je crus même faire œuvre de poète en lui prêtant des accents en accord avec les horreurs de sa destinée.
Plusieurs critiques ont naturellement attribué mon pessimisme à l’influence qu’aurait exercée sur moi la philosophie allemande. Mes vues sur la destinée humaine remontent, hélas ! bien plus haut et me sont tout à fait personnelles. En voici la preuve : une de mes sœurs vient de découvrir, dans de vieux papiers de famille, un petit cahier où elle recueillait fraternellement, à mesure qu’ils m’échappaient, mes vers de pensionnaire. Parmi les divers morceaux dédiés à mes compagnes, il s’en trouve un sans dédicace et intitulé l’Homme. Il est daté de 1830 et commence ainsi :
Misérable grain de poussière
Que le néant a rejeté,
Ta vie est un jour sur la terre ;
Tu n’es rien dans l’immensité.
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