Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Enfin, puisque vous y tenez, nous allons vous chercher quelque chose. »

Il feuillette son registre.

« Voulez-vous aller à Arpajon ?

— Je voudrais ne pas quitter Paris.

— Ah ! ils sont tous comme ça… Paris ! Paris !… »

Il continue à feuilleter le registre…

« Mon cher garçon, rien à Paris — rien !… qu’une place au pair, rue de la Chopinette — chez Ugolin — nous l’appelons Ugolin parce qu’on y crève la faim. »

Je ne puis accepter le pair — le pair, c’est la vie pour moi, mais pour Legrand, c’est la mort.


Madame Firmin intervient.

« Dis donc, Firmin ? dans les places où l’on siffle ?…

— Mais M. Vingtras ne veut peut-être pas d’une place où l’on siffle ? »

Je ne sais de quoi ils parlent. Mais de peur d’embarrasser la situation, je déclare qu’au contraire j’adore ces places-là. « C’est ce que je rêvais, une place où l’on siffle. » Nous verrons ce que c’est ! En attendant, il faut que Legrand mange ; je ne voudrais pas retrouver son cadavre froid dans mon lit : je ne pourrais pas dormir de la nuit.

« Eh bien, voici une lettre pour M. Entêtard, rue Vanneau. Vous avez le déjeuner au pupitre et quinze francs par mois. »

Le déjeuner au pupitre !… quinze francs par mois