Page:Œuvres de Robespierre.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sans s’en apercevoir, au nouvel ordre de choses, les préjugés de l’ancien dont il n’a pas encore eu le temps de se défaire ; il est certain que ce système de l’irrévocabilité absolue des décisions du corps législatif n’est autre chose qu’une idée empruntée au despotisme. L’autorité ne peut reculer sans se compromettre, disait-il, quoiqu’en effet elle ait été forcée quelquefois de reculer. Cette maxime était bonne en effet pour le despotisme, dont la puissance oppressive ne pouvait se soutenir que par l’illusion et la terreur ; mais l’autorité tutélaire des représentants de la nation, fondée à la fois sur l’intérêt général et sur la force de la nation même, peut réparer une erreur funeste, sans courir d’autre risque que de réveiller les sentiments de la confiance et de l’admiration qui l’environnent ; elle ne peut se compromettre que par une persévérance invincible dans les mesures contraires à la liberté, et réprouvées par l’opinion publique. Il est cependant quelques décrets que vous ne pouvez point abroger, ce sont ceux qui renferment la déclaration des droits de l’homme, parce que ce n’est point vous qui avez fait ces lois ; vous les avez promulguées Ce sont ces décrets immuables du législateur éternel, déposés dans la raison et dans le cœur de tous les hommes avant que vous les eussiez inscrits dans votre code, que je réclame, contre des dispositions qui les blessent et qui doivent disparaître devant eux. Vous avez ici à choisir entre les uns et les autres, et votre choix ne peut être incertain d’après vos propres principes. Je propose à l’Assemblée nationale le projet de décret suivant :

« L’Assemblée nationale, pénétrée d’un respect religieux pour les droits des hommes, dont le maintien doit être l’objet de toutes les institutions politiques ;

» Convaincue qu’une constitution faite pour assurer la liberté du peuple français, et pour influer sur celle du monde, doit être surtout établie sur ce principe ;

» Déclare que tous les Français, c’est-à-dire tous les