Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/263

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1275C’eſt là que je reçus, impitoyables dieux !
Et ſes derniers ſoupirs, & ſes derniers adieux.
« A mon triſte deſtin puiſqu’il faut que je cède,
Adieu, prends ſoin de toi, fuis, mon cher Palamède ;
Ceſſe de m’immoler d’odieux ennemis :
1280Je ſuis aſſez vengé ſi tu ſauves mon fils.
Va, de ces inhumains ſauve mon cher Oreſte :
C’eſt à lui de venger une mort ſi funeſte. »
Vos amis ſont tout prêts ; il ne tient plus qu’à vous ;
Une indigne terreur ne ſuspend plus leurs coups ;
1285Chacun, à votre nom, & s’excite & s’anime ;
On n’attend, pour frapper, que vous & la victime.

À Électre.

De votre part, Madame, on croit que votre cœur
Voudra bien ſeconder une ſi noble ardeur.
C’eſt parmi les flambeaux d’un coupable hyménée
1290Sue le tyran doit voir trancher ſa deſtinée.
Princeſſe, c’eſt à vous d’aſſurer nos projets.
Flattez-le d’un hymen ſi doux à ſes ſouhaits :
C’eſt ſous ce faux eſpoir qu’il faut que votre haine
Au temple où je l’attends ce jour même l’entraîne.
1295Mais, en flattant ſes vœux, diſſimulez ſi bien.
Que de tous nos deſſeins il ne ſoupçonne rien,