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fienté, il vit aussitôt sa crotte emportée devant lui par la rapidité du courant. « Qu’est-ce là ? s’écria-t-il ; ce qui était derrière moi, je le vois à présent passer devant moi. »

Cette fable trouve son application dans un État où les derniers et les imbéciles dominent à la place des premiers et des gens sensés.

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LE CHAMEAU, L’ÉLÉPHANT ET LE SINGE.


Les bêtes délibéraient sur le choix d’un roi. Le chameau et l’éléphant se mirent sur les rangs et se disputèrent les suffrages, espérant être préférés aux autres, grâce à leur haute taille et à leur force. Mais le singe les déclara l’un et l’autre impropres à régner : « le chameau, dit-il, parce qu’il n’a point de colère contre les malfaiteurs, et l’éléphant, parce qu’il est à craindre qu’un goret, animal dont il a peur, ne vienne nous attaquer. »

Cette fable montre qu’une petite cause ferme parfois l’accès des grands emplois.

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LE CHAMEAU ET ZEUS


Le chameau, voyant le taureau se prévaloir de ses cornes, l’envia et voulut lui aussi en obtenir autant. C’est pourquoi, étant allé trouver Zeus, il le pria de lui accorder des cornes. Mais Zeus, indigné qu’il ne se contentât point de sa grande taille et de sa force et qu’il désirât encore davantage, non seulement refusa de lui ajouter des cornes, mais encore lui retrancha une partie de ses oreilles.

Ainsi beaucoup de gens qui, par cupidité, regardent les autres avec envie, ne s’aperçoivent pas qu’ils perdent leurs propres avantages.