Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/131

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Abandonnez ces lieux, ôtez-moi pour jamais
Le dangereux eſpoir de revoir vos attraits.
Fuyez un malheureux ; puniſſez-le, madame,
D’oſer brûler pour vous de la plus vive flamme :
Et moi, prêt d’adorer juſqu’à votre rigueur,
J’attendrai que la mort vous chaſſe de mon cœur :
C’eſt, dans mon ſort cruel, mon unique eſpérance.
Mon amour, cependant, n’a rien qui vous offenſe ;
Le ciel m’en eſt témoin : & jamais vos beaux yeux
N’ont peut-être allumé de moins coupables feux.
Ce cœur, à qui le vôtre eſt toujours ſi ſévère,
N’offrit jamais aux dieux d’hommage plus ſincère.
Inutiles reſpects ! Reproches ſuperflus !
Tout va nous ſéparer ; je ne vous verrai plus.
Adieu, madame, adieu ; prompt à vous ſatisfaire,
Je reviendrai pour vous m’employer près d’un père :
Quel qu’en ſoit le ſuccès, je vous réponds du moins,
Malgré votre rigueur, de mes plus tendres ſoins.