitre XII des Mémoires historiques suppriment tous deux ce commencement de phrase ; il me semble qu’ils ont raison.

(355. ) On n’a aucun renseignement sur Ta-kin, dont le nom signifie littéralement Grande défense ; quant à Se-ming, c’est le nom d’une constellation ; cf. p. 342 et n. 282.

(356. ) Se-ma Ts’ien dit, à la fin de ce chapitre, qu’il a entendu lui-même les voix surnaturelles dans le palais de la Longévité.

(357. ) J’adopte ici le sens indiqué par Tsin Tcho.

(358. ) Parue le 8e mois de la 6e année kien-yuen.

(359. ) Se-ma Ts’ien omet la période yuen-cho (128-123) qui s’intercale entre la période yuen-koang (134-129) et la période yuen-cheou (122-117), — Sur l’institution des nien-hao, cf. tome I, Introduction, n. 153.

(360. ) Ce nom paraît s’être appliqué au début à une divinité masculine qui était le dieu du sol. C’était un des noms sous lesquels on adorait Keou-long, fils de Kong-kong. Nous lisons en effet dans le Li ki, à la fin du chapitre Tsi fa :

« Kong-kong eut l’hégémonie dans les neuf provinces ; son fils s’appela le Prince Terre ; ce dernier sut mettre le bon ordre dans les neuf provinces ; c’est pourquoi on lui sacrifie comme au génie du sol. »

(voyez Legge, Li ki, tome II, p. 208). Cf. un témoignage identique dans le Kouo yu (section Lou yu, 1e partie, p. 8 r°). Cependant on oublia peu à peu l’origine de ce culte et le Prince Terre finit par être regardé comme la Terre elle-même divinisée ; c’est ainsi qu’il est considéré dans un passage du Chou King qui n’est peut-être pas fort ancien, car c’est le seul de tout le livre où on trouve la mention de la souveraine Terre :

« Indigné des crimes des Chang, dit le roi Ou, je fis une déclaration à l’Empereur Ciel et à la Souveraine Terre... 

(Chou King, chapitre Ou tch’eng. Legge, Chinese Classics, III, p. 312). C’est à la Souveraine Terre que s’adresse aujourd’hui encore l’empereur lorsqu’il sacrifie sur l’autel de la Terre, au nord de Peking (Edkins, La religion en Chine, trad. fr. Annales du Musée Guimet, tome IV, p. 97). — A l’époque de l’empereur Ou et de Se-ma Ts’ien, il semble bien que [] eût cessé de désigner le dieu local du sol et fût devenu le nom de la Souveraine Terre, divinité féminine opposée au Ciel, divinité masculine ; le second des 19 hymnes des sacrifices kiao (cf. Appendice I) est adressé à la Terre et on y lit ce vers : « La Souveraine Terre est l’opulente mère », — ce qui prouve que la Terre était dès lors considérée comme une divinité féminine.

(361. ) Les Mémoires historiques donnent la leçon [abc]. Le Ts’ien Han chou écrit [abde] ; il précise donc plus et nous apprend que le grand astrologue était Se-ma T’an, le père de Se-ma Ts’ien. Le commentateur Wei Tchao nous dit cependant que le grand astrologue dont il est ici question n’était pas Se-ma T’an, mais Se-ma Ts’ien lui-même. Son opinion ne soutient pas l’examen : en effet nous lisons dans l’autobiographie de Se-ma Ts-ien (chap. CXXX des Mémoires historiques) que Se-ma T’an mourut l’année où l’empereur Ou fit pour la première fois les sacrifices fong et chan (110 avant J.-C.) ; son fils n’hérita de sa charge que trois ans plus tard. En 113 avant J.-C., c’était donc Se-ma T’an qui était grand astrologue.

(362. ) On a vu (p. 466) qui était ce personnage.

(363. ) Ceci indique que la victime devait être fort jeune. Cette phrase est tirée du chapitre Wang tche du Li ki (cf. Legge, S. B. E., vol. XXVII, p. 227) ; elle est citée ici pour montrer que les rites prévoyaient un sacrifice à la Terre semblable à celui qu’on offrait au Ciel.

(364. ) Cf. n. 201.

(365. ) Le mot [] me paraît indiquer que l’expression [] désigne ici l’ensemble de trois victimes (bœuf, mouton, porc), et non une seule grande victime. Cf. n. 335.

