Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/257

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Pour vous ſacrifier à mon inimitié.

C I C É R O N.

Eh bien ! Rompez, Seigneur, un ſi cruel ſilence ;
Puniſſez en romain l’ingrat qui vous offenſe :
En faveur de vous-même oſez tout oublier,
Et ſauvez le ſénat pour nous humilier.

C A T I L I N A.

Je n’ai point attendu l’inſtant du ſacrifice
Pour ſervir ce ſénat qui m’envoie au ſupplice ;
Depuis huit jours entiers j’aſſemble mes amis.
Les voilà ces complots que je me ſuis permis !
Mais, malgré tous les ſoins d’une âme généreuſe,
Ils m’ont fait ſoupçonner d’une trame honteuſe.
Armez ſans différer, prévenez l’attentat,
Si vous voulez ſauver la ville et le ſénat.
Celui qui hors des murs commande vos cohortes,
Manlius, dès ce ſoir, doit attaquer vos portes.

C I C É R O N.

Manlius !

C A T I L I N A.

Manlius !Oui, conſul ; craignez qu’avant la nuit
Aux dépens de vos jours on n’en ſoit trop inſtruit.
Je vous ai déclaré le chef de l’entrepriſe ;
Veillez, ou de ſa part craignez quelque ſurprise :