Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/351

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Thétis et d’Eurynomè qui m’avaient sauvé. Et, maintenant, puisque Thétis aux beaux cheveux vient dans ma demeure, je lui rendrai grâce de m’avoir sauvé. Mais toi, offre-lui les mets hospitaliers, tandis que je déposerai mes soufflets et tous mes instruments.

Il parla ainsi. Et le corps monstrueux du dieu se redressa de l’enclume ; et il boitait, chancelant sur ses jambes grêles et torses. Et il éloigna les soufflets du feu, et il déposa dans un coffre d’argent tous ses instruments familiers. Puis, une éponge essuya sa face, ses deux mains, son cou robuste et sa poitrine velue. Il mit une tunique, prit un sceptre énorme et sortit de la forge en boitant. Et deux servantes soutenaient les pas du roi. Elles étaient d’or, semblables aux vierges vivantes qui pensent et parlent, et que les Dieux ont instruites. Soutenu par elles et marchant à pas lourds, il vint s’asseoir auprès de Thétis, sur un trône brillant. Et il prit les mains de la déesse et lui dit :

— Thétis au long péplos, vénérable et chère, pourquoi es-tu venue dans ma demeure où nous te voyons si rarement ? Parle. Mon cœur m’ordonne d’accomplir ton désir, si je le puis, et si c’est possible.

Et Thétis, versant des larmes, lui répondit :

— Hèphaistos ! parmi toutes les Déesses qui sont dans l’Olympos, en est-il une qui ait subi des maux aussi cruels que ceux dont m’accable le Kronide Zeus ? Seule, entre les Déesses de la mer, il m’a soumise à un homme, à l’Aiakide Pèleus ; et j’ai subi à regret la couche d’un homme ! Et, maintenant, accablé par la triste vieillesse, il gît dans sa demeure. Mais voici que j’ai d’autres douleurs. Un fils est né de moi, le plus illustre des héros, et il a grandi comme un arbre, et je l’ai nourri comme une plante dans une terre fertile. Et je l’ai envoyé vers Ilios sur ses nefs aux poupes recourbées, pour combattre les Troiens, et je