(366. ) Le sens de cette formalité peut être éclairci par la remarque suivante du Dr. Edkins (La religion en Chine, trad. fr. Annales du Musée Guimet, tome IV, p. 90) :

« Notons encore, dit-il en parlant du temple du Ciel à Pe-King, un puits dans lequel on jette la peau et le sang de la victime, cérémonie qui parait inspirée par l’idée qu’on peut par ce moyen faire participer les esprits de la terre au sacrifice, de même que la fumée et la flamme de l’holocauste le portent aux esprits du ciel. Il est impossible de ne pas voir ici une ressemblance frappante avec les sacrifices des Romains, chez qui la cérémonie de l’inhumation des victimes faisait partie du culte des divinités terrestres en y attachant la même idée.

(367. ) Le mot [] signifie « derrière, croupion » ; ce monticule avait été ainsi nommé, dit Yen Che-kou, parce qu’il avait la forme d’un derrière d’homme. L’autel de 1a souveraine Terre était à 10 li au nord de la sous-préfecture de Yong-ho, préfecture de P’ou-tcheou, province de Chan-si ; il se trouvait au sud de la rivière Fen, tout près de son confluent avec le Hoang-ho.

(368. ) Cf. tome II, n. 06.109.

(369. ) Cf. tome I, note 04.571. Ce descendant des Tcheou s’appelait Ki Kia.

(370. ) L’idée que les sacrifices en l’honneur des princes décédés ne peuvent être accomplis que si leurs descendants conservent en tout ou en partie la terre de leurs pères, est constante dans la religion chinoise.

(371. ) Ce marquis de Lo-tch’eng devait être Ting I : cf. p. 145, n° 143. Il fut impliqué dans la disgrâce de Loan Ta et mis à mort en 112 avant J.-C.

(372. ) Cf. p. 98, n° IX, §§ 3 et 4.

(373. ) Chao-wong était, comme on l’a vu plus haut, originaire du pays de Ts’i et, par conséquent, compatriote de Loan Ta.

(374. ) Cette expression signifie, d’après Yen Che-kou : « Il présidait aux recettes magiques et aux drogues. » Ce commentaire nous permet de voir quelle était la vraie destination du bureau chang-fang qui dépendait du chao-fou à la cour des Han ; c’était le bureau où on « mettait en honneur les recettes magiques » ; on sait que la plupart des anciens miroirs métalliques qui nous sont parvenus étaient fabriqués dans le chang-fang ; c’est sans doute parce que ces miroirs avaient une valeur magique. Cf. Hirth, Fremde Einflüsse in der chinesischen Kunst, p. 12-13.

(375. ) Nom posthume du roi Lieou Ki, mort en 121 avant J.-C. Cf. p. 98, n° IX, § 3.

(376. ) Elle désirait avoir l’appui de l’empereur pour lutter contre le jeune roi.

(377. ) Cf. p. 466 et n. 213.

(378. ) Nous avons vu (p. 471) que Chao-wong avait été mis à mort secrètement ; l’empereur pouvait donc dire qu’il avait péri par accident.

(379. ) Littéralement : « Moi, de quoi serais-je avare ? »

(380. ) Cf. tome I, note 02.176.

(381. ) Ces deux phrases sont tirées du I King ; d’après les commentateurs, l’oie sauvage symboliserait Loan Ta et le dragon volant représenterait la grande communication établie entre l’empereur et les dieux.

(382. ) Cette nomination eut lieu le 22 mai 113 avant J.-C. Cf. p. 168, n° 72. Il faut écrire Lo-t’ong et non Yo-t’ong, car ce nom signifie « l’heureuse communication ».

(383. ) Cette princesse était fille de l’empereur Ou et de l’impératrice Wei. Cf. chap. XLIX.

(384. ) La terre de Tang-li était dans la préfecture de Teng-tcheou, province de Chan-tong.

(385. ) [ ]. Cette expression, dit Wei Tchao, désigne la tante de l’empereur Ou, la fille de l’impératrice Teou. L’impératrice Teou avait été femme de l’empereur Wen, mère de l’empereur King et grand’mère de l’empereur Ou.

(386. ) Loan Ta avait été nommé maréchal de la voie céleste parce que l’empereur espérait qu’il lui montrerait la voie à suivre pour entrer en communication avec les dieux.

(387. ) C’est un geste qui marque le désir de réussir aussi bien que quelqu’un dont on envie le succès.

(388. ) Cf. n. 367.

(389. ) Cf. n. 314.

(390. ) Cette montagne était à peu de distance du palais Kan-ts’iuen.

(391. ) Yen Che-kou identifie ce souverain avec T’ai-hao Fou hi.

