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la vie de spinoza.

je fais réflexion, dit-il au docteur, que vous ne me marquez point dans quelles bornes doit être renfermée cette liberté d’expliquer mes sentiments pour ne pas choquer la religion, Cogito deinde me nescire quibus limitibus libertas illa philosophandi intercludi debeat, ne videar publice stabilitam religionem perturbare velle. » (Voyez ses Œuvres posthumes, page 563, Lettre 54.)

SES ÉCRITS ET SES SENTIMENTS.

À l’égard de ses ouvrages, il y en a qu’on lui attribue et dont il n’est pas sûr qu’il soit l’auteur ; quelques-uns sont perdus, ou au moins ne se trouvent point ; les autres sont imprimés et exposés aux yeux d’un chacun.

M. Bayle a avancé que Spinoza composa en espagnol une apologie de sa sortie de la synagogue, et que cependant cet écrit n’aurait jamais été imprimé. Il ajoute que Spinoza y avait inséré plusieurs choses qu’on a depuis trouvées dans le livre qu’il publia sous le titre de Tractatus theologico-politicus ; mais il ne m’a pas été possible d’apprendre aucune nouvelle de cette apologie, quoique, dans les recherches que j’ai faites, j’en aie demandé à des gens qui vivaient familièrement avec lui et qui sont encore pleins de vie.

L’année 1664 il mit sous presse les Principes de la philosophie de M. Descartes démontrés géométriquement, première et seconde partie : Renati Descartes Principiorum philosophiæ pars prima et secunda more geometrico demonstratæ, qui furent bientôt suivis de ses Méditations métaphysiques, Cogitata metaphysica ; et s’il en fût demeuré là, ce malheureux homme aurait encore à présent la réputation qu’il eût méritée de philosophe sage et éclairé.

L’année 1665, il parut un petit livre in-12 qui avait pour titre Lucii Antistii Constantis de jure Ecclesiasticorum, Alethopoli, apud Cajum Valerium Pennatum : Du droit des Ecclésiastiques, par Lucius Antistius Constans, imprimé à Aléthopole, chez Caïus Valerius Pennatus. L’auteur s’efforce de prouver dans cet ouvrage que le droit spirituel et politique que le clergé s’attribue et qui lui est attribué par d’autres ne lui appartient aucunement, que les gens d’Église en abusent d’une manière profane, et que