Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/220

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116 OEUVRES

Mais il aura raison de repliquer, que les mots qu’ils luy voudroient faire signer n’appartenant point à la foy, et n’estant pas sacrez et autorisez par les Conciles ou par les decrets des Papes, il faudroit que ce fust le sens de ces mots qui fust de foy, et que comme il n’entend point ces termes prochain et accomply, quoy qu’il entende bien celuy de pouvoir, il les supplie tres-humblement de les luy expliquer avant que de les luy faire signer [p. 142].

M. le Moine respondra, que le sens de ces mots n’est pas difficile, que tout le monde entend par pouvoir prochain, une puissance qui a tout ce qui est necessaire pour agir, et qu’ainsi il faloit avoüer, que les justes avoient tousjours tout ce qui estoit necessaire, ou pour agir immediatement, ou au moins pour prier et pour obtenir par la priere la grace efficace necessaire pour agir [p. 134 sq.].

Mais le Pere Nicolai l’interrompra, et soustiendra que ce n’est point ce pouvoir prochain que l’Eglise obligeoit de confesser puisque c’estoit une heresie, que de dire que les justes ont tousjours tout ce qui est necessaire, pour agir ou pour prier, estant certain qu’ils n’ont pas tousjours la grace efficace, qui est aussi necessaire pour l’un que pour l’autre, qu’il suffisoit donc d’admettre un pouvoir prochain, qui n’exclut pas la necessité de la grace efficace pour agir ou pour prier.

M. le Moine doit respondre au P. Nicolai selon ses principes, qu’il fait grand tort à l’Eglise de luy imposer une pretention aussi estrange, que celle d’obliger ses enfans à croire un pouvoir prochain, non prochain, tel qu’estoit celuy des Thomistes, qui enferme une contradiction manifeste selon tous les autres theologiens. Sur ce differend dans lequel ils ne pourront jamais s’accorder, on consultera sans doute M. Cornet comme estant l’oracle du parti, et l’ame de ce grand Corps.

Et comme il est ingenieux à trouver des accommodemens, il dira à l’un et à l’autre qu’ils ne doivent pas faire des veritez de foy de leurs opinions particulieres, qu’il ne faloit point avoir d’autre dessein que celuy de declarer les Jansenistes