(392. ) C’est-à-dire les chefs des neuf provinces.

(393. ) Le pays de Song était le fief du représentant de la dynastie Yn (cf. tome I, n. 04.271). Ce petit royaume fut détruit en 288 ou 286 avant J.-C. (cf. tome II, n. 05.428).

(394. ) Ces vers se trouvent dans le Che King, section Tcheou song, I, 7 ; cf. Legge, Chinese Classics, vol. IV, p. 605. — Cette citation semble avoir pour but de montrer d’une part que les trépieds existaient au temps des Tcheou, d’autre part que le souverain qui possède les trépieds est un homme excellent.

(395. ) L’expression [] signifie quatre flèches. [] est proprement un attelage de quatre chevaux. Voyez la même figure dans Meng tse. Legge, Chinese Classics, vol. II, p. 206.

(396. ) D’après Yen Che-kou, il faudrait traduire :

« Or elle (c’est-à-dire la nuée jaune et blanche) a la forme d’un animal et constitue un gage de bonheur ; un grand arc et quatre flèches ont été trouvés ensemble au pied de l’autel.

Mais il me semble évident que ces phrases font allusion au cerf que l’empereur avait mis à mort.

(397. ) Kao-tsou.

(398. ) Le mot « impérial » s’applique ici à l’Empereur du ciel ou au Ciel divinisé. La salle impériale est donc la salle qui à Kan-ts’iuen, était consacrée au Ciel divinisé.

(399. ) Ce passage montre bien les hésitations qu’avait l’empereur à introduire ce culte nouveau.

(400. ) Le chapitre XII des Mémoires historiques écrit [] ; il faut alors traduire : « Le marquis de Wan s’informa auprès de Koei Yu-k’iu. »

(401. ) Le trépied précieux aurait donc contenu les tiges d’achillée au moyen desquelles Hoang-ti aurait établi les calculs du calendrier ; ces tiges d’achillée servaient de fiches à calcul ; cf. A. Vissière, Recherches sur l’origine de l’abaque chinois, p. 10.

(402. ) Les anciens divisaient le temps en périodes de dix-neuf années appelées tchang. Pour chacune de ces périodes ils admettaient sept mois intercalaires et parvenaient ainsi à faire tomber tous les vingt ans le solstice d’hiver sur le premier jour du mois initial. Hoang-ti, d’après le texte que nous avons sous les yeux, vécut pendant vingt de ces périodes, c’est-à-dire exactement trois cent quatre-vingts ans.

(403. ) Cette prédiction désignait évidemment l’empereur Ou ; en effet, l’empereur Ou était fils de l’empereur King et celui-ci était fils de l’empereur Wen qui était lui-même fils de Kao-tsou.

(404. ) Le mot [] désigne ici les divinités des montagnes et des cours d’eau auxquelles on adressait le sacrifice fong à cause de leur influence surnaturelle. Cf. Kouo yu (section Lou yu, 2e partie, p. 14 v°) :

« Le prince Wang-mang (c’est-à-dire Wang-mang divinisé) est le gardien de la montagne Yu et c’est sur cette montagne qu’on lui fait le sacrifice fong.

(405. ) Sur le Hoa-chan, cf. tome I, n. 02.192.

— La montagne Cheou n’est autre que la montagne Cheou-yang, à 25 li au nord-ouest de la sous-préfecture de Yen-che, préfecture et province de Ho-nan. — Le T’ai-che est une des cimes du Song-kao, cf. n. 112.

— Sur le T’ai-chan, cf. n. 104. [css : cf. Edouard Chavannes, Le T’ai-chan]

— Le mont Tong-lai, est dans la sous-préfecture de Hoang, préfecture de Teng-tcheou, province de Chan-tong.

(406. ) Cette phrase insinue à l’empereur Ou la conduite qu’il devrait suivre à l’égard de ceux qui blâmaient les charlatans tels que Kong suen K’ing.

(407. ) Cf. n. 236.

(408. ) Kou-k’eou était une vallée de la montagne Tchong ; comme cette vallée était au nord de la montagne, elle était fraîche et c’est de là que lui était venu dans l’antiquité le nom de Han-men qui signifie la Porte froide. Kou-k’eou avait donné, à l’époque des Han, son nom à une préfecture qui était à 70 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Li-ts’iuen, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.

(409. ) Cf. n. 405.

(410. ) Selon certains commentateurs, cette montagne se serait trouvée sur le territoire de la sous-préfecture actuelle de Fou-p’ing, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si. Suivant d’autres, elle était à 25 li au sud de la sous-préfecture de Wen-hiang, préfecture secondaire de Chàn, province de Ho-nan.

