Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 7.djvu/369

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n’est-ce pas la même chose ? Comment se fait-il que nous ne pensions pas sans horreur à l’usurpation du gouvernement des âmes par l’autorité civile, et que nous trouvions si naturelle l’usurpation de la puissance civile par l’autorité sacerdotale ?

Après tout, S. S. Pie IX n’est pas le seul homme en Europe revêtu de cette double autorité. Nicolas est empereur et pape ; Victoria est reine et papesse.

Supposons qu’un Français professant la religion anglicane soit nommé représentant. Supposons qu’il écrive et fasse publier dans les journaux une lettre ainsi conçue :


Gracieuse souveraine,

Je ne vous dois rien comme reine ; mais, placée à la tête de ma religion, je vous dois mon entière et douce obéissance. Veuillez me faire savoir, après avoir consulté votre gouvernement, s’il est dans les intérêts de l’État et de l’Église d’Angleterre que je sois législateur en France.

Supposez que Victoria fasse et publie cette réponse :

« Mon gouvernement est d’avis que vous acceptiez la députation. Par là vous pourrez rendre de grands services directement à ma puissance spirituelle et, par suite, indirectement à ma puissance temporelle ; car il est bien clair que chacune d’elles sert à l’autre. »

Je le demande, cet homme pourrait-il être considéré comme un loyal et sincère représentant de la France ?…




80. — DE LA SÉPARATION DU TEMPOREL ET DU SPIRITUEL
(Ébauche inédite)[1].


Les affaires de Rome ont-elles une solution possible ? — Oui. — Laquelle ? — Qu’il se rencontre un pape qui dise :

  1. Extraite d’un cahier de l’auteur, et probablement écrite en 1849.