Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/233

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fait tant de bruit, que la grace est efficace, et qu’elle determine nostre volonté à faire le bien. Mais je ne fus pas plus heureux en cette seconde question. Vous n’y entendez rien, me dit-il, ce n’est pas là une heresie : C’est une opinion orthodoxe, tous les Thomistes la tiennent, et moy-mesme[1]l’ay soustenuë dans ma Sorbonique[2].

Je n’osay plus luy proposer mes doutes, et [3]mesme je ne sçavois plus où estoit la difficulté ; quand pour m’en éclaircir je le suppliay de me dire en quoy consistoit[4]l’heresie de la proposition de Monsieur Arnauld : C’est,[5]ce me dit-il, en ce qu’il ne reconnoist pas que les justes ayent le pouvoir d’accomplir les Commandemens de Dieu en la maniere que nous l’entendons.


pere jactatam sententiam proscribetis : Per se efficacem esse gratiam, et ab ea voluntatem insuperabiliter flecti ? Verùm hîc quoque sensi me nihilominus infelicem fuisse. Abi, inquit ille, cum istâ tantâ tuâ istarum rerum inscientiâ. Non hæc hæresis, sed orthodoxa sententia est, quam Thomistæ omnes, quam ipse in Sorbonicâ disputatione defendi. Nil jam ego proferre audebam, et tamen ubinam quæstio resideret prorsus ignorabam. Sed ut id quoquomodo ex ipso elicerem : Fac igitur, amabo, ut quamobrem hæretica sit Arnaldi periodus, nos doceas. Quia, inquit, non agnoscit in justis eam quam volumus bene agendi potestatem.

  1. A2B. [je] l’ay.
  2. Première des trois thèses de licence, que l’on passait deux ans après la Tentative, examen du baccalauréat.
  3. B. mesme, manque.
  4. A2B. [donc].
  5. B. ce, manque.