(411. ) Cf. n. 350.

(412. ) D’après la légende racontée ici, ce nom serait venu des cris poussés par la multitude qui était comme une troupe de corbeaux croassants. On trouve cependant une autre explication de cette même expression : dans le Fong sou t’ong (cité par le P’ei wen yun fou au mot hao), on lit :

« L’arc cri-du-corbeau (ou hao) est fait d’une branche de mûrier tinctorial ; la branche s’étendant en pleine prospérité, si un corbeau se perche dessus, elle descend jusqu’à toucher terre. Le corbeau craint alors de s’envoler ; par derrière on l’enlève et on le tue ; on prend (la branche) pour en faire un arc et c’est pourquoi (cet arc s’appelle) cri-du-corbeau. 

— Un commentaire de Hoai nan tse (cité dans le Chouo wen phonétique, au mot ou) est plus explicite encore :

« Cri-du-corbeau (ou hao), c’est le mûrier tinctorial ; quand un corbeau se perche sur (une branche de cet arbre) et qu’il va s’envoler, la branche plie en bas et sa force est telle qu’elle peut revenir jusqu’aux nids ; le corbeau la suit (dans son mouvement) ; le corbeau (ou) n’ose pas s’envoler ; il crie (hao) sur (la branche) ; on coupe cette branche pour en faire un arc et c’est de là que vient le nom (de cet arc). 

— Cette légende et celle que rapporte Se-ma Ts’ien semblent avoir été toutes deux inventées pour expliquer le bizarre nom de ou hao qui était donné à certains arcs de qualité supérieure.

(413. ) On trouve une figure analogue en russe. Dostoïevsky, l’Idiot, trad. Derély, tome I, p. 274 : « Elle va être ma femme et elle ne se soucie pas plus de moi que du soulier qu’elle vient de quitter. »

(414. ) Cf. tome II, p. 516.

(415. ) Cf. tome I, n. 01.360.

(416. ) Cf. pp. 466-467.

(417. ) L’autel de l’Empereur jaune aurait dû être au milieu ; mais c’était impossible puisque la place se trouvait déjà occupée par T’ai-i ; on mit l’autel de l’Empereur jaune au sud-ouest pour la raison suivante : l’empereur jaune symbolise la terre ; or la terre est signifiée par le caractère cyclique qui indique aussi le sud-ouest.

(418. ) Le Traité sur les sacrifices fong et chan donne la leçon : « un renard et un bœuf » ; mais ce sens est inadmissible, car le renard n’est pas une victime pour les sacrifices. — Les Annales de l’empereur Ou disent qu’on immole « un yak tibétain » (d’après Wells Williams). — Le Ts’ien Han chou écrit [] et Yen Che-kou explique ce terme de la manière suivante : C’est le nom d’un bœuf dont la queue a de longs poils et qui se trouve chez les barbares du sud-ouest.

(419. ) Le sens de cette phrase est obscur.

(420. ) Tandis que l’empereur se prosterne devant T’ai-i, il se contente de saluer le soleil et la lune. Sur les sacrifices au Soleil et à la Lune, cf. Legge, S. B. E., vol. XXVIII, p. 219, n. 1.

(421. ) Ces paroles semblent être la prière par laquelle l’assistant annonce au Ciel le culte que lui rend l’empereur.

(422. ) C’est-à-dire dans le palais Kan-ts’iuen qui était à Yun-yang ; cf. tome II, n. 06.154.

(423. ) Cette phrase me paraît destinée à corroborer l’exclamation de l’officier qui avait vu une clarté au dessus du sacrifice ; les plus hauts fonctionnaires attestèrent la réalité du miracle.

(424. ) Ici comme plus haut (voyez note 361), le Ts’ien Han chou précise davantage et dit qu’il s’agit de Se-ma T’an.

(425. ) Cf. Mém. hist., chap. CXIII, et tome I, Introduction, p. LXXXIII-LXXXIV.

(426. ) Le texte porte de bois King mâle. C’était une espèce de saule. Cf. Bretschneider, Botanicon sinicum, part III, n° 348. Le King mâle ne porte pas de fruits ; aussi est-il un emblème de pureté.

(427. ) Il s’agit de l’hiver de la sixième année yuen-ting ; laquelle commence le 14 novembre 112 et finit le 3 novembre 111 avant J.-C.

(428. ) Nom d’une commanderie.

