Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/251

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peut y avoir abondance pour chacun, qu’autant qu’il y a abondance générale.

Le peuple. Vive, vive l’abondance !

Pierre. Cet homme a beau dire, il ne vous prouvera pas que vous soyez intéressés à subir une concurrence effrénée.

Le peuple. À bas, à bas la concurrence !

Jacques. Cet homme a beau déclamer, il ne vous fera pas goûter les douceurs de la restriction.

Le peuple. À bas, à bas la restriction !

Pierre. Et moi, je déclare que si l’on prive les pauvres vachers et les porchers de leur gagne-pain, si on les sacrifie à des théories, je ne réponds plus de l’ordre public. Ouvriers, méfiez-vous de cet homme. C’est un agent de la perfide Normandie, il va chercher ses inspirations à l’étranger. C’est un traître, il faut le pendre. (Le peuple garde le silence.)

Jacques. Parisiens, tout ce que je dis aujourd’hui, je le disais il y a vingt ans, lorsque Pierre s’avisa d’exploiter l’octroi à son profit et à votre préjudice. Je ne suis donc pas un agent des Normands. Pendez-moi si vous voulez, mais cela n’empêchera pas l’oppression d’être oppression. Amis, ce n’est ni Jacques ni Pierre qu’il faut tuer, mais la liberté si elle vous fait peur, ou la restriction si elle vous fait mal.

Le peuple. Ne pendons personne et affranchissons tout le monde.



XIV. — AUTRE CHOSE[1].


— Qu’est-ce que la restriction ?

— C’est une prohibition partielle.

— Qu’est-ce la prohibition ?

— C’est une restriction absolue.

  1. Tiré du Libre-Échange, n° du 21 mars 1847. (Note de l’éditeur.)