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TREIZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 7

s’il est permis à un homme qui a esté blessé, de poursuivre celuy qui l’a frappé, la resout en cette sorte. Cette doctrine (il parle de l’opinion de ceux qui le permettent) ne me semble pas Chrestienne, mais Payenne 1....Hæc doctrina mihi non Christiana, sed gentilitatem sapere videtur, quoniam inde sequeretur, quòd ei ! qui alapam recepit liceret inimicum, si potest, ibi fuste cædere, quod lex mundi ad tuendum honorem requirit, et si aliquis fuste cæsus est, posset statim insequi percussorem et ipsum occidere, quia aliter non potest honori satisfacere. Vel denique poterit aliquod aliud malum statim illi inferre in retributionem, quod est legem Evangelicam, imo et Decalogi destituere (Vasques de rest. c. 2. dub. 9. n. 37.). Si le Calomniateur eust eu autant de desir d’edifier le peuple par la bonne doctrine des Jesuites, qu’il monstre de chaleur à contenter sa passion, au scandale de ceux qui lisent ses Lettres, il auroit allégué l’opinion de cet Autheur, et non pas celle de Victoria que Lessius rejette, bien qu’elle soit appuyée de l’authorité de plusieurs Theologiens fort celebres, qui ne sont pas de nostre Compagnie [pp. 42 et 39].


ADVERTISSEMENT AUX JANSENISTES. — Avoüez la verité, n’est-ce pas la honte que vous avez receuë, lorsque vos Maistres ont esté condamnez d’heresie en France et à Rome, qui vous a porté violemment à la vengeance ? N’est-ce pas pour cela que n’osant pas attaquer ouvertement l’Eglise, comme font vos freres Calvinistes, vous vous en prenez aux Jesuites, que vous avez resolu de persecuter de toutes vos forces ?

Croyez-moy, vous ferez beaucoup mieux de reconnoistre vostre faute avec humilité, et alors si vous avez quelque plainte à faire au Souverain Pasteur contre les Jesuistes, elles seront favorablement receuës. Mais si vous vous opiniatrez comme les heretiques de Charenton, et si vous suivez leur passion, asseurément vous n’avez point d’honneur de faire les singes

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1. Nous interrompons ici, comme dans quelques passages qui suivent, la traduction française que donne le Père Nouet, et nous introduisons dans le texte le latin qu’il cite en note.