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LE CHEVAL ET LE SOLDAT


Un soldat, pendant toute la durée de la guerre, avait nourri d’orge son cheval, compagnon de ses travaux et de ses dangers. Mais, la guerre finie, le cheval fut employé à des besognes serviles et au transport de lourds fardeaux, et il ne fut plus nourri que de paille. Cependant une autre guerre fut annoncée, et à l’appel de la trompette le maître brida son cheval, s’arma lui-même et l’enfourcha. Mais le cheval sans force tombait à chaque pas. Il dit à son maître : « Va maintenant te ranger parmi les fantassins ; car de cheval tu m’as changé en âne. Comment veux-tu d’un âne refaire un cheval ? »

Dans les temps de sécurité et de relâche, il ne faut pas oublier les temps de malheur.

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LE ROSEAU ET L’OLIVIER


Le roseau et l’olivier disputaient de leur endurance, de leur force, de leur fermeté. L’olivier reprochait au roseau son impuissance et sa facilité à céder à tous les vents. Le roseau garda le silence et ne répondit mot. Or le vent ne tarda pas à souffler avec violence. Le roseau, secoué et courbé par les vents, s’en tira facilement ; mais l’olivier, résistant aux vents, fut cassé par leur violence.

Cette fable montre que ceux qui cèdent aux circonstances et à la force ont l’avantage sur ceux qui rivalisent avec de plus puissants.

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LE CHAMEAU QUI A FIENTÉ DANS UNE RIVIÈRE


Un chameau traversait une rivière au cours rapide. Ayant