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QUATRIEME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 229

« non si puo far mente, il papa e tuto giezuita ; on ne peut rien faire, le pape est tout jésuite. »

C’est alors que Pascal composa la quatrième Provinciale, écrite à Paris, d’après Fouillou, et datée du vendredi 25 février: nous ne savons à quelle date elle parut. Cette lettre marque la transition entre les Provinciales théologiques et les Provinciales morales. Ici déjà, Pascal, abandonnant la question de la Sorbonne, passe résolument à l’attaque et tourne les Jésuites en ridicule. Il annonce même en terminant qu’il va faire connaître les excès des Pères dans la morale. On s’est souvent demandé quelle avait pu être la cause de ce changement dans sa tactique. Le P. Rapin, dont l’opinion est reproduite dans les Entretiens de Clêandre et d’Eudoxe du P. Daniel, affirme que le chevalier de Méré avait donné à Pascal cet habile conseil (Mémoires, édition Aubineau, T. II, p. 363):

« .....[Après la quatrième Provinciale] Pascal avoit profité d’un avis du chevalier de Meré, bel-esprit de profession, qui avoit commencé à briller sous les dernieres années du cardinal Richelieu et qui, dans une vie un peu licencieuse, avoit esté en quelque façon compagnon de ses egaremens de jeunesse. C’estoit avec luy et avec Thevenot, lequel fut envoyé depuis aux princes d’Italie, qu’il cherchoit des esprits. Pascal ayant fait voir à ce chevalier la quatrieme lettre au Provincial, qui estoit sa première: «Vous n’y estes pas encore, mon cher, luy dit-il ; pendant que vous ne parlerez que de a grace, dont votre lettre est pleine, vous n’interesserez que des moynes et des docteurs à vos disputes ; il faut quelque chose, de plus rejouissant, et, si vous voulez attirer l’attention des honnestes gens, il faut les divertir. » Pascal qui faisoit assez de son esprit ce qu’il vouloit, l’entendit à demy-mot « Laissez-moy faire, dit-il, vous aurez contentement..... »

Cette indication, souvent contestée, et d’ailleurs mêlée à tant d’erreurs, est corroborée par une page extraite d’un ouvrage paru en 1780, et intitulé Lettre du R. P. d’Aubenton, jesuite... (du 9 septembre 1713) avec une Preface pour en faci-