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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

celui d’Honorius Bellus, médecin en Crète, qui lui envoyait assez souvent des graines par l’intermédiaire de Jean Vincent Pinelli, et celui de Philippe de Sivry, Gouverneur de Mons en Hainaut (Belgique), qui, en 1591, lui adressait un bulbe de Narcisse à fleurs doubles, et qui, en 1588, lui avait envoyé deux tubercules et un fruit de la Pomme de terre, puis, en 1589, une Aquarelle représentant un rameau fleuri de cette plante avec deux tubercules rougeâtres, que nous avons reproduite dans notre Histoire de la Pomme de terre.

C’est en cultivant ces deux tubercules de Philippe de Sivry que Charles de l’Escluse a obtenu toutes les Pommes de terre qu’il a distribuées en Autriche et en Allemagne et envoyées jusqu’à Padoue, en Italie. D’Allemagne, la Pomme de terre était passée en Suisse et de la Suisse dans le Dauphiné, d’où l’avait reçue Olivier de Serres, qui la cultivait avant 1600 dans ses terres du Pradel, en Vivarais, sous le nom de Cartoufle, par dérivation du mot allemand Kartoffel[1]. Ce célèbre agronome ne savait pas que cette Cartoufle provenait des distributions de Charles de l’Ecluse, avec lequel il n’était pas non plus en relations directes, ce qui n’empêche qu’il se soit ainsi exprimé au sujet de notre savant botaniste, dans son Théâtre d’Agriculture, en 1600 ;. « Nous devons la cognoissance et le gouvernement de plusieurs rares et excellentes fleurs, à M. Charles de l’Escluse, qui avec soin exquis, en a eslevé un grand nombre dans son jardin de Leiden en Hollande ; où il a faict transporter les races des Indes et de divers autres pays lointains. Pour laquelle gentille dextérité, il a mérité le tiltre de père des fleurs, et aussi pour ses aultres vertus, beaucoup de louanges ».

« On conserve à l’Université de Leyde, dit Ed. Morren, toutes les lettres qui furent adressées à Charles de l’Escluse, soigneusement mises en ordre et réunies en huit fascicules, sous le titre de Illustrium et eruditorum virorum et feminarum Epistolæ ad Carolum Clusium. M. Hugo de Vriese a publié, en 1843, des renseignements sur cette intéressante collection : elles émanent de personnes instruites, la plupart botanistes, savants ou amateurs de plantes ; quelques-unes sont écrites par des femmes éminentes… Presque toutes portent en marge,

  1. C’est encore actuellement le nom allemand de la Pomme de terre.