Page:Œuvres de Spinoza, trad. Saisset, 1861, tome III.djvu/426

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je me propose ; j’ai cru cependant qu’il serait bon d’ajouter quelques remarques encore. Ainsi, on juge totalement à faux, quand on s’imagine que, dans un certain endroit de mon traité, j’ai pensé à cet axiome des théologiens qui distinguent entre le discours d’un devin qui dogmatise et un simple récit. Car si l’axiome dont on parle se rapporte à la doctrine d’un certain R. Jehuda Alpakhar, dont j’ai parlé au chapitre XV, de quel droit supposer entre lui et moi une communauté quelconque de sentiments, puisque, dans le même chapitre où j’ai parlé de lui, j’ai rejeté son axiome comme faux ? Que si on a voulu parler d’un autre axiome, je déclare que je ne le connais pas, et partant que je n’ai pu m’y référer en aucune façon.

Je ne vois pas non plus pourquoi l’on me fait dire que tous ceux qui nient que la raison et la philosophie soient les interprètes de l’Écriture donneront les mains à mes sentiments. J’ai réfuté justement l’opinion de ces personnes, tout comme celle de Maimonide.

Il serait trop long de marquer tous les endroits où l’auteur du libelle fait voir que le jugement qu’il porte sur moi n’est pas d’un esprit rassis. Je passe donc immédiatement à sa conclusion, qui est qu’il ne me reste plus aucune raison pour prouver que Mahomet n’a pas été un vrai prophète. Voilà ce qu’il s’efforce d’inférer de mes principes, lesquels prouvent au contraire que Mahomet a été un imposteur. Mahomet, en effet, a nié absolument cette liberté que la religion catholique, révélée par la lumière naturelle et par la lumière des prophètes, a reconnue à l’homme, et qu’il faut, comme je l’ai montré, nécessairement reconnaître. Mais quand tout cela ne serait pas, est-ce que je suis tenu, je le demande, de montrer qu’un certain prophète est un faux prophète ? C’est bien plutôt aux prophètes de montrer qu’ils l’étaient véritablement. Dira-t-il que Mahomet a enseigné, lui aussi, la loi divine et donné des signes certains de sa divine mission, comme ont fait les autres prophètes ; alors je ne