(429. ) La ville de Keou-che était sur l’emplacement de l’ancienne principauté féodale de Hoa (cf. tome I, n. 04.461) ; elle était à 20 li au sud de la sous-préfecture actuelle de Yen-che, préfecture et province de Ho-nan.

(430. ) C’est-à-dire Chao-wong et Loan Ta qui avaient tous deux été mis à mort à cause de leurs supercheries.

(431. ) C’est-à-dire les bâtiments où logeait l’empereur quand il était en voyage.

(432. ) [] ; on l’identifie avec T’ai hao Fou-hi.

(433. ) Le personnage légendaire appelé Sou-niu paraît avoir été une femme ; mais on trouve fort peu de renseignements à son sujet.

(434. ) Sur les 19 odes chantées aux sacrifices kiao, cf. Appendice I.

(435. ) Le luth k’ong-heou avait 23 cordes.

(436. ) Le mot [] a ici le sens de « arrêter ». Cf. l’expression dans le Che King, section Siao ya, 3e décade, ode 4. Legge, C. C., vol. IV, p. 287, note.

(437. ) Nom d’une commanderie ; cf. tome II. p. 534, n° 5.

(438. ) Ce fut en réalité une démonstration militaire destinée à intimider le chen-yu des Hiong-nou.

(439. ) Cette montagne est située au nord de la sous-préfecture de Tchong-pou, préfecture secondaire de Fou, province de Chàn-si.

(440. ) Le Ts’ien Han chou (chap. XXII) donne la leçon Leang-jou.

(441. ) Cf. De Groot, The religions system of China, vol. III, p. 853.

(442. ) Cf. tome I, n. 01.225.

(443. ) On ne trouve pas cette cérémonie mentionnée dans les livres classiques. Mais il y est fait allusion dans le Kouo yu, attribué à Tso K’ieou-ming ; nous y lisons en effet au chap. XVIII la phrase suivante :

« Lorsque le Fils du Ciel fait hors de ville le sacrifice impérial, il tue lui-même la victime à coups de flèches.

(444. ) Le Chang chou n’est autre que le Chou King et le Tcheou koan est le Tcheou li. Quant au Wang tche, cf. n. 308.

(445. ) Le vénérable Ting conseille à l’empereur de ne pas s’exposer à un échec retentissant comme celui de Ts’in Che-hoang-ti ; il l’engage à s’assurer d’abord des bonnes dispositions des dieux en faisant quelques pas sur le bas du T’ai chan ; s’il ne se produit alors ni vent ni pluie, ce sera signe que les dieux sont favorables à l’entreprise et l’empereur pourra monter jusqu’au sommet et y célébrer le sacrifice fong.

(446. ) L’historien revient à l’année 110 avant J.-C. Dans les lignes qui précèdent, il a expliqué comment l’empereur avait été amené à consulter les lettrés sur les sacrifices fong et chan. Dans les lignes qui suivent, il va montrer pourquoi l’empereur renonça à suivre les avis des lettrés.

(447. ) Les neuf Souverains auxquels il est fait ici allusion sont peut-être les neuf Souverains de l’homme. Cf. tome I, p. 19.

(448. ) Cf. n. 429.

(449. ) Le T’ai-che est une des cimes du Song-kao ou Pic du centre ; cf. n. 112.

(450. ) Ce nom signifie : lieu qui met en honneur (tch’ong) le Kao, c’est-à-dire le Song-kao ou Pic du centre.

(451. ) Mais il ne monta pas encore jusqu’au sommet ; ce n’est que plus tard, comme on le verra quelques lignes plus bas, qu’il accomplit le sacrifice fong.

(452. ) Il s’agit d’une stèle que l’empereur Ou fit ériger au sommet du T’ai-chan ; il profita, pour la transporter, du moment où la végétation n’était pas encore avancée et où par conséquent un lourd charroi pouvait passer sans lui faire de mal.

(453. ) Cf. pp. 432-435.

(454. ) Cf. n. 405 ad fin.

(455. ) C’est-à-dire l’empereur Ou.

(456. ) Fong-kao était à 17 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de T’ai-ngan, préfecture de T’ai-ngan, province de Chan-tong.

(457. ) On a vu plus haut (p. 433) que le sacrifice au Maître de la terre se faisait sur le mont Leang-fou.

(458. ) Cf. n. 138.

(459. ) Le mot [] désigne ici le tertre sur lequel on célébrait le sacrifice fong.

