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POÉSIES DIVERSES

— J’en ay le dueil ; toi, le mal et douleur.
Si fusse ung povre ydiot et folet,
Au cueur eusses de t’excuser couleur :
Se n’as-tu soing, tout ung, tel, bel ou laid,
Ou la teste as plus dure qu’ung jalet,
Ou mieulx te plaist qu’honneur ceste meschance !
Que respondras à ceste conséquence ?
— J’en seray hors quand je trespasseray.
— Dieu, quel confort ! — Quelle saige eloquence !
— Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.

— D’ond vient ce mal ? — Il vient de mon malheur.
Quand Saturne me feit mon fardelet,
Ces maulx y mist, je le croy. — C’est foleur :
Son seigneur es, et te tiens son valet
Voy que Salmon escript en son roulet :
« Homme sage, ce dit-il, a puissance
Sur les planètes et sur leur influence. »
— Je n’en croy rien ; tel qu’ilz m’ont faict seray.
— Que dis-tu ? — Rien. — Certe, c’est ma créance.
Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.

ENVOI.

— Veux-tu vivre ? — Dieu m’en doint la puissance !
— Il te fault… — Quoy ? — Remors de conscience ;
Lire sans fin. — Et en quoy ? — En science ;
Laisse les folz ! — Bien, j’y adviseray.
— Or le retiens. — J’en ay bien souvenance.
— N’attends pas tant que tourne à desplaisance.
Plus ne t’en dy. — Et je m’en passeray.