Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/416

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Lettre XXI.

À MONSIEUR ****,

B. DE SPINOZA.



MONSIEUR,


Il m’a été impossible, à cause de divers empêchements qui me sont survenus, de répondre plus promptement à votre lettre du 19 mai. Je vois bien que votre esprit est encore en suspens sur la démonstration que je vous ai mandée (sans doute à cause de l’obscurité que vous y rencontrez encore). Je vais donc essayer de l’éclaircir.

J’ai d’abord énuméré quatre propriétés que doit posséder l’être qui existe par sa propre vertu et qui se suffit à soi-même. Ces quatre propriétés et celles qui s’y rattachent, je les ai réduites à une seule dans ma cinquième remarque préliminaire. Ensuite, pour déduire de la seule supposition accordée tout ce qui était nécessaire à ma démonstration, j’ai prouvé par cette supposition même l’existence de Dieu ; enfin j’ai tiré de tout cela la conclusion cherchée, sans rien supposer de plus que le sens ordinaire des termes.

Voilà en peu de mots quel a été l’ordre et l’objet de ma démonstration. Je vais en reprendre maintenant toutes les parties une à une, en commençant par les quatre propriétés nécessaires que j’attribue à l’être qui existe par soi-même.

Vous ne trouvez aucune difficulté à la première, qui est tout simplement un axiome comme la seconde ; car je n’entends rien autre chose par un être simple, sinon qu’il n’est pas composé, soit de parties de nature différente, soit de parties analogues. Ici la démonstration est certainement