Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fragments publiés depuis 1670 ; d’ailleurs nous n’y trouverions guère d’avantage moral. Quand on invoque en faveur de la première édition l’autorité des amis de Port-Royal, on oublie qu’ils ont abandonné l’édition pascalienne à laquelle ils avaient travaillé « assez long temps », le duc de Roannez en particulier. Le projet qu’ils exécutèrent ne fut qu’un troisième projet, une sorte de pis aller ; nous n’avons aucune raison de nous en contenter, n’étant plus obligé de plier la pensée vraie de Pascal aux convenances des autorités ecclésiastiques.

Un seul parti n’était pas absolument impossible. C’était — sans tenir compte des témoignages qui se rapportaient à l’œuvre littéraire de Pascal — de faire fond exclusi vement sur les fragments écrits par Pascal lui-même, de rechercher de quelle façon ils se rapprochaient les uns des autres par l’identité de leur contenu, de quelle façon ils se liaient entre eux pour offrir une continuité logique. Une telle recherche ne pouvait assurément nous conduire à un plan que Pascal eût effectivement suivi : elle pro cède, nous l’avons dit, d’une méthode tout analytique, et elle est opposée à l’ordre synthétique que Pascal lui-même donne comme le secret de son génie. Mais la modestie même de notre ambition nous permettait d’espérer que nulle part nous ne trahirions la pensée de notre auteur, que nous pourrions rendre intelligible la lecture intégrale des Pensées, que nous aurions en un mot rempli en conscience notre devoir d’éditeur.

Dans l’exécution de cette tâche, Pascal devait être notre seul guide : non seulement à maintes reprises, il avait marqué lui-même par l’indication d’un titre le chapitre auquel le fragment devait se rapporter, et il avait ainsi commencé le travail que nous avions à compléter ; mais