(460. ) Tse-heou est l’appellation de Houo Chan, marquis de Koan-kiun, fils de Houo K’iu p’ing ; cf. p. 163, n° 25, note 5.

(461. ) Cf. n. 169.

(462. ) Les terres des cinq couleurs symbolisaient les régions des quatre points cardinaux et le centre.

(463. ) Le [a] et le [b] paraissent être deux espèces différentes de rhinocéros.

(464. ) Je rétablis ici la phrase qui se trouve dans le XIIe chapitre des Mémoires historiques et dans le XXVe chapitre du Ts’ien Han chou  ; on avait amené jusqu’au pied du T’ai chan des rhinocéros et des éléphants, mais l’empereur n’en fit aucun usage et ces animaux purent s’en aller. Le chapitre XXVIII des Mémoires historiques donne la leçon […] qu’il faut rattacher à ce qui suit :

« Au moment où ou sacrifia à la souveraine Terre et où on fit les sacrifices fong et chan...

(465. ) A proprement parler, l’empereur s’assit à l’endroit où la tradition rapportait qu’il y avait eu autrefois un Ming-t’ang ; l’empereur lui-même devait faire élever en l’an 106 (cf. p. 510) un édifice de ce nom.

(466. ) Cf. n. 423.

(467. ) Les commentateurs expliquent le texte comme s’il y avait [] au lieu de [] ; c’est en effet la leçon que nous trouvons dans le VIe chapitre du Ts’ien Han chou, à la date de la première année yuen-fong. Il y aurait donc ici une allusion à la voix mystérieuse qui souhaita à l’empereur dix mille années de vie, au moment où il était sur le Pic du centre (cf. p. 499).

(468. ) C’est-à-dire que l’empereur change le nom de la période d’années et, de l’année en cours, il fait la première année tien-fong.

(469. ) Comme mesure de capacité, le che vaut 10 teou ou boisseaux.

(470. ) Ces quatre préfectures étaient situées aux environs du T’ai-chan et avaient été fortement taxées pour défrayer l’empereur et son cortège.

(471. ) L’année i-mao est la troisième année yuen-cho (126 av. J.-C.) ; à cette date, en effet, le chapitre VI du Ts’ien Han chou mentionne une amnistie. Cet emploi des caractères cycliques pour désigner l’année est fort rare chez Se-ma Ts’ien.

(472. ) Cf. tome I, n. 01.241.

(473. ) Cf. n. 460. Il est probable que l’empereur Ou fit empoisonner Tse-heou pour être sûr qu’il ne divulguerait pas ce qui s’était passé lors du sacrifice fong dont il avait été le seul témoin (cf. p. 501).

(474. ) Cf. tome II, n. 06.315.

(475. ) Kieou-yuen était une préfecture de la commanderie de Ou-yuen ; cf. tome II, p. 539, n° 54.

(476. ) Cf. n. 27.162. .

(477. ) Cf. n. 25.158. .

(478. ) « L’étoile Etendard ». Le Ts’ien Han chou écrit « Saturne ».

(479. ) On retrouve la même image dans le chapitre LXXV des Mémoires historiques :

« Il s’était écoulé environ le temps qu’il faut pour manger depuis qu’ils étaient sortis, lorsque... 

Ce laps de temps devant être, d’après le contexte, fort court, je suppose qu’il s’agit du temps qu’il faut, non pour faire un repas, mais pour prendre une bouchée, la mâcher et l’avaler.

(480. ) D’après Yen Che-kou, cette expression désignerait la planète Saturne que le texte du Ts’ien Han chou (cf. n. 478) vient de mentionner. Il est à remarquer cependant que l’expression « étoile de la vertu » désigne en général la planète Jupiter.

(481. ) Cette année correspond en gros à l’année 109 avant J.-C., mais l’hiver est encore compris en partie dans l’année 110.

(482. ) L’étoile de la vertu est identifiée avec Jupiter ; l’étoile de la longévité, avec Nan ki lao jen, soit Canopus du navire Argo ; l’étoile de la sincérité, avec Saturne.

(483. ) Comme plus haut (cf. n. 421), ces quelques phrases doivent être la prière par laquelle l’aide-sacrificateur annonçait à T’ai-i que l’empereur lui faisait une offrande.

(484. ) Cf. tome II, n. 06.361. Cf. Bretschneider, Botanicon sinicum, dans Journal of the China Branch of the R. A. S., vol. XXV, p. 40, n° 41 et vol. XXIX, p. 418, n° 266.

(485. ) Il y avait un temple dans cette localité qui se trouvait à 30 li au nord-est de la ville préfectorale de Lai-tcheou, province de Chan-tong.

