Page:Œuvres de Robespierre.djvu/22

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le préjugé qui fait rejaillir sur les parents des criminels l’infamie attachée à leur supplice, et l’un des plus puissants moyens, suivant lui, d’avoir raison du préjugé qu’il combat, c’est d’établir l’égalité des peines pour tous les citoyens, de ne pas accorder le privilège d’un supplice spécial aux nobles, dont les crimes sont toujours moins excusables que ceux de malheureux poussés au mal par la misère. L’infamie semblait dépendre de la forme du supplice ou du crime. Et en conséquence, le jeune orateur propose qu’on étende à tous les citoyens le genre de supplice réservé jusqu’ici aux seuls nobles, — c’est-à-dire l’échafaud, parce qu’il lui paraît le plus doux, le plus humain et le plus équitable. Il ne va pas du reste jusqu’à l’abolition de la peine de mort.

On peut citer un passage de ce discours où, après avoir flétri le forfait de César s’asseyant victorieux sur le trône de l’univers, il le condamne à d’éternels remords pour avoir violé ce précepte : Ce qui n’est point honnête ne saurait être juste. « Cette maxime, vraie en morale, dit-il, ne l’est pas moins en politique, les hommes isolés et les hommes réunis en corps de nation sont également soumis à cette loi. La prospérité des États repose nécessairement sur la base immuable de l’ordre, de la justice et de la sagesse. Toute loi injuste, toute institution cruelle qui offense le droit naturel, contrarie ouvertement leur but, qui est la conservation des droits de l’homme, le bonheur et la tranquillité des citoyens. »

L’année 1789 trouva Robespierre directeur de l’Académie d’Arras. Il entra résolument dans l’arène politique ouverte par la convocation des États généraux et il rédigea une Adresse à la nation artésienne sur la nécessité de réformer les États d’Artois. — Il y avait, on le sait, dans les pays d’état une sorte de représentation. Mais la plupart du temps cette représentation était tout illusoire, les membres qui composaient les états n’ayant pas été librement élus