Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/288

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et de soi et de Dieu et des choses. Au contraire, un corps propre à un grand nombre de fonctions est joint à une âme qui possède à un très haut degré, considérée en soi, la conscience de soi et de Dieu et des choses. C’est pourquoi notre principal effort dans cette vie, c’est de transformer le corps de l’enfant, autant que sa nature le comporte et y conduit, en un autre corps qui soit propre à un grand nombre de fonctions et corresponde à une âme douée à un haut degré de la conscience de soi et de Dieu et des choses ; de telle sorte qu’en elle ce qui est mémoire ou imagination n’ait, au regard de la partie intelligente, presque aucun prix, comme nous l’avons déjà dit dans le Schol. de la Propos. précédente.

PROPOSITION XL

Plus une chose a de perfection, plus elle agit et moins elle pâtit, et réciproquement, plus elle agit, plus elle est parfaite.

Démonstration : Plus une chose a de perfection, plus elle a de réalité (par la Définition 6, part. 2), et en conséquence (par la Propos. 3, part. 3, et son Schol.), plus elle agit et moins elle pâtit ; et en renversant l’ordre de cette démonstration, il en résulte qu’une chose est d’autant plus parfaite qu’elle agit davantage. C. Q. F. D.

Corollaire : Il suit de cette Proposition que la partie de notre âme qui survit au corps, si grande ou si petite qu’elle soit, est toujours plus parfaite que l’autre partie. Car la partie éternelle de l’âme (par les Propos. 22 et 29, part. 5), c’est l’entendement, par qui seul nous agissons (en vertu de la propos. 3, part. 3), et celle qui périt, c’est l’imagination (par la Propos. 21, part. 5), principe de toutes nos facultés passives (par la Propos. 3, part. 3 et la Déf. génér. des passions) ; d’où il suit (par la Propos précéd.) que cette première partie de notre âme, si petite qu’elle soit, est toujours plus parfaite que l’autre. C. Q. F. D.

Scholie : Tels sont les principes que je m’étais proposé d’établir touchant l’âme, prise indépendamment de toute