(486. ) D’après le T’ong kien kang mou, il s’agit ici du T’ai-chan oriental qui était à 125 li au sud de la sous-préfecture actuelle de Lin-k’iu, préfecture de Ts’ing-tcheou, province de Chan-tong.

(487. ) La digue de Hou-tse était au nord de la ville de Pou-yang, laquelle se trouvait elle-même au sud de la préfecture secondaire actuelle de K’ai, préfecture de Ta-ming, province de Tche-li.

(488. ) Cf. le chapitre XXIX des Mémoires historiques.

(489. ) Le Tong Yue et le Nan Yue.

(490. ) Cf. tome I, Introduction, p. LXXX.

(491. ) L’augure se tirait de la forme des trous que présentaient les os du poulet.

(492. ) On a vu plus haut (p. 494) que Kong-sien K’ing prétendait avoir vu des traces de pas d’un être surnaturel sur la muraille de Keou-che.

(493. ) Fei-lien préside au vent ; cf. n. 256.

(494. ) Cf. n. 484.

(495. ) Cf. tome I, Introduction, p. LXXXVI.

(496. ) Le T’ong kien kang mou rapporte cette sécheresse à l’année précédente.

(497. ) D’après Se-ma Tcheng, les étoiles Ling seraient identiques aux étoiles Long, c’est-à-dire à tout l’ensemble de constellations qui forment le Dragon azuré.

(498. ) Hoei-tchong se trouvait dans la préfecture de Kao-p’ing (aujourd’hui sous-préfecture de Tchen-yuen, préfecture secondaire de King, province le Kan-sou ; le chemin que fit ouvrir l’empereur Ou menait de Hoei-tchong à la passe Siao. La passe Siao était la passe septentrionale du pays de Ts’in ; elle s’était appelée autrefois passe Long-chan ; elle était à 140 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Tchen-yuen déjà nommée plus haut.

(499. ) C’était un étang qui se trouvait dans la commanderie de Tchouo.

(500. ) Aujourd’hui, sous-préfecture de Kiang-ling, préfecture de King-tcheou, province de Hou-pei.

(501. ) Cette préfecture, qui faisait partie de la commanderie de Lou-kiang, était à 30 li au nord-est de la sous-préfecture actuelle de Houo-chan, préfecture secondaire de Leou-ngan, province de Ngan-hoei.

(502. ) Siun-yang était une préfecture de la commanderie de Lou-kiang ; elle était au nord de la sous-préfecture actuelle de Hoang-mei, préfecture de Hoang-tcheou, province de Hou-pei.

— Le chapitre VI du Ts’ien Han chou rapporte que, en descendant le Yang-tse kiang à partir de cette ville, l’empereur Ou tua lui-même à coups de flèches un alligator qui se trouvait dans le fleuve ; sur les alligators en Chine, cf. l’article de M. A. Fauvel, Alligators in China. Journal of the China Branch of the R. A. S., n. s., vol. XIII, p. 136.

(503. ) Cette préfecture était à 120 li au sud-est de la sous-préfecture actuelle de T’ong -tch’eng, préfecture de Ngan-k’ing, province de Ngan-hoei.

(504. ) Le lac P’ong-li n’est autre que le grand lac P’o-yang, dans la province de Kiang-si ; l’empereur y passa avant d’avoir débarqué à Tsong-yang.

(505. ) Cf. n. 456.

(506. ) Cf. n. 465, et Li ki, chap. XII.

(507. ) Le Koen-loen est la montagne légendaire de l’Asie centrale ; il s’y trouvait, disait-on, cinq remparts et douze tours ; c’est pourquoi on donnait son nom au chemin couvert surmonté d’une tour qui menait au Ming-t’ang.

(508. ) Il s’agit toujours de la même année que précédemment, à savoir de la cinquième année yuen-fong ; aussi le Ts’ien Han chou donne-t-il la leçon [] « cette année-là ».

(509. ) Kao Hoang-ti n’est autre que Kao-tsou, le fondateur de la dynastie Han.

(510. ) Cf. n. 507.

(511. ) L’Empereur jaune ne pouvait pas être au centre, puisque cette place était déjà assignée à T’ai-i ; aussi lui assigne-t-on la même orientation qu’à l’Empereur rouge, à savoir le sud.

(512. ) C’est en effet cette date qui fut prise comme point de départ dans le nouveau calendrier t’ai-tch’ou. Cf. tome I, Introduction, p. XXXIV-XXXV.

