Page:Œuvres de Robespierre.djvu/306

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Mais en même temps, on enchaîne le souverain par des règlements tyranniques ; partout on dégoûte le peuple des assemblées ; on en éloigne les sans-culottes par des formalités infinies : que dis-je ! on les chasse par la famine, car on ne songe pas même à les indemniser du temps qu’ils dérobent à la subsistance de leurs familles pour le consacrer aux affaires publiques.

Voilà cependant les principes conservateurs de la liberté que la constitution doit maintenir : tout le reste n’est que charlatanisme, intrigue et despotisme.

Faites en sorte que le peuple puisse assister aux assemblées publiques, car lui seul est l’appui de la liberté et de la justice : les aristocrates, les intrigants en sont les fléaux.

Qu’importe que la loi rende un hommage hypocrite à l’égalité des droits, si la plus impérieuse de toutes les lois, la nécessité, force la partie la plus saine et la plus nombreuse du peuple à y renoncer ! Que la patrie indemnise l’homme qui vit de son travail, lorsqu’il assiste aux assemblées publiques ; qu’elle salarie par la même raison, d’une manière proportionnée, tous les fonctionnaires publics ; que les règles des élections, que les formes des délibérations soient aussi simples, aussi abrégées qu’il est possible, que les jours des assemblées soient fixés aux époques les plus commodes pour la partie laborieuse de la nation.

Que l’on délibère à haute voix : la publicité est l’appui de la vertu, la sauvegarde de la vérité, la terreur du crime, le fléau de l’intrigue. Laissez les ténèbres et le scrutin secret aux criminels et aux esclaves : les hommes libres veulent avoir le peuple pour témoin de leurs pensées. Cette méthode forme les citoyens aux vertus républicaines ; elle convient à un peuple qui vient de conquérir sa liberté, et qui combat pour la défendre : quand elle cesse de lui convenir, la liberté n’est déjà plus.

Au surplus, que le peuple, je le répète, soit parfaitement libre dans ses assemblées : la constitution ne peut établir