346 ŒUVRES
IV. — BAUDRY D’aASSON DE SAINT-GILLES. — Journal manuscrit.
Lundi 3. Avril 1656.
Je ne dois pas omettre en ce journal le miracle certain arrivé le vendredi 24. Mars dernier à une petite pensionnaire de P. R. de Paris, nommée Perrier d’Auvergne, âgée de 12. ans.
Cette petite avoit depuis 4. ou 5. ans une fistule lacrymale, qui luy rendoit toujours un œil pleurant et mouillé. Depuis 3. ans il s’etoit fait un trou sous l’œil à coté du nez, qui luy avoit percé le nez, en sorte que l’ordure qui etoit fort infecte luy entroit dans le nez, et par là dans la bouche. Cela luy defiguroit tout le visage, et la faisoit sentir mal. Les 3. dernieres années, 5. personnes celebres y avoient travaillé : sçavoir, M. de Chatillon maniere d’operateur fort estimé pour les maux d’yeux; MM. d’Alençay, de Cressay, Bienaisé 1 et Guillard 4. fameux chirurgiens, sans parler des Medecins, entr’autres MM. Hamon et Renaudot, qui la voyoient à toute heure etant les medecins ordinaires. M. d’Alençay surtout l’avoit long tems traittée. Mais tous les remedes jusqu’à present ayant esté inutiles, on n’en jugeoit plus d’autre capable de guerir ce mal, ou plutôt de s’augmenter et degenerer en chancre, que d’y mettre le feu.
On mande pour cela son pere M. Perier de Clermont, beau-frere de M. Pascal, l’un de nos frères retiré à P. R., et d’une de nos Religieuses sa sœur, l’un et l’autre des plus beaux esprits de France. Ce pere part d’Auvergne le 21. ou 22. de Mars dernier. Cependant M. de la Poterie bon et sage ecclesiastique de condition, parent de M. Arn[auld] et des meres de P. R. qui a plusieurs tres rares et saintes reliques, entre autres une epine de la Couronne de Notre-Seigneur envoie
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1. La présence de Bienaisé est signalée également par Fontaine (op. cit, T. II, p. 132).
