Page:Œuvres de Robespierre.djvu/111

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Séance du 3 avril, — Delacroix et Merlin, de retour de leur mission en Belgique, apportent à la Convention les détails de la conspiration de Dumouriez. L’Assemblée se déclare en permanence pour prendre les mesures de salut public que requièrent les circonstances. Robespierre monte à la tribune : « Il est temps que cette comédie finisse. Ce n’est point par des nouvelles tantôt décourageantes, tantôt plus satisfaisantes qu’on doit endormir la nation : il faut que la Convention prenne des mesures révolutionnaires… il faut adopter des mesures dictées par la liberté. Mais je dois déclarer que ce ne sera jamais dans le comité de défense générale qu’elles seront proposées ; car dans ce comité règnent des principes que la liberté réprouve. » Des murmures s’élèvent dans une partie de l’Assemblée et interrompant l’orateur : le président rétablit le silence. Robespierre poursuit : « Citoyens, dans ce moment-ci je me dois à moi-même, je dois à la patrie une profession de foi. Nommé membre du comité de défense générale, mais convaincu que les principes qui doivent sauver la patrie, ne peuvent pas y être adoptés, je déclare que je ne me regarde plus comme faisant partie de ce comité. Je ne suis pas bien con-

    dins. Il s’en explique très-vivement dans sa Onzième lettre à ses commettants. « Les intrigants, en la proposant, espéraient se donner un air de républicanisme aux yeux du public… » Un des grands arguments qu’opposait alors Robespierre à cette proposition, c’était l’inviolabilité du caractère de représentant dont était investi Philippe-Égalité : « l’expulsion d’un membre de la représentation nationale était un acte dangereux, quelqu’en fût le prétexte, et un moyen d’éconduire les députés patriotes dans la suite ; » enfin « tout ordre arbitraire de proscription lui paraissait un péril éminent qui menaçait la liberté individuelle de tous les ennemis de la liberté. » « Pour moi, disait en terminant Robespierre, je voterai volontiers, avec vous, pour l’exil des Capets ; mais garantissez-moi que ce sera le dernier acte de proscription ; garantissez-moi que le lendemain vous nous permettez de proposer de bonnes lois. »