Page:Œuvres de Robespierre.djvu/282

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tira qu’un peuple qui sort du sein de la servitude, pour retomber entre les mains de l’intrigue, doit suivre une autre politique que celle d’une société dont la liberté est assise depuis longtemps sur les lois et sur les mœurs. Fixez vos regards sur notre propre situation, et voyez si la principale cause de nos troubles n’est pas dans les efforts perfides que les fonctionnaires publics, nommés par l’intrigue, ont faits pour dépraver l’opinion en la faisant descendre de la hauteur des principes de la liberté à l’esprit du royalisme et de l’aristocratie ; voyez si, dans le moment actuel, les agitations qui nous menacent sont autre chose que la lutte des passions et des préjugés contre la raison et contre la vérité. Il faut le dire, le temps où nous sommes est celui des factions ; or, le temps des factions n’est pas propre à l’établissement d’un système d’instruction publique. Tout ce que peut faire un législateur probe, c’est de l’arracher à la domination des intérêts privés et de le faire surnager sur cet océan d’opinions particulières agitées par l’esprit départi. Or, le seul moyen de remplir cet objet, c’est de le rendre en quelque sorte à lui-même, de ne le livrer à l’influence d’aucun corps, d’aucun individu. Ce moyen, c’est un système de lois propres à faire triompher la raison et la liberté, propres à replonger dans le néant toutes les ambitions particulières et toutes les espérances coupables.

Citoyens, je pourrais aussi vous tracer des plans détaillés d’éducation, je pourrais disserter, et sur la nécessité des lumières que personne ne conteste, et sur l’utilité de la lecture et de l’écriture, et sur les avantages des sciences exactes ou des connaissances agréables, et même sur le rang que chacun de ces objets doit occuper dans la hiérarchie des écoles publiques ; je pourrais créer d’avance les instituteurs, et m’occuper du soin de les nommer ; je pourrais vous étaler des descriptions brillantes de fêtes nationales et produire peut-être un moment d’illusion, en vous présentant le fantôme de quelques institutions lacédémo-