Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/417

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universelle.

Vous avez parfaitement compris la troisième propriété (en ce sens, que, si l’être qui existe par soi est la pensée, il ne sera pas déterminé dans l’ordre de la pensée ; et, s’il est l’étendue, il ne le sera pas dans l’ordre de l’étendue, mais au contraire il devra toujours être conçu comme indéterminé) ; vous avez, dis-je, entendu cela à merveille, et cependant vous refusez d’entendre la conclusion, laquelle repose sur ce principe : qu’il y a contradiction à ce qu’un être dont la définition enferme l’existence, ou, ce qui est la même chose, l’affirme, soit conçu avec la négation de l’existence. Et comme le déterminé ne marque rien de positif, mais seulement la privation de l’espèce d’existence qui est conçue comme déterminée, il s’ensuit que l’être dont la définition affirme l’existence ne se peut concevoir comme déterminé. Par exemple : si l’étendue enferme l’existence nécessaire, il sera aussi impossible de concevoir l’étendue sans existence que l’étendue sans étendue. Or, s’il en est ainsi, il faut dire aussi qu’il sera impossible de concevoir l’étendue comme déterminée ; car essayez de la concevoir de cette façon, vous serez obligé de la déterminer par sa propre nature, c’est-à-dire par l’étendue : d’où il suit que, cette étendue déterminée, vous devrez la concevoir avec la négation de l’existence, ce qui est manifestement contraire à l’hypothèse.

Par la quatrième propriété, j’ai voulu montrer seulement que l’être qui existe par soi ne peut être divisé ni en parties de même nature, ni en parties de nature différente, soit que celles-ci enveloppent, soit qu’elles n’enveloppent pas l’existence nécessaire. Dans le second cas, ai-je dit, cet être pourrait être détruit, la destruction n’étant que la résolution d’une chose en parties de telle nature qu’aucune n’exprime plus la nature du tout. Dans le premier cas, cette propriété de l’être par soi serait en contradiction avec les trois précédentes.

Dans ma cinquième remarque préliminaire, j’ai supposé seulement que la perfection consiste dans l’être, et