Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome second, 1750.djvu/259

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Et dans tout intérêt la vertu la plus pure
Peut être quelquefois ſuspecte d’impoſture :
Mais pour calmer les cœurs je ſais un sûr moyen,
Qui vous convaincra tous que je ſuis citoyen.
On connaît Cicéron, et ſa vertu ſublime
A ſu dans tous les temps lui gagner votre eſtime ;
Il en eſt digne auſſi par ſa fidélité :
Caton vous eſt connu par ſa ſévérité ;
Cicéron ou Caton, l’un des deux, ne m’importe,
Je vais dès ce moment ſans amis, ſans eſcorte,
Me mettre en leur pouvoir : choiſissez l’un des deux,
Ou le plus défiant, ou le plus rigoureux ;
Je veux que de mon ſort on le laiſſe le maître,
Qu’il me traite en héros, ou me puniſſe en traître :
Souffrez que ſans tarder je remette en ſes mains
Un homme la terreur ou l’eſpoir des romains.

C A T O N.

Catilina, je crois que tu n’es point coupable ;
Mais, ſi tu l’es, tu n’es qu’un homme déteſtable ;
Car je ne vois en toi que l’eſprit et l’éclat
Du plus grand des mortels, ou du plus ſcélérat.

C I C É R O N.

Catilina, daignez reprendre votre place ;
De vos ſoins par ma voix le ſénat vous rend grâce :
Vous êtes généreux ; devenez aujourd’hui,