Modorf-les-bains/06

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Imprimerie Joseph Beffort (p. 54-57).

Moyens adjuvants.

Il y a des personnes qui prétendent qu’à une station thermale l’on ne devrait faire usage que des moyens fournis exclusivement par la source ; elles permettraient encore qu’on variât les modes d’application et d’absorption, mais en dehors de l’eau de la source elles voudraient voir bannie toute autre médication, pour ne laisser agir que le génie thermal dans toute sa pureté. Cela est une exigence déraisonnable et peu pratique. Il nous semble au contraire qu’on ne peut pas agir trop puissamment ni trop diversement pour arriver vite à un résultat. Chaque maladie constitutionnelle finit tôt ou tard par avarier les différentes fonctions ; et quand on se trouve en présence d’une constitution délabrée, il faut soigneusement examiner les détails, et ne point oublier la moindre particularité. Relevant ici une fonction, combattant là un symptôme, on arrive par l’addition de plusieurs effets salutaires, par la suppression de quelques inconvénients, de l’un ou l’autre vice fonctionnel, à un résultat d’ensemble fort satisfaisant. Dans une machine aussi compliqué que l’est l’organisme humain, le moindre rouage, le moindre détail, a son importance, et le bon fonctionnement des parties qui le composent, constitue la santé de tout l’appareil.

Le médecin des eaux est donc obligé de recourir parfois aux médicaments, surtout aux spécifiques. Il est certain que les cures aux eaux sulfureuses, à Aix-la-Chapelle et ailleurs, réussissent surtout parce qu’on y pratique des cures mercurielles et iodées puissantes, dirigées et surveillées par des spécialistes rompus au métier. Cependant aux eaux on est assez sobre généralement de prescriptions pharmaceutiques, parce que d’abord bien des malades ont en vain épuisé les trésors de la pharmacie, et que d’autres ont précisément la digestion abîmé par l’abus des purgatifs, des stomachiques etc. On préfère donc s’en tenir aux agents physiques plutôt qu’aux remèdes chimiques.

Dans les maladies de la respiration on fait usage de l’appareil pneumatique, qui rend surtout d’excellents services dans le cas d’emphysème pulmonaire et d’exsudat pleurétique. Des inhalateurs ou pulvérisateurs servent à porter l’eau minérale sur la muqueuse des bronches, du larynx et du pharynx. De même la douche nasale est employée pour modifier la cavité nasale par les lotions d’eau minérale qu’on y projette au moyen de ce petit instrument.

L’électricité est d’un emploi fréquent, car beaucoup de maladies nerveuses, des paralysies et des névralgies sont traitées tous les étés à Mondorf. Le courant galvanique est tout aussi indispensable que le courant interrompu pour soigner convenablement ces affections.

Mondorf renferme donc un arsenal complet de moyens énergiques pour combattre les maladies chroniques. L’eau minérale en boisson présente, comme nous avons vu, des applications aussi multiples qu’efficaces. Les bains offrent une variation de procédures qui permettent d’en obtenir tous les effets possibles et de les appliquer à tout âge, à toutes les constitutions, à tous les cas spéciaux. L’hydrothérapie ne présente pas un assortiment moins riche de pratiques pour obtenir les effets de l’eau froide. Enfin le gaz azote nous fournit un moyen de cure aussi rare que précieux. Si nous exceptons le diabète, les affections organiques du cœur, les tumeurs malignes, l’épilepsie et l’aliénation mentale, l’ulcère de l’estomac et certaines affections rénales, le plus grand nombre des maladies chroniques se trouve recueillir à Mondorf soit la guérison complète soit une modification très favorable de leur cours. Il est ainsi permis de citer plus particulièrement :

1. Les troubles de l’appareil digestif : Le catarrhe chronique de l’estomac et des intestins, la constipation habituelle, la pléthore abdominale, la congestion du foie, de la rate, les hémorrhoïdes ; de plus la pléthore aqueuse générale et certains cas d’obésité, où la débilité du patient défend l’emploi des cures affaiblissantes.
2. L’anémie en général, qu’elle soit engendrée par des pertes éprouvées par l’organisme, comme elle se montre après les couches difficiles, après les pertes de sang, et dans la convalescence du typhus et d’autres maladies graves ; ou qu’elle se produise par un défaut de nutrition, dans le cas de faiblesse native, de manque habituel d’appétit, de croissance rapide, de chlorose, etc. Des anémies plus graves accompagnent la leucémie, la malaria et les affections luétiques tertiaires.
3. Les diathèses et les dyscrasies : Le rhumatisme, la goutte, le lymphatisme et la tuberculose.
4. Les affections du système nerveux : Le nervosisme, l’hypochondrie, l’hystérie, la chorée, les paralysies essentielles des enfants, les paralysies réflexes qui intéressent presqu’exclusivement le sexe féminin, les suites de l’apoplexie cérébrale, les névralgies, la sciatique, l’ataxie locomotrice.
5. Les inflammations chroniques qui ont produit des exsudats plastiques parenchymateux dans la plèvre, dans la matrice et ses annexes, dans les glandes et le tissu cellulaire. Ensuite les inflammations de la peau, surtout quand elles présentent le type atonique, ulcéreux, indolent, ou qu’elles se trouvent manifestement sous l’influence de la diathèse lymphatique ; enfin les suppurations chroniques des os et des parties molles.
6. Les affections chroniques des fosses nasales, l’ozène, le catarrhe chronique de la gorge et de l’oreille, qui engendre les plus nombreux cas de surdité, la bronchite chronique, l’emphysème, l’asthme et la phthisie.