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CINQUIÈME PROVINCIALE 305

manière dont il les 1 faut traiter, je n’eus pas peine à le mettre en train. Il me fit d’abord mille caresses, car il m’ayme tousjours, et apres quelques discours indifferens, je pris occasion du temps où nous sommes, pour apprendre de luy quelque chose sur le jeusne, afin d’entrer insensiblement en matiere. Je luy tesmoignay donc que j’avois 2 bien de la peine à le supporter, il m’exhorta à me faire violence ; mais comme je continuay à me plaindre, il en fut touché, et se mit à chercher quelque cause de dispense. Il m’en offrit en effet plusieurs qui ne me convenoient point, lorsqu’il s’avisa enfin de me demander si je n’avois pas de peine à dormir sans souper. Oüy luy dis-je, mon Pere, et cela m’oblige souvent à faire collation à midy, et à souper le soir. Je suis bien aise, me repliqua-t’il, d’avoir trouvé ce moyen de vous soulager sans peché : Allez, vous n’estes point obligé à jeusner. Je ne veux pas que vous m’en croyez ; venez à la Bibliotheque. J’y fus ; et là, en prenant un livre ; En voicy la preuve, me dit-il, et Dieu sçait quelle ! C’est Escobar. Qui est Escobar, luy dis-je, mon Pere ? Quoy vous ne sçavez pas qui est Escobar de nostre Société qui a compilé cette Theologie Morale de 24. de nos Peres, surquoy il fait dans la preface 3 une Allegorie de ce livre à celuy de l’ Apocalypse qui estoit scellé 4 de sept sceaux.


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1. B. [falloit].

2. B. bien, manque.

3. Cf. cette préface d’Escobar et le fac-simile, supra p. 286.

4. P’ [des].


2e série. I 20