Page:Œuvres de Robespierre.djvu/234

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pour tout le monde, que la proposition de la guerre actuelle était le résultat d’un projet formé dès longtemps par les ennemis intérieurs de notre liberté ; je vous en ai montré le but ; je vous ai indiqué les moyens d’exécution ; d’autres vous ont prouvé qu’elle n’était qu’un piège visible : un orateur, membre de l’Assemblée constituante, vous a dit, à cet égard, des vérités de fait très-importantes ; il n’est personne qui n’ait aperçu ce piège, en songeant que c’était après avoir constamment protégé les émigrations et les émigrants rebelles qu’on proposait de déclarer la guerre à leurs protecteurs, en même temps qu’on défendait encore les ennemis du dedans, confédérés avec eux. Vous êtes convenus vous-mêmes que la guerre plaisait aux émigrés, qu’elle plaisait au ministère, aux intrigants de la cour, à cette faction nombreuse dont les chefs, trop connus, dirigent, depuis longtemps, toutes les démarches du pouvoir exécutif ; toutes les trompettes de l’aristocratie et du gouvernement en donnent à la fois le signal ; enfin, quiconque pourrait croire que la conduite de la cour, depuis le commencement de cette révolution, n’a pas été toujours en opposition avec les principes de l’égalité et le respect pour les droits du peuple, serait regardé comme insensé, s’il était de bonne foi ; quiconque pourrait dire que la cour propose une mesure aussi décisive que la guerre sans la rapporter à son plan, ne donnerait pas une idée plus avantageuse de son jugement : or, pouvez-vous dire qu’il soit indifférent au bien de l’État que l’entreprise de la guerre soit dirigée par l’amour de la liberté ou par l’esprit du despotisme, par la fidélité ou par la perfidie ? Cependant, qu’avez-vous répondu à tous ces faits décisifs ? qu’avez-vous dit pour dissiper tant de justes soupçons ? Votre réponse à ce principe fondamental de toute cette discussion fait juger tout votre système.

La défiance, avez-vous dit dans votre premier discours, la défiance est un état affreux : elle empêche les deux