Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/254

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Tous vos choix ſont ſouillés par des aſſassinats ;
Ainſi furent nommés vos derniers magiſtrats ;
C’eſt ainſi qu’on élit ou que l’on ſait exclure,
Et qu’on oſa me faire une mortelle injure :
Le plébéien s’élève, et le patricien
Se donne ſans rougir un père plébéien ;
Et pour l’adoption où l’intérêt l’entraîne
Vous laiſſez profaner la majeſté romaine.
Le voilà ce ſénat, ce protecteur des lois,
Dont l’exemple aurait dû diriger tous les rois ;
Le voilà ce ſénat qui fait trembler la terre,
Et qui diſpute aux dieux le dépôt du tonnerre.
La juſtice, autrefois votre divinité,
Ne règne plus ici que pour l’impunité ;
La décence, les lois, la liberté publique,
Tout eſt mort ſous le joug d’un pouvoir tyrannique :
Caton eſt devenu notre légiſlateur,
L’idole des romains…

C I C É R O N.

L’idole des romains…Et vous le deſtructeur,
Traître. Si le ſénat vous eût rendu juſtice,
Vos jours n’auraient été qu’un éternel ſupplice ;
Mais ſi je puis encor faire entendre ma voix,
Vous ne braverez plus la faibleſſe des lois.