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XXIV
la vie de spinoza.

ni justice, un homme sans conscience peut tout attenter pour se satisfaire, » etc.

Je dois ajouter que j’ai lu avec application ce livre de Spinoza depuis le commencement jusqu’à la fin ; mais je puis en même temps protester devant Dieu de n’y avoir rien trouvé de solide ni qui fût capable de m’inquiéter le moins du monde dans la profession que je fais de croire aux vérités évangéliques. Au lieu de preuves solides, on y trouve des suppositions et ce qu’on appelle dans les écoles petitiones principii. Les choses mêmes qu’on avance y passent pour preuves, lesquelles étant niées et rejetées, il ne reste plus à cet auteur que des mensonges et des blasphèmes. Sans être obligé de donner ni raison ni preuve de ce qu’il avançait, voulait-il de son côté obliger le monde à le croire aveuglément sur sa parole ?

Enfin, divers écrits que Spinoza laissa après sa mort furent imprimés en 1677, qui fut aussi l’année qu’il mourut. C’est ce qu’on appelle ses Œuvres posthumes, Opera posthuma. Les trois lettres capitales B. D. S. se trouvent à la tête du livre, qui contient cinq traités : le premier est un traité de morale démontrée géométriquement (Ethica more geometrico demonstrata) ; le second est un ouvrage de politique ; le troisième traite de l’entendement et des moyens de le rectifier (De emendatione intellectus) ; le quatrième volume est un recueil de lettres et de réponses (Epistolæ et responsiones) ; le cinquième, un abrégé de grammaire hébraïque (Compendium grammatices linguæ hebreæ). Il n’est fait mention ni du nom de l’imprimeur ni du lieu où cet ouvrage a été imprimé ; ce qui montre assez que celui qui en a procuré l’impression n’avait pas dessein de se faire connaître. Cependant l’hôte de Spinoza, le sieur Henri Van der Spyck, qui est encore plein de vie, m’a témoigné que Spinoza avait ordonné qu’immédiatement après sa mort on eût à envoyer à Amsterdam, à Jean Rieuwertz, imprimeur de la ville, son pupitre où ses lettres et papiers étaient enfermés ; ce que Van der Spyck ne manqua pas d’exécuter, selon la volonté de Spinoza. Et Jean Rieuwertz, par sa réponse au sieur Van der Spyck, datée d’Amsterdam, du 25 mars 1677, reconnaît avoir reçu le pupitre en question. Il ajoute sur la fin de sa lettre que « des parents de Spinoza voudraient bien savoir à qui il avait été adressé, parce qu’ils s’imaginaient qu’il était plein d’argent, et qu’ils ne manqueraient pas de s’en informer aux bateliers à qui