Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/272

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l’aime d’autant plus par la même raison) qu’il comprend mieux et ses passions et soi-même. C. Q. F. D.

PROPOSITION XVI

Cet amour de Dieu doit occuper l’âme plus que tout le reste.

Démonstration : Cet amour en effet est joint à toutes les affections du corps (par la Propos. 14, part. 5), qui toutes servent à l’entretenir (par la Propos. 15, part. 5), et conséquemment (par la Propos. 11, part. 5) il doit occuper l’âme plus que tout le reste. C. Q. F. D.

PROPOSITION XVII

Dieu est exempt de toute passion, et il n’est sujet à aucune affection de joie ou de tristesse. Démonstration : Toutes les idées, en tant qu’elles se rapportent à Dieu, sont vraies (par la Propos. 32, part. 2), c’est-à-dire (par la Défin. 4, part. 2) adéquates, et conséquemment (par la Défin. génér. des passions) Dieu est exempt de toute passion. De plus, Dieu ne peut passer à une perfection plus grande que la sienne ou plus petite (par le Coroll. 2 de la Propos. 20, part. 1) ; et par suite (en vertu des Défin. 2 et 3 des passions) il n’est sujet à aucune affection de joie ou de tristesse. C. Q. F. D.

Corollaire : Dieu, à parler proprement, n’aime ni ne hait personne. Car Dieu (par la Propos. précéd.) n’éprouve aucune affection de joie ou de tristesse, et en conséquence (par la Défin. 6 et 7 des passions) il n’a pour personne ni haine ni amour.

PROPOSITION XVIII

Personne ne peut haïr Dieu.

Démonstration : L’idée de Dieu, qui est en nous, est adéquate et parfaite (par la Propos. 46 et 47, part. 2). En conséquence, en tant que nous contemplons Dieu, nous agissons (par la Propos. 3, part. 3), et partant (par la Propos. 59, part. 3) il est impossible qu’il y ait en nous un sentiment de tristesse accompagné de l’idée de Dieu, en d’autres termes (par la Défin. 7 des passions) personne ne peut haïr Dieu. C. Q. F. D.

Corollaire : L’amour que nous avons pour Dieu ne peut se changer en haine.

Scholie : On peut objecter cependant qu’en concevant