Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/47

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sur l’Église, sur les miracles, sur la vie intérieure du chrétien (avec omission scrupuleuse de toutes les pensées qui rappellent de trop près le jansénisme et la lutte contre les Jésuites) et il les fait suivre des Pensées diverses de morale et de littérature et des Discours divers de philosophie. Restent les Preuves de la religion, preuves d’ordre psychologique (L’homme dérive de Dieu), preuves d’ordre historique (Les Juifs et Moïse, Jésus-Christ), qui forment, elles, un ensemble simple et clair, et de nature à confirmer l’interprétation que propose l’éditeur de la philosophie de Pascal : Frantin la présente comme une conciliation entre la foi et la raison, et il la met à cet égard en opposition avec le cartésianisme pour la rapprocher du kantisme.

Quelques années après ce premier et remarquable essai de retour au plan primitif de l’Apologie, Victor Cousin lut à l’Académie française, dans les séances qui se tinrent du 1er avril au 1er août 1842, un Rapport qui fut imprimé dans le Journal des Savants : De la nécessité d’une nouvelle édition des « Pensées » de Pascal. « Que dirait-on si le manuscrit original de Platon était, à la connaissance de tout le monde, dans une bibliothèque publique, et que, au lieu d’y recourir et de réformer le texte convenu sur le texte vrai, les éditeurs continuassent de se copier les uns les autres, sans se demander jamais si telle phrase sur laquelle on dispute, que ceux-ci admirent et que ceux là censurent, appartient réellement à Platon ? Voilà pour tant ce qui arrive aux Pensées de Pascal. Le manuscrit autographe subsiste ; il est à la Bibliothèque royale de Paris ; chaque éditeur en parle, nul ne le consulte, et les éditions se succèdent. Mais prenez la peine d’aller rue de Richelieu, le voyage n’est pas bien long : vous serez effrayés de la différence énorme que le premier regard