Page:Œuvres de Robespierre.djvu/59

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Robespierre s’éleva non moins vivement contre les traitements énormes attribués aux ministres.

Séance du 19 avril. — Sortie véhémente de Robespierre contre les ministres et contre le comité diplomatique, à propos d’une adresse par laquelle les habitants de Porentruy informaient l’Assemblée d’une concentration de troupes autrichiennes sur leur territoire : les ministres sont inactifs, dit Robespierre, et cependant, depuis plus de six mois, il n’est pas permis de douter de l’intelligence des ennemis de l’extérieur avec ceux du dedans. Et c’est une nation étrangère qui nous avertit des dangers que nous courons ! Il incrimine les membres du comité diplomatique, les commissaires chargés de surveiller les ministres, et qui, infidèles à leurs devoirs, gardaient le silence ou trompaient l’Assemblée. « C’est le moment pour l’Assemblée de savoir que chacun de ses membres doit se regarder comme chargé personnellement des intérêts de la nation. C’est le moment de sortir de la tutelle des comités et de ne pas prolonger les dangers publics par une funeste sécurité. »

Séance du 23 avril. — On donne lecture à l’Assemblée d’une lettre écrite au nom du roi par le ministre des affaires étrangères à tous les ambassadeurs près les diverses cours de l’Europe, lettre où, afin de détruire des bruits mal fondés, le ministre annonce à ses agents que Sa Majesté a accepté librement la nouvelle forme du gouvernement français, qu’elle s’estime parfaitement heureuse du présent état de choses, qu’enfin elle est sincèrement attachée à la constitution et aux principes de la Révolution. Des transports

    sent à personne, et qui regardent ce qui reste du pouvoir exécutif plutôt comme un ennemi commun que comme un centre de réunion. » — Nous voilà bien loin de l’idéal centralisateur qu’une certaine école historique attribue à la Révolution. On verra que les idées exprimées par Robespierre à la Convention, dans son discours sur la Constitution, ne diffèrent pas de celles qu’il manifestait en 1790 et en 1791.