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SECONDE PROVINCIALE 159

davantage ceux qui sont puissans dans l’Eglise ; les Jesuites se contentent d’avoir gagné sur eux qu’ils admettent au moins le nom de grace suffisante, quoy qu’ils l’entendent 1 comme il leur plaist. Par là ils ont cet advantage qu’ils font, quand ils veulent, passer leur opinion pour ridicule et insoustenable. Car supposé que tous les hommes ayent des graces suffisantes, il n’y a rien 2 si facile que d’en conclure que la grace efficace n’est 3 pas necessaire 4 , 5 puis que cette necessité excluroit la suffisance qu’on suppose. Et il ne serviroit de rien de dire qu’on l’entend autrement : Car l’intelligence publique de ce terme ne donne point de lieu à céte explication. Qui dit suffisant, dit tout ce qui est necessaire, c’en est le sens propre et naturel. Or si vous aviez la connoissance des choses qui se sont passées autresfois,

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ciété des Jesuites est trop politique, pour les choquer ouvertement. Elle se contente]; B. [La Société est trop politique pour agir autrement : elle se contente]; d’après W: Alienum hoc esset a Societatis prudentia.

1. A 2 B. [en un autre sens]. Par la [elle a] cet avantage [qu’elle fera] passer leur opinion [pour insoutenable quand elle le jugera à propos, et cela luy sera aisé]. Car... ; W. quoties libuerit (le reste est conforme au texte de l’édition princeps).

2. A 2 B. [de plus naturel].

3. A 2 B. [donc].

4. A 2 , [pour agir].

5. A 2 B. puisque [la suffisance de ces grâces générales] excluroit la [necessité de toutes les autres. Qui dit suffisant, marque (B. dit) ce qui est necessaire pour agir,] et il serviroit de [peu aux Dominicains de s’ecrier qu’ils donnent un autre sens au (B. qu’ils prennent en un autre sens le) mot de suffisant : le peuple accoutumé] à l’intelligence [commune] de ce terme [n’écouteroit pas seulement leur] explication. [Ainsi la Société profite assez de cette expression que les Dominicains reçoivent, sans les pousser davantage ; et] si vous aviez la