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LETTRES.

tira-t-il de là ? je n’en sais rien, et à vrai dire, je suis médiocrement curieux de le savoir, l’expérience m’ayant appris que la main est la meilleure machine et la plus sûre pour polir des verres d’optique.

Je ne puis rien vous dire encore de certain relativement aux pendules, ni à l’époque où M. Huyghens passera en France, etc.




LETTRE VI[1].

À MONSIEUR HENRI OLDENBOURG,
B. DE SPINOZA


Au moment où j’ai reçu votre lettre du 22 juillet, je suis parti pour Amsterdam avec le dessein de faire imprimer l’ouvrage dont je vous ai parlé[2]. Tandis que j’étais occupé de cette pensée, un bruit se répandait de tous côtés que j’avais sous presse un ouvrage sur Dieu où je m’efforçais de montrer qu’il n’y a point de Dieu, et ce bruit était accueilli de plusieurs personnes. De là certains théologiens (auteurs peut-être de cette rumeur) ont pris occasion de se plaindre de moi devant le prince et les magistrats. Ajoutez que d’imbéciles cartésiens, qu’on croit m’être favorables, afin d’écarter ce soupçon de leurs personnes, se sont mis à déclarer partout qu’ils détestaient mes écrits, et ils continuent à parler de cette sorte. Ayant appris toutes ces choses de personnes dignes de foi, qui m’assuraient en outre que les théologiens étaient occupés à me tendre partout des embû-

  1. C’est la XIXe des Opp. posth.
  2. L'Éthique. — Voyez notre Notice bibliographique. — Comp. de Murr Adnotat. ad Tract. theol.-polit., p. 20.