Page:Œuvres de Robespierre.djvu/28

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aspirer en secret à la gloire de représenter ses concitoyens, mais son insuffisance lui commande la modestie ; il se borne donc à former des vœux pour le bonheur de la France. Ces vœux, dit-il en terminant par un mot où l’on peut déjà deviner le Robespierre de la Convention, ces vœux, « l’Être suprême les entendra ; il en connaît la ferveur et la sincérité ; je dois espérer qu’il les exaucera. »

La première réunion électorale du tiers état de la ville d’Arras eut lieu le lundi 27 mars. Elle fut très-orageuse. Les officiers municipaux qui étaient présents, et dont les pouvoirs avaient été vivement contestés, donnèrent leur démission dans la soirée. On s’était plaint surtout de ce que quelques-uns d’entre eux avaient pénétré dans l’assemblée, quoique appartenant à l’ordre de la noblesse. Le duc de Guines, gouverneur de la province, arrêta, afin de calmer l’effervescence des esprits, que les seuls membres de l’échevinage, faisant partie du tiers état, auraient droit d’assister aux réunions suivantes. La séance du lendemain fut plus paisible ; mais, sur la motion d’un membre, on décida qu’on demanderait une loi aux états généraux, afin que les officiers municipaux fussent désormais nommés directement par les communes. L’assemblée électorale du tiers état de la ville d’Arras termina ses opérations le 30 mars, fort avant dans la nuit, par la nomination de vingt-quatre députés ou plutôt électeurs du second degré, au nombre desquels figurait Robespierre qui avait pris une part active aux discussions de ces quatre jours[1].

Il a raconté lui-même toutes les scènes dont cette assemblée fut le théâtre, dans une brochure intitulée : Les Ennemis de la patrie, démasqués par le récit de ce qui s’est passé dans les assemblées du tiers état de la ville d’Arras, in-8o  de 58 pages. C’est le récit de toutes les intrigues dont

  1. Au scrutin pour l’élection des députés du tiers-état aux états généraux, ouvert le 24 avril, Robespierre fut élu le cinquième.