Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/23

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demeurer trop au-dessous des modèles que j’admirais.

Du fond de ma retraite, je suivais avec un intérêt intense les travaux de la science moderne. Les théories de l’évolution et de la transformation des forces étaient en parfait accord avec les tendances panthéistes de mon esprit. J’y trouvais la solution naturelle des problèmes qui me préoccupaient depuis longtemps. Les côtés poétiques de cette conception des choses ne m’échappaient pas non plus. Par ses révélations, la science venait de créer un nouvel état d’âme et d’ouvrir à l’esprit des perspectives où la poésie avait évidemment beau jeu. Je m’étonne fort que sur ce terrain je n’aie pas été devancée par quelques-uns de nos jeunes poètes. Il leur eût été si facile de me couper la poésie sous le pied !

Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais écrit qu’à bâtons rompus, au hasard de mes admirations et de mes émotions, le plus souvent pour moi seule. Mes tentatives de publicité n’avaient pas réussi. Mes Contes, publiés à la sollicitation de quelques amateurs de vieux français et en particulier de Gérusez, étaient restés en magasin. Le morceau À Musset, offert par mon ami, M. Havet, à la Revue des Deux-Mondes, avait été refusé. Prométhée, l’Amour et la Mort, le Positivisme, le Nuage,