Page:Œuvres de Robespierre.djvu/330

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Stanhope, ne demande point acte à tes indignes collègues de ton opposition à leurs crimes ; la postérité te le donnera, et leur censure est pour toi le plus beau titre à l’estime de ton siècle même.

Que conclure de tout ce que je viens de dire ? Que l’immoralité est la base du despotisme, comme la vertu est l’essence de la république.

La Révolution qui tend à l’établir n’est que le passage du règne du crime à celui de la justice ; de là les efforts continuels des rois ligués contre nous et de tous les conspirateurs pour perpétuer chez nous les préjugés et les vices de la monarchie.

Tout ce qui regrettait l’ancien régime, tout ce qui ne s’était lancé dans la carrière de la Révolution que pour arriver à un changement de dynastie s’est appliqué dès le commencement à arrêter les progrès de la morale publique ; car quelle différence y avait-il entre les amis de d’Orléans ou d’York et ceux de Louis XVI, si ce n’est de la part des premiers peut-être un plus haut degré de lâcheté et d’hypocrisie ?

Les chefs des factions qui partagèrent les deux premières législatures, trop lâches pour croire à la république, trop corrompus pour la vouloir, ne cessèrent de conspirer, pour effacer du cœur des hommes les principes éternels que leur propre politique les avait d’abord obligés de proclamer. La conjuration se déguisait alors sous la couleur de ce perfide modérantisme qui, protégeant le crime et tuant la vertu, nous ramenait par un chemin oblique et sûr à la tyrannie.

Quand l’énergie républicaine eut confondu ce lâche système et fondé la démocratie, l’aristocratie et l’étranger formèrent le plan de tout outrer et de tout corrompre ; ils se cachèrent sous les formes de la démocratie pour la déshonorer par des travers aussi funestes que ridicules, et pour l’étouffer dans son berceau.