Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/239

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Ah ! Ne préſumez pas que leur mauvaiſe foi
Puiſſe m’en impoſer et triompher de moi.
Dès ce jour même il faut que je me juſtifie.

T U L L I E.

Pourriez-vous de ma part craindre une perfidie ?

C A T I L I N A.

Non ; mais on a trompé votre crédule amour,
Afin que vous puſſiez me tromper à mon tour.
La plus légère peur corrompt les cœurs timides,
Et des plus vertueux fait ſouvent des perfides.

T U L L I E.

Du moins en ma préſence épargnez Cicéron.

C A T I L I N A.

Ah ! S’il écoutait moins le dangereux Caton,
Et les fantômes vains d’une peur chimérique,
Vous et moi nous euſſions ſauvé la république.

T U L L I E.

Il en eſt temps encor, cruel, écoutez-moi :
N’allez point au ſénat, fiez-vous à ma foi.
Sur de vaines rumeurs votre fierté s’abuſe ;
Songez que c’eſt moi ſeule ici qui vous accuſe ;
Que je puis d’un ſeul mot raſſurer les eſprits,
Et diſſiper l’erreur qui les avait ſurpris.