Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/38

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22 ŒUVRES

ment vous dites qu’il en condamne la pratique. Et pour prouver cela vous rapportez un de ses passages liv. 2. c. 9. n. 82. où il dit ces mots : J’en condamne la pratique. Je demeure d’accord, que si on cherche ces paroles dans Lessius au nombre 82. où vous les citez, on les y trouvera. Mais que dira-t’on, mes Peres, quand on verra ¹au mesme temps qu’il traite en cét endroit d’une question toute differente de celle dont nous parlons, et que l’opinion, dont il dit en ce lieu là qu’il en condamne la pratique, n’est en aucune sorte celle dont il s’agit icy, mais une autre toute separée? Cependant il ne faut pour en estre éclaircy qu’ouvrir le livre ²au lieu mesme où vous renvoyez. Car on y trouvera toute la suite de son discours en cette maniere.

Il traite la question, sçavoir si on peut tuer pour un soufflet au n. 79. et il la finit au nombre 80. sans qu’il y ait en tout cela un seul mot de condamnation. Cette question estant terminée, il en commence une nouvelle en l’article 81. sçavoir si on peut tuer pour des medisances. Et c’est sur celle là qu’il dit au n. 82. ces paroles que vous avez citées: J’en condamne la pratique.

N’est-ce donc pas une chose honteuse, mes Peres, que vous osiez produire ces paroles, pour faire croire que Lessius condamne l’opinion, qu’on peut tuer pour un soufflet? Et que n’en ayant rapporté en tout que cette seule preuve, vous triomphiez là dessus en

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1. B. [en].

2. B. au lieu, manque.