(513. ) Cf. n. 401. Le grand principe [] est ici l’équivalent de « la grande origine ». Le calendrier de l’empereur Ou fut en effet appelé calendrier t’ai-tch’ou, ou de la grande origine.

(514. ) Ce texte est celui de la prière adressée à T’ai-i ; cf. n. 421 et 483.

(515. ) Cf. n. 348.

(516. ) Cette petite hauteur était à 5 li au sud-ouest de la ville préfectorale de T’ai-ngan.

(517. ) Les rapports et les comptes des autorités provinciales.

(518. ) Ce personnage a déjà été cité précédemment (p. 507).

(519. ) Ce palais était à 20 li au nord-ouest de la ville préfectorale de Si-ngan ; son enceinte n’avait pas moins de 30 li de pourtour.

(520. ) Cf. tome II, p. 391.

(521. ) Le mot [] désigne un chemin pavé au milieu du terrain occupé par les bâtiments d’un temple ou d’un palais.

(522. ) D’après le San fou kou che, il y avait sur la rive nord de l’étang un poisson en pierre long de 20 pieds et large de 5. Sur la rive ouest, il y avait des tortues de pierre qui avaient chacune 6 pieds de long.

(523. ) Ici aussi il s’agit vraisemblablement d’une image en pierre d’un oiseau gigantesque.

(524. ) Les poutres de cette construction étaient enchevêtrées comme les pièces de bois qui servent à faire la barrière d’un puits.

(525. ) Jusqu’alors les Han avaient suivi le système des Ts’in qui considérait le dixième mois comme le premier de l’année.

(526. ) Ce fut en cette année qu’on institua les titres de koang-lou-hiun, ta-hong-lou, ta-se-nong, tche-kin-ou, King-tchao-yn, tso-fong-i, yeou-fou-fong, etc. Cf, tome II, appendice I, n°’ IX, XIV, XVI, XVIII, XXIV A et B, XXV.

(527. ) Le nombre cinq étant celui qui correspond à l’élément terre, on attribua cinq caractères aux inscriptions des sceaux.

(528. ) Cf. tome I, Introduction, p. LXXV et suiv., et chapitre CXXIII des Mémoires historiques.

(529. ) La couleur de la victime devait correspondre à l’élément qui était vaincu par l’élément correspondant à l’Empereur auquel on offrait cette victime à manger. Ainsi, quand on sacrifiait à l’Empereur rouge qui correspond à l’élément feu, on lui offrait une victime blanche, parce que le blanc est la couleur du métal et que le métal est vaincu par le feu.

(530. ) Cf. De Groot, The religious system of China, vol. II, p. 709.

(531. ) Nom de lieu légendaire.

(532. ) D’après Yen Che-kou, Yng-nien équivaut à K’i-nien « demander aux dieux des années », c’est-à-dire la longévité. De nos jours, il y a dans le temple du Ciel à Péking un édifice appelé le [K’i-nien .. ].

(533. ) D’après Yen Che-kou, ce nom signifiait « (Edifice) montrant que la longévité a été obtenue ».

(534. ) Ce sont des ministres légendaires de Hoang-ti ; au lieu de Fong-tch’en, le chapitre XXV du Ts’ien Han chou donne la leçon Fong-kiu.

(535. ) Cf. n. 486.

(536. ) Cf. tome I, n. 01.125.

(537. ) Le nom de Che-lu signifie la Porte de pierre.

(538. ) Sur le Heng-chan ou Tch’ang-chan, cf. tome I, n. 02.223. Cette montagne était le Pic du nord ; cf. n. 111 du présent volume.

(539. ) Cf. pp. 466-467.

(540. ) Le Ciel, la Terre et T’ai-i ; cf. p. 46, lignes 15-17.

(541. ) Les étoiles rouges sont identiques aux étoiles Ling dont il a été question plus haut ; cf. p. 509.

(542. ) La phrase est obscure, mais elle doit faire allusion aux cinq autels que K’oan Chou fit élever en l’honneur de la souveraine Terre ; cf. p. 475 : Le commentaire de Se-ma Tcheng me paraît ici fautif.

(543. ) Cf. pp. 432-435.

(544. ) Cf. n. 533.

(545. ) Cf. pp. 415-416.

(546. ) Cf. p. 418.

(547. ) C’est-à-dire que l’empereur ne parvint pas à se dégager complètement des liens de la superstition.

(548. ) On peut voir qu’ils n’arrivent à aucun résultat positif.

(549. ) Cf. n. 356.