Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/22

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seule excuse en commettant une pareille inconvenance littéraire, c’est que j’étais loin de soupçonner qu’elle arriverait jamais à la connaissance des gens de goût. J’avais cédé étourdiment au plaisir d’enchâsser dans le premier récit venu les jolies perles de langage dont ma mémoire était encombrée. À ce propos, je ferai aussi remarquer que je ne suis pas tout d’une pièce. Bien que naturellement grave, je ne hais pas le rire. Je goûte la plaisanterie fine et saisis promptement le côté comique des choses. Cette escapade poétique eut du moins l’avantage de rallumer ma verve. Je fus fort étonnée de me retrouver, au bout de tant d’années, capable encore de faire des vers. À cette époque, je lisais aussi les lyriques grecs ; quelques pièces sont dues à ce commerce. J’en soignai extrêmement l’exécution afin de ne pas

    rizon. Je n’ai qu’une seule inquiétude : je crains que la source ne tarisse, tant j’y puise à tour de bras. »

    « 25 Mai 1853.

    Ma paresse et mon indolence s’arrangeraient fort bien de garder mes Contes en portefeuille. Mon talent de fraîche date me fait l’effet de ces enfants survenus tard et sur lesquels on ne comptait pas. Ils dérangent terriblement les projets et menacent de troubler le repos des vieux jours. »