Page:Œuvres de Robespierre.djvu/301

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fonctionnaires publics à une responsabilité imposante, en les mettant dans la dépendance réelle non des individus, mais du souverain.

Celui qui est indépendant des hommes se rend bientôt Indépendant de ses devoirs : l’impunité est la mère comme la sauvegarde du crime, et le peuple est toujours asservi dès qu’il n’est plus craint.

Il est deux espèces de responsabilités, l’une qu’on peut appeler morale, et l’autre physique.

La première consiste principalement dans la publicité, mais suffit-il que la constitution assure la publicité des opérations et des délibérations du gouvernement ? Non ; il faut encore lui donner toute l’étendue dont elle est susceptible.

La nation entière a le droit de connaître la conduite de ses mandataires. Il faudrait, s’il était possible, que l’assemblée des délégués du peuple délibérât en présence du peuple entier ; un édifice vaste et majestueux, ouvert à douze mille spectateurs, devrait être le lieu des séances du corps législatif. Sous les yeux d’un si grand nombre de témoins ni la corruption, ni l’intrigue, ni la perfidie n’oseraient se montrer ; la volonté générale serait seule consultée : la voix de la raison et de l’intérêt public serait seule entendue. Mais l’admission de quelques centaines de spectateurs, encaissés dans un local étroit et incommode, offre-t-elle une publicité proportionnée à l’immensité de la nation, surtout lorsqu’une foule d’agents mercenaires effraient le corps législatif pour intercepter ou pour altérer la vérité par les récits infidèles qu’ils répandent dans toute la république ? Que serait-ce donc, si les mandataires eux-mêmes méprisaient cette petite portion du public qui les voit ; s’ils voulaient faire regarder comme deux espèces d’hommes différentes les habitants du lieu où ils résident et ceux qui sont éloignés d’eux : s’ils dénonçaient perpétuellement ceux qui sont les témoins de