Page:Œuvres de Robespierre.djvu/159

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qui me protège ? quelle est la faction à qui j’appartiens ? C’est vous-mêmes. Quelle est cette faction qui depuis le commencement de la révolution a terrassé les factions, a fait disparaître tant de traîtres accrédités ? C’est vous, c’est le peuple, ce sont les principes. Voilà la faction à laquelle je suis voué, et contre laquelle tous les crimes sont ligués…

» La vérité sans doute a sa puissance, elle a sa colère, son despotisme ; elle a des accents touchants, terribles, qui retentissent avec force dans les cœurs purs comme dans les consciences coupables, et qu’il n’est pas plus donné au mensonge d’imiter, qu’à Salomée d’imiter les foudres du ciel ; mais accusez-en la nature, accusez-en le peuple, qui la sent et qui l’aime… Si les représentants du peuple qui défendent sa cause ne peuvent pas obtenir impunément son estime, quelle sera la conséquence de ce système, si ce n’est qu’il n’est plus permis de servir le peuple, que la république est proscrite, et la tyrannie rétablie ? Et quelle tyrannie plus odieuse que celle qui punit le peuple dans la personne de ses défenseurs ! car la chose la plus libre qui soit dans le monde, même sous le règne du despotisme, n’est-ce pas l’amitié ?… Qui suis-je, moi qu’on accuse ? Un esclave de la liberté, un martyr vivant de la république, la victime autant que l’ennemi du crime. Tous les fripons m’outragent ; les actions les plus indifférentes, les plus légitimes de la part des autres sont des crimes pour moi ; un homme est calomnié dès qu’il me connaît ; on pardonne à d’autres leurs forfaits ; on me fait un crime de mon zèle. Ôtez-moi ma conscience, je suis le plus malheureux de tous les hommes ; je ne jouis pas même des droits du citoyen ; que dis-je ! il ne m’est pas même permis de remplir les devoirs d’un représentant du peuple.

« Quand les victimes de leur perversité se plaignent, ils s’excusent en leur disant : C’est Robespierre qui le veut, nous ne pouvons pas nous en dispenser. Les infâmes disciples d’Hébert tenaient jadis le même langage dans le temps