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tenait trois propos vrais, de la laisser aller. Alors la brebis commença par lui dire qu’elle aurait voulu ne pas le rencontrer ; puis, qu’à défaut de cela, elle aurait voulu le trouver aveugle ; en troisième lieu, elle s’écria : « Puissiez-vous, méchants loups, périr tous de male mort, puisque, sans avoir souffert de nous aucun mal, vous nous faites méchamment la guerre ! » Le loup reconnut sa véracité et la laissa partir.

Cette fable montre que souvent la vérité a son effet même sur des ennemis.



231


LE LOUP BLESSÉ ET LA BREBIS


Un loup, ayant été mordu et mis à mal par des chiens, s’était abattu sur le sol. Comme il était hors d’état de se procurer à manger, il aperçut une brebis et la pria de lui apporter à boire de la rivière voisine. « Si tu me donnes de quoi boire, je trouverai moi-même de quoi manger. — Mais si je te donne de quoi boire, répondit la brebis, c’est moi qui ferai les frais de ton repas. »

Cette fable vise le malfaiteur qui tend d’hypocrites embûches.



232


LA LAMPE


Une lampe enivrée d’huile, jetant une vive lumière, se vantait d’être plus brillante que le soleil. Mais un souffle de vent ayant sifflé, elle s’éteignit aussitôt. Quelqu’un la ralluma et lui dit : « Éclaire, lampe, et tais-toi : l’éclat des astres ne s’éclipse jamais. »

Il ne faut pas se laisser aveugler par l’orgueil, quand on est en réputation ou en honneur ; car tout ce qui s’acquiert nous est étranger.



233


LE DEVIN


Un devin, installé sur la place publique, y faisait recette.