Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/40

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24 ŒUVRES

tant d’éclat, vous voilà décriez si on vient à sçavoir, que vous y avez supposé un passage pour un autre. On jugera facilement, que si vous eussiez trouvé ce que vous demandiez au lieu mesme où Lessius 1 traitoit cette matiere, vous ne l’eussiez pas esté chercher ailleurs ; et que vous n’y avez eu recours, que parce que vous n’y voiyez rien qui fust favorable à vostre dessein. Vous vouliez faire trouver dans Lessius ce que vous dites dans vostre imposture pag. 10. ligne 12 . qu’il n’accorde pas, que cette opinion soit probable dans la speculation : et Lessius dit expressément en sa conclusion n. 80. Cette opinion, qu’on peut tuer pour un soufflet receu, est probable dans la speculation. N’est-ce pas là mot à mot le contraire de vostre discours? Et qui peut assez admirer, avec quelle hardiesse vous produisez en propres termes le contraire d’une verité de fait? De sorte qu’au lieu que vous concluyez de vostre passage supposé, que Lessius n’estoit pas de ce sentiment, il se conclut fort bien de son veritable passage qu’il est de ce mesme sentiment.


Vous vouliez encore faire dire à Lessius, qu’il en condamne la pratique. Et comme je l’ay déja dit, il ne se trouve pas une seule parole de condamnation en ce lieu là ; mais il parle ainsi : Il semble qu’on n’en doit pas FACILEMENT permettre la pratique: In praxi non videtur FACILÈ PERMITTENDA. Est-ce là 2 le langage d’un homme qui condamne une maxime?

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1. B. [traitte] ; W. disputat.

2. B. [mes Peres].